La Terre des Lions prend vie avec l’adaptation du dessin animé culte Le Roi Lion en prises de vues réelles. Jon Favreau livre un film aussi fidèle à l’histoire que bluffant de réalisme, au point que les animaux – tous numériques – ont l’air plus vrai que nature. Ceci tant dit, autant de réalisme retire une grande partie du charme du dessin animé qui filtrait à travers les émotions des personnages et leurs expressions très humanisées. Si Le Roi Lion est visuellement époustouflant et qu’on retrouve la même histoire ainsi que les mêmes chansons (ou presque), on est loin du bijou intemporel que reste la version animée des Studios Disney.
Le pitch : Au fond de la savane africaine, tous les animaux célèbrent la naissance de Simba, leur futur roi. Les mois passent. Simba idolâtre son père, le roi Mufasa, qui prend à cœur de lui faire comprendre les enjeux de sa royale destinée. Mais tout le monde ne semble pas de cet avis. Scar, le frère de Mufasa, l’ancien héritier du trône, a ses propres plans. La bataille pour la prise de contrôle de la Terre des Lions est ravagée par la trahison, la tragédie et le drame, ce qui finit par entraîner l’exil de Simba. Avec l’aide de deux nouveaux amis, Timon et Pumbaa, le jeune lion va devoir trouver comment grandir et reprendre ce qui lui revient de droit…
3 ans après Le Livre de la Jungle, Jon Favreau (Iron Man 1 et 2, Chef…) réitère l’expérience en adaptant en live action le dessin animé culte des studios d’animations Disney, Le Roi Lion, sorti en 1984 sous la houlette des réalisateurs Roger Allers et Rob Minkoff. J’ai découvert ce dessin animé sur le tard, quand j’avais 14 ans, et j’ai été subjuguée dès le générique du début, que je me suis repassée deux-trois fois avant même de découvrir le film. Depuis, c’est mon dessin animé favori de l’écurie Disney – voire même de tous les dessins animés que j’ai pu voir – grâce à ses personnages attachants, la perte de Mufasa, les chansons entraînantes et un méchant charismatique (j’adore Scar). Et le fait que l’histoire se passe en Afrique et sans humain faisait office de cerise sur le gâteau.
Je vais être franche : le film de Jon Favreau n’apporte rien à la choucroute et ne tient pas le comparaison face au dessin animé. Cependant, il n’en est pas moins réussi, surtout du point de vue technique. Si Le Livre de la Jungle proposait déjà des effets spéciaux incroyables, il y a une nette évolution quand on voit le résultat dans Le Roi Lion tant les animaux paraissent réels, comme s’ils avaient été dressés pour jouer, au milieu de décors incroyables. Jon Favreau donne vie au support en 2D sans pour autant dénaturer l’histoire, au contraire : le récit est fidèle à l’original depuis le générique emblématique et jusqu’à la fin, en passant pas l’emblématique Hakuna Matata. Le pari étant évidemment de rester au plus proche de l’animal possible, les scènes surréalistes du dessin animé (les animaux qui s’empilent pendant « Je Voudrais Déjà Être Roi » ou encore la marche des hyènes pendant « Soyez Prêtes ») sont remplacées par des détours plus plausibles. En effet, quelques changements narratifs sont opérés pour rendre l’histoire plus crédible – au-delà des animaux qui parlent et qui chantent – sans que cela ne gâche le récit, même si je regrette une certaine édulcoration parfois du comportement cruel de Scar.
Le Roi Lion se dessine donc comme un film clé-en-main qui doit surtout son attrait à la réalisation extraordinaire et des effets spéciaux impressionnants. Mais c’est surtout l’aura du dessin animé qui fait que le film de Jon Favreau gagne en sympathie, car l’ensemble navigue entre nostalgie et retrouvailles familières alors que nos personnages favoris se suivent à l’écran. Contrairement au Livre de la Jungle qui rendait l’intrigue plus moderne, Le Roi Lion se contente de réciter une leçon bien apprise, ce qui peut gâcher quelque peu le parcours d’un dessin animé qui avait, à l’époque, fait évoluer le film d’animation grâce à l’intégration d’image de synthèses et à une attention au détail qui rendait hommage à la faune et à la flore africaine.
