
Le pitch : Back to Black retrace la vie et la musique d’Amy Winehouse, à travers la création de l’un des albums les plus iconiques de notre temps, inspiré par son histoire d’amour passionnée et tourmentée avec Blake Fielder-Civil.
Pour son nouveau film, la discrète réalisatrice Sam Taylor-Johnson (Cinquante Nuances de Grey, A Million Little Pieces…) revient sur grand écran avec un biopic sur Amy Winehouse, au récit enfin validé par la famille de la chanteuse. En effet, depuis son décès en 2011, nombreux sont les projets qui n’ont pas abouti.
Captivant et bouleversant, Back to Black revient sur le parcours d’une artiste dont le talent brut et la fragilité ont laissé une empreinte indélébile dans le monde de la musique. Pour beaucoup, comme pour moi, la découverte d’Amy Winehouse s’est faite par la chanson « Rehab, » un morceau devenu emblématique et porteur d’une ironie amère à la lumière de la tragédie de sa vie.

Personnellement, je n’ai pas suivi les histoires people autour de la chanteuse, ni les scandales qui ont fait les choux gras des tabloïds. Et pourtant, il était difficile de passer à coté des déboires d’Amy Winehouse. Ce qui est intéressant, c’est que le film de Sam Taylor-Johnson prend le temps de raconter l’histoire d’Amy, avant qu’elle ne devienne une star internationale, et comment sa rencontre avec Blake Fielder-Civil à influencer sa vie et son art pour le meilleur comme pour le pire. En découvrant ses débuts, on découvre surtout une jeune femme entourée et talentueuse, dont le sourire et la voix d’or parvenait à masquer le verre qu’elle avait toujours à la main. Mais c’est à travers ce type de détails que le film tisse les prémices de son tempérament déjà destructeur.

Back to Black raconte les dernières années d’une étoile montante qui semblait toujours en apnée, un talent brut fauché en plein vol. Le film dépeint avec une sincérité poignante l’âme tourmentée et déjà fragile d’Amy, que sa relation enflammée avec Blake a éprouvé. La lutte contre ses démons personnels – son penchant pour l’alcool, son admiration pour les artistes torturés, et la cicatrice béante laissée par la séparation de ses parents – est montrée avec une intensité doucereuse et déchirante.
Back to Black plonge profondément dans les aspects les plus intimes de la vie d’Amy, explorant son amour du jazz, ses chansons écrites avec ses émotions à fleur de peau. Le film ne se contente pas de montrer le succès fulgurant de son album homonyme, il met aussi en lumière la douleur derrière ce triomphe. Chaque note de musique, chaque parole de ses chansons raconte une histoire de chagrin et de désillusion, que le succès international n’a fait que raviver.

La réalisation de Sam Taylor-Johnson (femme de Aaron Taylor-Johnson, au passage) rend hommage à la vie brûlée d’Amy Winehouse, sans intransigeance mais également sans jugement. Sur fond d’un désespoir indéfinissable, la succession de petits bonheurs éphémères et de plongées dans les excès est dépeinte avec authenticité. Back to Black profite de chaque moment de respiration pour illustrer la lutte incessante d’Amy Winehouse pour concilier ses rêves de normalité (comme fonder une famille) avec une réalité incohérente et inaccessible (à cause de son train de vie). Une dualité qui colle avec le tableau rock’n’roll du film, les couleurs de la pin-up soulignant le rouge passion qui anime la chanteuse et le noir profond qui la garde constamment dans les ténèbres.

Malheureusement, la réalité est que Back to Black est un anti-conte de fées. La vie d’Amy Winehouse fait l’effet d’une romcom inversée où les codes classique (le talent, l’amour véritable, le succès…) sont détournés par les addictions et le tempérament excessif. Car en effet, si on pourrait aisément se dire que la vie n’a pas été tendre avec la chanteuse, Sam Taylor-Johnson laisse les images parler pour elle-mêmes, alors que les choix et les habitudes de la jeune femme l’entraîne faire une chute qui semble finalement toute tracée. À chaque étape importante, voire heureuse, le parcours d’Amy Winehouse semblait essuyer un revers, l’empêchant à chaque fois de pouvoir complètement se relever (le rupture, le divorce, l’abandon…) jusqu’au moment où cela n’a plus été possible.
Le film est une poésie noire et d’une tristesse infinie, un témoignage émouvant de la vie d’une artiste désenchantée, hantée par sa musique mélancolique. Prévoyez les mouchoirs, pour les plus sensibles.

Au casting, Marisa Abela (Barbie, Industry…) est parfaite en Amy Winehouse, évitant brillamment la caricature pour interpréter cette artiste torturée. À ses cotés, Jack O’Connell (Ferrari, Money Monster, Les Poings Contre Les Murs…) est comme souvent parfait quand il joue un personnage sur la brèche, Eddie Marsan (Ray Donovan, Un Homme en Colère, The Gentlemen…) est touchant en papa dépassé et Lesley Manville (Une Robe pour Mrs Harris, Maléfique 2, Phantom Thread…) incarne la grand-mère d’Amy Winehouse, illustrant leur relation touchante.
En conclusion, « Back to Black » est un véritable hommage à Amy Winehouse, un film qui émeut, qui rappelle le talent incroyable et la fragilité de cette légende de la musique. C’est un portrait sans concession, mais empreint d’une immense tendresse, de celle qui a marqué le monde avec sa voix unique et son âme tourmentée, avant de rejoindre le tristement célèbre “Club des 27”. À voir.

PS : seul mini regret, étant donné que le film a été validé par la famille et qu’on entend la vraie voix d’Amy Winehouse, j’aurai aimé que le film se conclue sur de véritables images d’elles et non de Marisa Abela.
