
Le pitch : À l’aube d’une nouvelle tournée mondiale, la star de la pop Skye Riley se met à vivre des événements aussi terrifiants qu’inexplicables. Submergée par la pression de la célébrité et devant un quotidien qui bascule de plus en plus dans l’horreur, Skye est forcée de se confronter à son passé obscur pour tenter de reprendre le contrôle de sa vie avant qu’il ne soit trop tard.
Après le succès surprise du premier Smile, qui a su habilement surfer sur l’efficacité du jumpscare et une intrigue minimaliste mais tendue, le réalisateur Parker Finn est de retour avec une suite qui tente de capitaliser sur son essai réussi. Smile 2 se pose en héritier attendu, plutôt destiné à combler les attentes d’un public jeune et friand de frissons grand public. Pourtant, cette suite tant médiatisée, qui s’inscrit parfaitement dans une logique de marketing stratégique (et intelligente) en pleine période d’Halloween et de vacances scolaires, peine à se hisser au-delà de l’effet de mode et du simple produit de consommation immédiate.

Le film nous plonge dans le quotidien de Skye Riley, une popstar adulée mais toujours en proie à un passé empreint de tragédie et de toxicomanie. Une sortie de route (sans mauvais de jeu de mot) qui va l’amener dans une série d’événements inexplicables et terrifiants, troublant la réalité et le cauchemar. Sur le papier, le film de Parker Finn, en alliant les affres du show-business et le surnaturel, aurait pu être intéressant et novateur (si Trap de M. Night Shyamalan n’était pas passé par là, par exemple). Cependant, ce qui aurait pu être une métaphore astucieuse de la pression médiatique se perd dans une histoire aussi interminable que vide.
Pendant une bonne heure et demie (soit les 3/4 du film), Smile 2 s’étire sans direction, multipliant les cris stridents et les jumpscares prévisibles, le tout calé sur une bande-son assourdissante, sans jamais parvenir à créer une véritable atmosphère de tension.

La structure narrative du film semble désespérément oubliée, ne se réveillant qu’à l’approche de la dernière demi-heure, lorsque le scénario se rappelle enfin qu’une malédiction est à l’origine de tous ces tourments. Cette accélération soudaine laisse le spectateur avec un goût d’inachevé, comme si le film courait vers une conclusion précipitée après avoir perdu tout intérêt pour son propre mystère.
Si Smile premier du nom avait su utiliser avec intelligence les codes du film d’horreur moderne, Smile 2 adopte une approche visuelle beaucoup plus agressive, au point de devenir épuisante. La réalisation de Parker Finn, qui abuse des grands balayages panoramiques et des angles de caméra inclinés, finit par étouffer (et/ou donner la gerbe) plus qu’elle ne fascine. Au lieu d’immerger le spectateur dans une ambiance oppressante, ces choix stylistiques fatiguent l’œil et diluent l’impact des scènes censées générer l’effroi.

Un autre problème majeur de Smile 2 réside dans son manque d’originalité. Comme le premier opus, voire encore plus, l’ensemble pioche allègrement dans des références récentes du genre, notamment It Follows et Action ou Vérité, sans jamais parvenir à apporter sa propre identité. Le concept de la malédiction, ici liée à un trauma que l’on doit confronter, rappelle trop fortement des œuvres déjà bien établies, sans le supplément d’âme qui pourrait permettre à Smile 2 de se démarquer. Cette absence d’innovation donne l’impression que Smile 2 est plus une compilation de clichés horrifiques produits par des marketeurs, plutôt qu’un film construit avec soin. En effet, Smile 2 s’inscrit dans une tendance hollywoodienne actuelle où les films d’horreur semblent de plus en plus ciblés pour un jeune public avide de sensations fortes et immédiates.

Le succès commercial du film est sans doute assuré par sa sortie bien calibrée en pleine période de vacances et d’Halloween, tout en flirtant avec la pop-culture musicale. Cependant, pour les véritables amateurs du genre, cette suite est une déception – si tant est qu’on en espérait vraiment quelque chose. Là où le premier film avait su proposer une tension psychologique prenante et un chouille plus crédible, Smile 2 n’offre qu’un enchaînement de scènes survoltées et bruyantes, vidées de toute substance narrative ou émotionnelle.

Au casting : Naomi Scott (Aladdin, Power Rangers, Charlie’s Angels…) continue de faire des choix discutables et donne à nouveau de la voix, que ce soit pour chanter ou pour hurler à la mort. On appréciera son air écarquillé même si le personnage manque de substance et se retrouve encombré par un storytelling qui n’apporte rien (on s’en fiche de son accident et de sa toxicomanie, tant cela importe peu dans le résultat…). Autour d’elle, on retrouve Rosemarie DeWitt (La La Land, The Boys, The Staircase…) qui cachetonne en “momager” (contraction de mom + manager, à l’instar de Kris Jenner) castratrice à la coupe de cheveux improbable, tandis l’ensemble est composé de second couteaux interchangeables, (dés)incarnés par Dylan Gelula (Dream Scenario…), Raúl Castillo (Un Homme en Colère…), Miles Gutierrez-Riley (The Wilds…) ou encore Lukas Gage (Dead Boy Detectives…).
En conclusion, Smile 2 est un divertissement calibré pour plaire à un jeune public peu exigeant, mais il exaspèrera les connaisseurs du genre, les rares (ou les masos comme moi) qui se donneront la peine d’appuyer sur play de faire le déplacement. Le film de Parker Finn, comme beaucoup de suites horrifiques fabriquées sans ambition autre que le dollar, manque cruellement de profondeur et de singularité, et se contente de répéter des formules déjà vues, perdant ainsi les faibles points forts du premier opus. À tester.

