Action, Comédie

[CRITIQUE] Bad Boys : Ride or Die, de Adil El Arbi et Bilall Fallah

Le pitch : Cet été, la franchise Bad Boys est de retour avec son mélange iconique d’action explosive et d’humour irrévérencieux. Mais cette fois-ci, les meilleurs flics de Miami deviennent les hommes les plus recherchés d’Amérique.

Une chose est sûre, c’est que le duo Adil El Arbi et Bilall Fallah, ont un peu pas de bol. Après avoir été repérés avec le percutant Black en 2015, les débuts hollywoodiens des réalisateurs belges sont semés d’embûches. D’abord, avec Bad Boys For Life qui débarque début 2020, pour finalement se faire éclipser par la pandémie Covid-19. Deux ans plus tard, ils réalisent deux épisodes de la série Ms Marvel, qui connaîtra un succès mitigé car sortie en pleine “super-hero fatigue”. Puis, nouveau coup du sort : la nouvelle direction des studios Warner décide de mettre à la poubelle le film Batgirl qu’ils venaient de terminer de réaliser !

De toutes façons, 2022 avait déjà mal commencé pour la star des films Bad Boys, Will Smith, qui a craqué en live en collant une baffe à Chris Rock, avant de balancer un F-word en pleine cérémonie des Oscars. Un slapgate plus tard, l’acteur fait profil bas et le film Bad Boys : Ride or Die se met en branle dans l’indifférence générale. Pire, les studios font le minimum syndical et une promo quasi-inexistante pour la sortie du quatrième opus de la franchise – que j’ai découvert en voyant sa bande-annonce au cinéma !

Dès le début, le film pose des bases goguenardes et j’ai été soulagée de voir que la franchise abandonnait la Fast-and-Furious-isation du film précédent, en mettant de coté l’équipe formée pour mieux se recentrer sur le duo de flics cinquantenaires. Après un troisième opus qui mettait Will Smith sur le devant de la scène (lui aussi après avoir frôlé la mort), ce nouveau chapitre reprend à peu près le même point de départ avec, cette fois, un accent prononcée sur la comédie un poil régressive. Flemmard comme principe ? Oui un peu. Beaucoup.

L’histoire de Bad Boys : Ride or Die se situe peu après les événements de Bad Boys For Life. Désireux de réhabiliter l’image de Mike Lowrey (et surtout celle de son acteur), le film passe la corde au coup de sa tête brûlée et mise tout sur l’autre moitié du duo de super-flics : Marcus Burnett, alias Martin Lawrence ! Un pari audacieux puisque l’acteur, n’ayant plus l’énergie ni l’apparence de ses débuts, perdait déjà largement en crédibilité dans le dernier opus. Pour pallier au problème, le scénario s’appuie alors sur l’humour à la fois potache et « boomer » de son personnage, avec une tonalité qui fleure bon les années 90 – on reverrait presque Martin Lawrence en Big Mama en fermant les yeux. En fait, Marcus prend tellement de place, qu’on en viendrait presque à croire que Mike (Will Smith) est devenu son side-kick. Par conséquent, si l’humour du film ne vous séduit pas d’emblée, vous risquez de trouver le temps très, très long !

Après avoir survolé la nouvelle jeunesse de Marcus, le film passe la deuxième pour déterrer une intrigue sortie de derrière les fagots, ravivant le souvenir de leur capitaine décédé et mêlant le tout à un complot visant à ternir son image (après sa mort donc). Fâchés comme tout de voir ça, nos Bad Boys décident de prouver son innocence et se retrouvent rapidement pris pour cible par les vrais méchants.

Bad Boys : Ride or Die suit la tendance des sagas ressuscitées, déterrant un événement du passé pour justifier son existence. Pourquoi faire simple quand on peut compliquer, ce n’est pas comme si les trafiquants de drogue avaient disparu… mais bon, allons-y gaiement. Pourquoi pas ?

Dans une avalanche de décisions hâtives et de confrontations musclées, le film renoue avec le bling-bling rutilant et testosteroné de la Floride façon Bad Boys, titillant les souvenirs des fans de la première heure. Entre caméos et retrouvailles, Adil El Arbi et Bilall Fallah nous plongent dans un scénario décousu qui coche toutes les bonnes cases pour donner une impression d’un rythme échevelé. L’effet est presque réussi, à condition de mettre son cerveau au placard, car tous les prétextes sont bons pour justifier la cavale de nos héros, les ambitions d’un antagoniste accessoire et les retours des personnages du film précédent, notamment le fils de Mike Lowrey.

En bon pop-corn movie, Bad Boys : Ride or Die reste un bon cocktail effervescent qui pétille de partout, offrant à chacun sa part de lumière pour rythmer un ensemble entraînant et plutôt sympathique. Tout irait pour le mieux si la réalisation n’était pas aussi chaotique. Malgré un bref caméo de Michael Bay, les réalisateurs peinent à reproduire son style distinctif (plans tournants vertigineux, contre-plongées, etc.) tout en cherchant à imposer leurs propres signatures. Beaucoup de scènes d’action sont illisibles, formant un mélange confus de prises de vue par drones, de changements d’angles et d’effets numériques pour lier le tout. Bien que les cascades cherchent à se renouveler, elles sont presque toutes desservies par la mise en scène extrêmement brouillonne d’Adil El Arbi et Bilall Fallah, qui en font tellement qu’on finit par ne plus rien comprendre. C’est assez surprenant, et décevant, car ce problème n’existait pas dans Bad Boys for Life. À croire que le duo ou les studios ont voulu tout mettre dans cet opus, au cas où il n’y aurait pas de cinquième volet.

Au casting, Will Smith (La Méthode Williams, Gemini Man, Les Incognitos…) et Martin Lawrence (Bad Boys For Life, The Beach Bum…) ne sont pas prêts de raccrocher et se prêtent volontiers au jeu, l’un pour se racheter une conduite et l’autre, probablement, pour signaler qu’il serait partant pour faire revivre Big Mama (pitié, non !). Autour d’eux, on retrouve également Vanessa Hudgens (Entergalactic, Tick, Tick… Boom !…), Alexander Ludwig (The Covenant, Night Teeth…) ou encore Paola Núñez (La Chute de la Maison Usher, Resident Evil…), rejoints par Ioan Gruffudd (Ava, Dr Harrow…) et Eric Dane (Euphoria…). Jacob Scipio (Expendables 4, Un Talent en Or Massif…) est aussi de retour, tandis que Joe Pantoliano est toujours présent. Notons également que Dennis Greene (McDonald), qui se fait bizuter par Mike et Marcus depuis Bad Boys 2, obtient enfin sa revanche.
Enfin, il y a quelques caméos sont au rendez-vous, ouvrez l’œil !

En conclusion, Bad Boys : Ride or Die offre un spectacle effervescent et divertissant, bien que souvent brouillon. Si l’humour rétro et les cascades chaotiques ne vous dérangent pas, vous passerez un bon moment avec ce duo de flics toujours aussi attachant. À voir.

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