Le pitch : Retour sur le scandale de la sex tape du couple star des tabloïds des années 1990, la star d’Alerte à Malibu, Pamela Anderson et le batteur de Mötley Crüe, Tommy Lee, durant leur lune de miel qui a été divulgué au grand public.
Créée par Robert Siegel
Avec Lily James, Sebastian Stan, Seth Rogen, Nick Offerman, Taylor Schilling…
Disponible sur Disney+ (Star)
Pour moi, Pamela Anderson a toujours été la nana sexy d’Alerte à Malibu, une série que je regardais pré-ado avec un premier degré innocent… jusqu’à ce que, quelques années plus tard et lors d’une tentative tardive de réconciliation avec la série Friends, je comprenne pourquoi cette série phare des années 90 a eu autant de succès. Moi qui frissonnait devant chaque épisode de noyade, qui trouvait Mitch trop cool en espérant qu’il se mette un jour avec Stéphanie, qui a été traumatisé par la mort d’une des sauveteuses bouffée par un requin… Ma bubulle d’innocence a été percutée de plein fouet par Chandler et Joey, dans cette séquence culte de Friends où le premier fait découvrir Alerte à Malibu au second.
Naïade au maillot de bain rouge courant au ralenti, playmate et pin-up, Pamela Anderson a hanté les années 90 et début 2000, donnant de premières émotions à certains et des complexes à d’autres. À l’époque, j’étais trop jeune pour suivre cette histoire de sex-tape et, quand je l’ai découvert plus tard, ça ne m’a pas vraiment bousculée puisque l’actrice a toujours eu cette image de façade très désinvolte, collant parfaitement à l’archétype de la blonde sexy à gros seins.
27 ans après le scandale, Robert Siegel s’inspire d’une chronique parue dans le magazine Rolling Stone en 2014, Pam And Tommy: The Untold Story of the World’s Most Infamous Sex Tape, pour développer la série Pam And Tommy à l’aide de Craig Gillepsie (Moi, Tonya, Cruella…). Sous la sulfure d’un tel sujet, il y a une idée bien précise : dévoiler comment cette sex-tape a été volée et l’impact que cela aurait eu dans la vie de Pamela Anderson. Autant vous dire que dans une époque post #metoo, le constat est brutal !
La série débute peut de temps après le mariage express de Pamela Anderson, jeune starlette en plein essor, et de Tommy Lee, batteur d’un groupe de rock en perte de vitesse Mötley Crüe. Un amour passionné et sauvage qui fait des envieux, mais également beaucoup d’agacés, notamment un certain Rand Gauthier, un ouvrier limogé du jour au lendemain et qui décide de se venger. Un cambriolage plus tard, c’est l’escalade : alors que la sex-tape fait des ravages dans le monde très nouveau du web, la série Pam And Tommy suit de près les conséquences sur la vie du jeune couple et, surtout, comment Pamela Anderson s’est retrouvé acculée et jugée à cause de son image.
En effet, derrière les déboires de Rand Gauthier et la propagation de la sex tape, Pam And Tommy observe la façon dont le monde observe et utilise l’image de Pamela Anderson, contre son gré mais surtout dans un mépris total et flagrant de ce qu’elle, en tant que personne, peut ressentir. Son passé de playmate et sa plastique de rêve devient soudainement des preuves à charge contre elle, elle se retrouve jugée par des hommes qui la sexualisent et la jugent à la fois. Peut-on trouver un récit plus parlant du patriarcat malveillant de l’époque, mêler à ce sempiternel puritanisme hypocrite ? Certains épisodes sont révoltants puisqu’on devine bien que ces hommes (et autres personnes) qui la jugent et lui ferment des portes aux nez, ce sont potentiellement aussi bien paluchés sur cette vidéo (ou sur d’autres photos qu’elle a pu faire).
Ajoutons à cela, les débuts balbutiants d’internet : époque bénie où le droit à l’image n’existait pas et que l’intraçabilité digitale régnait. Le combat de Pamela Anderson se retrouve couler malgré elle, à cause d’une justice encore indécise sur ce sujet. Quel enfer !
Et pourtant, quelle histoire et quelle performance ! Ce qui devait être la revanche d’un nobody devient la descente aux enfers d’un loser, alors que son trésor lui échappe, tandis que du coté des célébrités, le couple Pam And Tommy s’aime et se déchire. Si la série laisse de coté les parts d’ombre de leur mariage, l’aspect passionnel déborde à chaque épisode tandis que le personnage de Pamela Anderson est habilement dessinée au fur et à mesure des épisodes. Femme, pin-up, objet de fantasme et victime, les étiquettes se bousculent, toujours plus accusatrices ou réductrices les unes que les autres, sans jamais se soucier des dommages collatéraux.
Si la vague #metoo a révélé les comportements criminels de certains, la série Pam And Tommy permet de s’éloigner du coté sulfureux des scandales actuels en revisitant l’histoire de cette fameuse sextape dont on se souvient vaguement comme un fait divers. Alors qu’entre-temps d’autres ont délibérément fait fuiter leurs ébats en vidéos, la série fait réfléchir sur le regard posé sur ces femmes sexualisent volontairement leur image et la notion toujours trop faible du consentement. Oui, Pamela Anderson a joué sur son image sexy et pourtant, avait-elle mérité tout cela ? Réponse dans la série.
Au casting, on retrouve Lily James (Cendrillon, Baby Driver, Yesterday…), une actrice que je trouvais relativement fade qui m’a tout bonnement épatée sous les traits de l’actrice américano-canadienne, aussi bien grâce à son jeu que par sa transformation troublante. À ses cotés, Sebastian Stan (Falcon et le Soldat de l’Hiver, 355, Avengers – Endgame…) est excellent et méconnaissable dans le rôle trublion-esque de Tommy Lee, tandis que Seth Rogen (Séduis-Moi Si Tu Peux, Nos Pires Voisins 2…) incarne à merveille ce loser à la coupe mulet. À l’affiche également, Nick Offerman (Parks and Recreation, Sale Temps à l’Hôtel El Royale…) et Taylor Schilling (Orange Is The New Black…) viennent compléter l’ensemble.
En conclusion, au-delà du message percutant de la série, Pam And Tommy est un formidable récit, parfois révoltant et animé par un tempérament savamment rebelle et conquérant. À voir, pour la pop-culture !