Action, Comédie

[CRITIQUE] Bad Boys For Life, d’Adil El Arbi et Bilall Fallah

Le pitch : Alors que Marcus Burnett est devenu grand-père et s’apprête à raccrocher, Mike Lowrey est la cible d’un mystérieux tueur, Armando. Ce dernier agit sur les ordres de sa mère Isabel Aretas, assoiffée de vengeance. Mike est grièvement blessé par balles par Armando. Quelques mois plus tard, remis sur pieds, il est décidé à se venger. Mais le capitaine Conrad Howard ne veut pas le laisser enquêter sur une affaire dont il est la victime. Mike est cependant intégré comme consultant au sein de l’AMMO (Advanced Miami Metro Operations), une toute nouvelle brigade avec des policiers de la nouvelle génération et menée par Rita.

Dans la série des films des 80 ou 90 qui ressuscitent de nos jours, la franchise Bad Boys vient s’ajouter à la liste. En 1995, Michael Bay réalise son premier long-métrage et pas des moindres puisqu’avec Bad Boys, produit par l’incontournable Jerry Bruckheimer, il impose sa marque de fabrique dans les films d’actions mettant en scène un duo de flics conquérants porté par deux stars du petit écran de l’époque : Will Smith dans le rôle leader de la tête brûlée trop confiant, toujours classe mais déterminés, aux cotés d’un acolyte plus pépère (de famille) incarné par Martin Lawrence. Ce qui semble évident aujourd’hui ne l’était pas à l’époque : deux acteurs afro-américains en tête d’affiche d’un film d’action où ils incarnent des policiers de haut vol – tout en conservant un style très « hood » – dans une industrie hyper cloisonnée où seul Eddie Murphy était parvenu à se faire un place, Bad Boys revient de très loin. La suite, on la connait : Bad Boys connaît un succès honorable au box office, se voyant même pourvu d’une suite 8 ans plus tard (on était pas aussi pressés qu’aujourd’hui à l’époque), tandis que les figures de proue enchaîne les projets : Michael Bay enchaîne les films d’actions explosifs marqués par son style identifiable, Will Smith est partout et Martin Lawrence… se déguise en femme obèse. Chacun son truc.

17 ans plus tard, Bad Boys For Life vient transformer la franchise en trilogie, sous la houlette d’Adil El Arbi et Bilall Fallah, deux réalisateurs belges repérés notamment grâce au film Black (2015) – que je recommande aux plus courageux, d’ailleurs. Personnellement, je n’attendais pas grand chose de ce film et j’ai été relativement surprise de découvrir un opus plutôt sympathique. Le cinéma d’action et les buddy movies policiers ont évolués en presque vingt ans, en fait, les duos n’ont presque plus lieu d’être : même James Bond ne sort plus sans une équipe. Résultat, Bad Boys For Life donne parfois l’impression de piquer les codes actuels dès son ouverture sur les chapeaux de roues (hello Fast and Furious), alors qu’en réalité, ce sont bien les films originaux qui ont partiellement façonné le cinéma d’action actuel. Pendules remises à l’heure, donc.

Le film d’Adil El Arbi et Bilall Fallah réunit donc Mike et Marcus à l’écran, alors que l’un pense à la retraite, d’anciens ennemis cherchent à se venger. Bad Boys For Life renoue avec le style des premiers films, ce qui donne à la fois un petit coté old school mais rafraîchissant au film, alors que le caractère solaire et exubérant des héros contraste avec les ambitions violentes des antagonistes. Rapidement, les codes s’imbriquent dans une intrigue aux ressors familiers : Mike est toujours aussi flamboyant (et la carrière de Will Smith lui a permis de maintenir la forme afin d’avoir les épaules pour tenir les scènes d’actions), tandis que Marcus s’embourbe un peu plus dans son personnage d’alter ego potache. L’ensemble est d’un dynamisme effervescent qui maintient facilement l’attention, même quand l’histoire s’étale dans des détails accessoires : tout est accrocheur et rutilant, façonné pour plaire aux amateurs d’action bling-bling au spectacle accessible et XXL. D’ailleurs, en dehors de quelques références obscures (la graisse de porc sur le costume de Mike, par exemple), inutile d’avoir vu les premiers films pour suivre Bad Boys For Life, d’autant plus que les ennemis des héros découlent d’une histoire inédite à la franchise. 

