Le pitch : Alors que Beth n’a pas vu sa grande sœur Ellie depuis longtemps, elle vient lui rendre visite à Los Angeles où elle élève, seule, ses trois enfants. Mais leurs retrouvailles tournent au cauchemar, quand elles découvrent un mystérieux livre dans le sous-sol de l’immeuble, dont la lecture libère des démons qui prennent possession des vivants…
Dix ans après l’excellente revisite de la saga culte par Fede Alvarez et son remake d’Evil Dead (2013), quelqu’un a jugé nécessaire d’en réaliser une nouvelle qui, a priori, devrait agir comme une forme de reboot de la franchise. Mouai bon… je l’annonce dès ces premières lignes : j’ai détesté Evil Dead Rise réalisé par Lee Cronin, qui, à défaut de m’avoir fait peur, m’a tenu captive dans un huis-clos aussi démonstratif que vide d’enjeu ou de personnalité.
Si l’ouverture du film fait un clin d’oeil au sempiternel groupe d’amis qui s’isole en forêt, Evil Dead Rise va rapidement s’émanciper de ce schéma pour proposer une nouvelle lecture plus citadine et imprévu. Pour son premier film, dont il a également écrit le scénario, Lee Cronin tente de sortir des sentiers battus en proposant de l’horreur graphique et un poil hystérique, pour que son spectateur soit partagé entre le voyeurisme et le dégoût qui ont fait d’Evil Dead une franchise culte.
Oui mais voilà, si on reproche à certains films d’épouvante d’être un peu light en terme de mise en abîme, Evil Dead Rise fait preuve du maladresse incroyable en terme de rythme. La première partie introduit des personnages, à savoir une mère de trois enfants bientôt rejointe par sa sœur le temps d’une visite. Au cours de scènes qui durent un peu trop longtemps, le film met en place la dynamique familiale et une tonalité sombre appuyé scolairement par la maman tatoueuse et la soeurette roadie. Waw, quelles rebelles de la société didonc… Voir ce genre de clichés en 2023 pique un peu les yeux.
Le cadre se veut subversif, comme si les choix de vie de ces personnage allait justifier la suite… Alors qu’il suffit d’un simple cause naturelle (un tremblement de terre) pour réveiller la curiosité d’un gamin et découvrir le fameux livre maudit. Toute cette mise en place fera finalement l’effet d’une portion de salade verte à coté d’un hamburger-frites : nécessaire pour se donner bonne conscience, mais finalement inutile face à la junk-food bourrative et vaguement satisfaisante sur le moment, qui constitue le véritable repas.
D’un coup d’un seul, l’action démarre sans crier gare, de manière irréversible et inéluctable. Si l’effet de surprise fonctionne au démarrage, rapidement, j’ai réalisé que les enjeux de l’histoire reposait sur des bases bancales alors que le statut de victime des personnages rend les motivations du film gratuites. En effet, en refusant de coller aux règles de bases de ce genre de films, Evil Dead Rise se prive d’un storytelling solide et traite ses personnages comme de la chair à pâté dispensable et régurgitable. Lee Cronin s’attache à repousser les limites du gore en imaginant des images les plus horribles et insoutenables pour faire réagir d’horreur son public. Entre grimpettes improbables sur les murs, bruits de craquements douloureux et visages déformés, Evil Dead Rise fera tout pour hanter de nombreux cauchemars.
Si cette recette peut être efficace pour les amateurs du genre, pour ma part j’ai trouvé tout cela bien trop superficiel et sans intérêt. Certes, j’étais ravie de ne pas avoir pris de pop-corn pour cette séance, mais la gratuité des événements m’a empêché de compatir avec le sort des personnages. Le film vise la surenchère et s’assure qu’aucun personnage n’échappe à l’horreur qui se déroule sous nos yeux, mais au-delà de scènes explicites, je n’ai jamais ressenti la moindre empathie ni le moindre frisson. Et c’est dommage, car Lee Cronin propose des scènes alléchantes, mais qui aurait mieux fonctionné si l’ensemble du film était mieux écrit et que chaque scène ne semblait pas si gratuites. Comme les personnages pris au piège de ce presque huis-clos, le film se déroule de manière fataliste et je me suis retrouve à attendre le glas final pour enfin être libre de partir.
J’ai trouvé l’ensemble finalement très froid, sans âme et, surtout, d’un ennui profond. Evil Dead Rise n’apporte pas grand chose à la franchise et ce n’est certainement pas la scène de conclusion qui sauvera l’ensemble de ce désastre honteux.
Au casting : peu de visage connu mais quelque performances notables. Alyssa Sutherland (Timeless, Vikings…) met ses traits au service d’une emprise démoniaque réussie et convaincante, comme Jennifer Carpenter à l’époque dans le film L’Exorcisme d’Emily Rose. Autour d’elle se bousculent Lily Sullivan (Pique-Nique à Hanging Rock…) et la jeune Nell Fisher, ainsi que Morgan Davies (The Girlfriend Experience…) et Gabrielle Echols (Reminiscence…).
En conclusion : moi qui attendait l’événement horrifique de l’année, j’ai découvert un Evil Dead Rise certes graphique et explicite, mais certainement pas effrayant. Lee Cronin distribue du gore gratuit et une imagerie impressionnante, mais oublie l’essentiel pour rendre son film d’épouvante effrayant. Bref, l’ennui est profond, mais heureusement l’ensemble s’oublie rapidement. À éviter.