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[SÉRIE TV] You : L’obsession 2.0

Le pitch : Joe, le gérant d’une librairie new-yorkaise, devient obsédé par Beck, une jeune aspirante écrivaine qui partage sa passion pour les livres et pour la poésie. Persuadé qu’ils sont faits l’un pour l’autre, il va alors se servir des réseaux sociaux pour nourrir son obsession, savoir en permanence où elle se trouve et ce qu’elle fait, et tenter de faire tomber tous les obstacles qui pourraient se dresser en travers du chemin de leur possible romance. Quitte à commettre des actes totalement fous…

Créée par Greg Berlanti et Sera Gamble
Avec Penn Badgley, Elizabeth Lail, Shay Mitchell Luca Padovan
Disponible sur Netflix depuis le 26 décembre 2018

De plus en plus, les séries se tournent du point de vue de l’antagoniste, l’anti-héros qu’on devrait initialement mépriser tandis qu’il finit par se faire prendre dans les filets du vaillant héros. En effet, le vent tourne et depuis des séries comme Dexter, Breaking Bad ou encore Game of Thrones – où la frontière entre le camp des gentils et celui des méchants devient de plus en plus floue – pour donner naissance à des séries récentes comme The Fall ou encore Killing Eve qui s’intéressent aux relations étroites entre un/e tueur/se en série et le policier qui le/a traque.

Avec You, la série s’éloigne des polars et des drames noirs classiques. Greg Berlanti (Love, Simon et showrunner des séries The Flash, Supergirl, Black Lightning, Titans…) et Sera Gamble (showrunner de Supernatural) s’intéressent à un mal plus ordinaire, à la fois méconnu et pourtant bien conscient dans les esprits : réseaux sociaux. Car finalement, derrière le portrait d’un jeune homme commun mais sacrément perturbé qui traque et s’immisce dans la vie d’une jeune femme qu’il a rencontré par hasard, la série dénonce la facilité avec laquelle n’importe qui peut avoir accès à des informations très personnelles. Qui n’a jamais utilisé Google pour glaner des infos sur une personne à peine rencontrée ?

Ici, You pousse le bouchon bien plus loin. Loin de marcher sur les plate-bandes d’un certain Mr Robot et bien plus proche d’un Gossip Girl tourmenté (pour des raisons évidentes : le même acteur, mais aussi la même ville, la jolie blonde et son entourage que tout le monde veut posséder dont une certaine BFF brune…), You se sert de ce postulat pour étoffer une relation triple : l’obsession de Joe pour la jolie Beck, la romance du point de vue de Beck, mais aussi l’attachement (ou le détachement) du spectateur pour Joe, puis Beck.

En effet, au fur et à mesure que les épisodes avancent, les pions ne cessent de bouger, changeant la perception que l’on peut avoir pour ces personnages. Si le comportement malsain de l’un enfonce la série dans une noirceur dérangeante et macabre, sa facette humaine reste tout de même présente à travers la relation qu’il entretient avec son petit voisin et d’autres personnages qu’il va rencontrer par la suite. Ce qui donne à You son aspect si alléchant, c’est que la victime de Joe n’est pas non plus une jolie fleur innocente et sans défaut, tout comme son entourage qui est un échantillon gratiné de maux générationnels et humains. Entre orgueil, jalousie et obsessions diverses, chaque personnage possède une part d’ombre, à laquelle va s’ajouter une pincée d’interdit.
Si You pointe du doigt les dangers d’internet, la série doit beaucoup à son écriture accessible qui offrent des portraits pluriels et cohérents, notamment autour des relations humaines de plus en plus brouillées. En effet, on peut se demander dès le premier épisode : alors qu’ils ont ouvertement flirté, pourquoi Joe a choisi de l’espionner avant de tenter quoique ce soit ? Peut-être aurons-nous une réponse dans la saison 2 déjà annoncée et surtout évidente après le twist de l’épisode final !

Au casting,  si je n’aimais pas trop Penn Badgley (Gossip Girl…), le voir autrement que dans le rôle du gentil garçon lisse a été intéressant, le personnage de Joe est très convaincant. Face à lui, Elizabeth Lail (Dead of the Summer…) incarne brillamment l’objet de tous les désirs – ce qui est parfois incompréhensible plus on apprend à connaître Beck. On retrouve également Shay Mitchell (L’Exorcisme de Hannah Grace…), une autre gentille héroïne découverte dans Pretty Little Liars qui se transforme ici en mean girl de l’Upper East Side tout aussi névrosée que le héros. J’ai beaucoup aimé ce personnage.

En conclusion, You est une excellente surprise qui au-delà d’alerter sur le problème d’étaler sa vie (ou une partie améliorer de sa vie) sur les réseaux sociaux, livre une première saison qui se binge sans effort mais avec une certaine voracité, grâce à ses nombreux rebondissements et ses personnages étoffés. À découvrir d’urgence.

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