Bad Boys For Life est long, pas forcément ennuyeux mais long : notamment parce qu’il propose un objet qui ne surprend plus, mais surtout parce qu’Adil El Arbi et Bilall Fallah s’attachent à relier leurs films à la franchise d’origine dans les moindres détails, tout en abusant des effets de styles de Michael Bay : plans en contre-plongée, surtout pour les sorties de voiture, la camera qui tourne autour des personnages quitte à filer le tournis… et des explosions, beaucoup d’explosions. Mélange étrange entre de l’action punchy et redondante, le film parvient surtout à se maintenir grâce à un ennemi qui semble imbattable, tandis que l’ensemble des personnages gravitent dans une storyline peu intéressante.
Evidemment, Bad Boys For Life marque le gap générationnel en passant le flambeau à des nouvelles recrues sensée faire le pont entre les méthodes musclées des nineties et les nouvelles technologies modernes. On y croit moyen, mais peu importe, l’ensemble est solide et ponctué à chaque minute par une punchline, une grimace ou une baston décoiffante pour détourner l’attention.

Visant la nostalgie pour les anciens, Bad Boys For Life tente de se faire la part belle en ré-instituant le buddy movie à l’heure où les action/super heroes pullulent. Et pourtant, si le film mise sur un méchant surpuissant, les héros restent finalement ce qu’il y a de plus humains : sans forcément miser sur l’âge des acteurs, cela fait du bien de retrouver des héros faillibles qui se blessent, sont épuisés après avoir couru ou même tombent sous les coups, contrairement à des exemples comme le récent Fast and Furious : Hobbs and Shaw qui a justement raté le coche avec ses surhommes et un concert intarissable de vannes de récré. Malgré ses faiblesses, un scénario à la gloire (des gênes) de Will Smith et l’humour facile, Bad Boys For Life forme un objet plutôt fun et accrocheur qui parvient à tenir la route jusqu’au bout, aboutissant sur un climax satisfaisant – malgré des airs de déjà vu avec le plot du récent Gemini Man.

Au casting, on retrouve Will Smith (Gemini Man, Aladdin, Suicide Squad…) et Martin Lawrence (The Beach Bums, Big Mama 3…), chacun reprenant leurs personnages même si le dernier sera plus dans la parlotte que dans l’action. Autour d’eux, quelques nouveaux viendront tenter de rajeunir la franchise : Vanessa Hudgens (Spring Breakers, Polar…), Charles Melton (Riverdale…) et Alexander Ludwig (Midway, Vikings…), encadrés par Paola Núñez (The Purge…) en maîtresse d’école. À l’affiche également, Kate Del Castillo (Jane The Virgin…) et Jacob Scipio jouent les antagonistes de choc, tandis que l’ensemble est complété par le chanteur Nicky Jam (xXx: Reactivated…), l’apparition de DJ Khaled et le retour de Joe Pantoliano dans le rôle du Capitaine. Un caméo « stanlee-esque » se cache également dans le film.

En conclusion, Adil El Arbi et Bilall Fallah donne une nouvelle jeunesse à la franchise Bad Boys avec un opus qui renoue avec le format familier du buddy movie policier sur fond de comédie d’action. Entre humour, explosions et testostérone, Bad Boys For Life conserve un dynamisme suffisamment constant pour divertir jusqu’au bout, malgré un ensemble relativement impersonnel qui ne fait que surfer sur les traces de Michael Bay. À voir.

1 réflexion au sujet de “[CRITIQUE] Bad Boys For Life, d’Adil El Arbi et Bilall Fallah”

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s