Action, Drame

[CRITIQUE] Gladiator 2, de Ridley Scott

Le pitch : Plus de deux décennies après les événements de Gladiator, Lucius vit avec sa femme et son enfant en Numidie. Les soldats romains dirigés par le général Marcus Acacius tuent sa femme et réduisent Lucius en esclavage. Inspiré par Maximus, Lucius décide de se battre en tant que gladiateur sous l’enseignement de Macrinus, un ancien esclave qui complote pour renverser les jeunes empereurs Caracalla et Geta.

Décidément, Ridley Scott (Napoléon, House of Gucci, Le Dernier Duel…) ne s’arrête plus et continue de revisiter ses premiers succès. Après le cultissime Alien, dont il a tenté une prélogie avec Prometheus et Alien – Covenant, le réalisateur britannique a créé la surprise en annonçant une suite à autre de ses films cultes : Gladiator, sorti dans les années 2000 et porteur de 5 Oscar dont Meilleur Film et Meilleur Acteur. Volonté de garder la main sur ses petits (à l’inverse de Blade Runner) ou envie de prolonger ses propres légendes à l’image de George Miller qui continue de proposer des films Mad Max ? L’avenir nous le dira, même si je crains tout de même le remake d’un Thelma et Louise 2.0…

C’est donc plus de vingt ans après la sortie de Gladiator que Ridley Scott propose un second volet, nous replongeant au cœur des arènes et des complots de l’Empire, en pleine Rome antique. L’histoire s’arrime à un personnage, dont l’identité est étrangement modifiée (malgré le fait qu’elle soit très claire dans le synopsis et les bandes-annonces), vaincu au cours d’une bataille féroce où il perd sa femme. Dès les premières scènes, Gladiator 2 semble calquer le rythme et la structure de son prédécesseur : de la bataille d’ouverture jusqu’au public du Colisée qui l’acclame, en passant par le deuil et la soif de vengeance. Cette répétition finit par diluer l’impact émotionnel du film.

Là où le premier volet fascinait par la puissance et la simplicité de la trajectoire de Maximus, cette suite manque de la même intensité, plombée par des enjeux narratifs multiples et une profusion de sous-intrigues. Les motivations du héros se noie dans un récit où se croisent les ambitions politiques et de pouvoirs des uns et des autres, ce qui complique inutilement la trame du film.
C’est aussi là que se révèle un bémol important : alors que le marketing autour du film a révélé l’identité du héros, Ridley Scott choisit d’en faire un mystère. Résultat, la première partie du film s’attarde à construire un twist inutile et frustrant pour ceux qui auront pris la peine de se renseigner avant d’entrer en salle.

Malgré ses faiblesses scénaristiques, la réalisation de Ridley Scott parvient à donner corps et âme à cette reconstitution de Rome antique. Les décors et costumes sont somptueux, recréant avec minutie la grandeur de l’Empire romain. Toutefois, étonnamment, Gladiator 2 ne fait ni mieux ni moins bien que le premier film sur le plan visuel, malgré plus de vingt ans d’évolution technologique. Les séquences de combats, bien que spectaculaires, pâtissent d’une utilisation excessive de CGI, en particulier pour les animaux de l’arène. Si les véritables tigres du premier film avaient marqué les esprits, ils sont ici remplacés par des créatures numériques qui enlèvent de l’authenticité aux affrontements, notamment durant une bataille navale dans le Colisée (infesté de requins ?!) qui pousse l’extravagance un peu trop loin.

Coté casting : il faut avouer le trio de tête peine à convaincre. Paul Mescal (Sans Jamais Nous Connaître, Normal People…) choisit la force brute, mais ne tient pas la comparaison avec la profondeur et le charisme d’un jeune Russell Crowe. Pedro Pascal (The Last of Us, Le Robot Sauvage, Un Talent en Or Massif…) incarne un vétéran épuisé avec une justesse qui, bien qu’intéressante, reste trop en retrait, tandis que Connie Nielsen (Nobody, Wonder Woman 1984, Justice League…) reprend son rôle de Lucilla, sans pour autant gagner en importance, tant elle reste cantonnée au rôle de mère et d’épouse, sans réussir à s’imposer davantage. À l’affiche également, la performance de Joseph Quinn (Sans Un Bruit : Jour 1, Stranger Things, Overlord…) et Fred Hechinger (Pam and Tommy, The White Lotus, La Femme à la Fenêtre…) en tant qu’empereurs apporte une touche d’excentricité qui, bien que divertissante, ne respecte guère les aspects historiques, ce qui pourrait agacer certains puristes.
Dans cette distribution inégale, seul Denzel Washington (la trilogie Equalizer, Fences, Les Sept Mercenaires…) parvient véritablement à tirer son épingle du jeu, en étant, comme toujours, charismatique et grisant, malgré une écriture de son personnage bien trop brouillonne.

En conclusion, Gladiator 2 est sans doute un spectacle visuel grandiose, conforme à l’ambition de Ridley Scott et à l’essence du genre péplum. Toutefois, en reprenant une structure narrative trop proche du premier film et en surchargeant le récit de sous-intrigues sans grand intérêt, cette suite peine à reproduire l’intensité émotionnelle et la puissance de son prédécesseur. Bien qu’il ne soit pas dénué de qualités, Gladiator 2 reste une œuvre inégale, bien en deçà de l’héritage que Gladiator avait laissé, et qui se heurte à la difficulté d’être à la hauteur de la légende de Maximus. À voir.

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