Et c’est justement là que le live action atteint ses limites. Le dessin animé avait su trouver le mélange idéal pour conjuguer l’animal (apparence et mouvement) et l’humain (expression et émotion), si bien que que les personnages pouvait montrer la joie, la tristesse ou tout simplement faire la danse du ventre avec un naturel convaincant – là où d’autres dessins animés animaliers se contentaient de mettre une face d’animal sur un corps résolument humain. Le hic dans Le Roi Lion, c’est qu’en poussant le réalisme aussi loin, il se doit de respecter le naturel des animaux et, comme on le sait : un lion ne sourit pas, les sourcils ne se froncent pas, leurs museaux ne sont pas aussi mobiles qu’une bouche humaine et ainsi de suite… Du coup, les émotions ont souvent du mal à filtrer, ce qui accentue maladroitement le doublage – donnant l’impression d’un voiceover sur une sorte de documentaire animalier. Alors que le faciès roublard des hyènes ou la frimousse des suricates rendent l’exercice plus simple, dans l’ensemble, si Le Roi Lion n’existait pas en dessin animé, le film aurait bien eu du mal à convaincre dans ses moments de joie et/ou de tristesse. Et c’est là que le bât blesse puisque l’histoire du Roi Lion contient des pépites aussi bien d’animation que d’émotions qui ont rendu le dessin animé aussi populaire et cela ne transpire pas à travers ce film. Malgré le travail d’orfèvre réalisé par l’équipe qui a supervisé les effets spéciaux pour recréer les décors et les animaux du Roi Lion, l’objectif de faire de l’hyper réalisme annihile le charme et l’empathie que suscitent les personnages originaux, ce qui étaient – à mon sens – les atouts premiers du dessin animé.
Ceci étant dit, Le Roi Lion reste une expérience visuelle qui vaut de le détour. La beauté de l’image et l’aura du dessin animé rendent l’ensemble attachant, permettant de combler les creux avec les souvenirs de l’histoire. Le film de Jon Favreau réserve son lot de surprises et un second degré conscient, ainsi que quelques clins d’œil évidents à l’héritage Disney (dont un évident pour La Belle et la Bête), tandis que quelques réécritures donnent un nouveau souffle à des personnages secondaires, comme les hyènes par exemple. Malgré les défauts d’un film trop réaliste, l’ensemble est néanmoins un véritable plaisir à (re)découvrir, célébrant une Afrique à la flore magnifique et ses animaux majestueux, colorés ou étonnants à travers un récit qui n’a pas pris une ride. Les personnages déjà hyper attachants dans la version animée sont transformés en véritables peluches vivantes qu’on aimerait bien adopter ou pouvoir les caresser jusqu’à la fin des temps, tant ils ont l’air vrai – oui, même Scar ou les hyènes ! De plus, les atouts d’avoir un résultat aussi réaliste prend tous ses effets au moment de l’affrontement final qui a quand même réussi à me coller quelques frissons.
Et justement, pour un film d’une telle envergure, les studios Disney ont puisé dans leurs meilleurs carnets d’adresses pour faire appel à des stars et des voix marquantes qui sauront reprendre les rôles phares. En tête de liste, j’ai adoré entendre Chiwetel Ejiofor (Marie Madeleine, Doctor Strange, Seul Sur Mars…) en Scar – mon méchant Disney favori, tandis que Seth Rogen (Séduis-Moi Si Tu Peux !, Steve Jobs…) résonne comme une évidence en Pumbaa et que Billy Eichner (Nos Pires Voisins 2, American Horror Story…) est excellent en Timon. James Earl Jones (la voix de Dark Vador dans la saga Star Wars…) interprétait déjà Mufasa en VO dans le dessin animé de 1994 et sa voix caverneuse et emblématique est toujours à la hauteur du personnage, tandis que Florence Kasumba (Black Panther…), Eric André (Man Seeking Woman…) et Keegan-Michael Key (The Predator…) réinventent le trio de hyènes – l’hystérie en moins.
Coté personnages principaux, Donald Glover (Solo: A Star Wars Story…) ne se démarque pas vraiment en Simba adulte et la chanteuse Beyoncé Knowles-Carter est une catastrophe car chacune de ses interventions dégouline d’un surjeu désagréable – et franchement, je me serai bien passée de la chanson niaise qu’elle ajoute à la bande-originale du film. D’autant plus que cette chanson remplace un des thèmes principaux, à savoir Under The Stars (« Sous Les Étoiles ») – l’instrumentale qui couvre le moment où Simba décide d’aller défier Scar en galopant à travers la savane. Un moment clé, donc. Bref.
Au casting vocal, on comptera également Alfre Woodward (Juanita, Luke Cage…) en Nala, John Oliver (Last Week Tonight with John Oliver…) très bon en Zazu et John Kani (Black Panther…) n’aura pas grand chose à dire en Rafiki.
En conclusion, Jon Favreau livre une adaptation visuellement formidable où la reproduction des animaux et des décors africains sont bluffants. Cependant, si Le Roi Lion propose un live action plus vrai que nature, le film perd en charme et en émotion à cause de ces personnages moins humains, finalement. Époustouflant, oui, mais on ne fera jamais aussi bien que le dessin animé de 1994. À voir.
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