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Le pitch : La famille de Jake Sully et Neytiri est encore aux prises avec le chagrin. C’est alors qu’ils rencontrent une nouvelle tribu Na’vi agressive, le Peuple des cendres, menée par la fougueuse Varang, tandis que le conflit sur Pandora s’intensifie.
Cette fois, pas besoin d’attendre quinze ans. Un an seulement après Avatar : La Voie de l’Eau, James Cameron livre le troisième volet de sa saga bleutée. Avatar : De Feu et de Cendres s’inscrit dans la continuité directe du précédent opus, alors que la famille Sully cohabite avec le Peuple de l’Eau et que la guerre entre humains colons et Na’vis continue de s’envenimer, menaçant l’écosystème de Pandora. À ce conflit déjà bien installé s’ajoute une nouvelle menace : le Peuple des Cendres, une tribu Na’vi hostile menée par la charismatique et redoutable Varang.
Le film entre rapidement dans le vif du sujet, distillant ses rappels narratifs de façon plutôt habile à travers les dialogues. James Cameron poursuit plusieurs arcs en parallèle : le deuil toujours présent chez les Sully, la trajectoire fragile de Spider, les tensions autour des créatures marines pandoriennes… Autant de fils qui enrichissent un lore toujours plus dense. Et surtout, contrairement à Avatar : La Voie de l’Eau qui prenait un peu trop de temps à raccrocher les wagons, Avatar : De Feu et de Cendres ne perd pas trop de temps avant de lancer les hostilités.
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Là où le second film prenait parfois le spectateur par la main pour raccrocher les wagons du premier Avatar, ce troisième chapitre gagne en dynamisme. Le récit se fait moins contemplatif, moins descriptif du quotidien et des traditions Na’vis, pour privilégier l’action et les enjeux dramatiques. L’arrivée du Peuple des Cendres et le retour d’un ennemi humain toujours aussi revanchard insufflent une tension bienvenue, poussant les personnages dans une alternance de courses contre la montre et d’affrontements plus frontaux.
Mais ce nouvel élan doit beaucoup à un personnage : Varang. Véritable révélation du film, elle impose une présence magnétique, portée par une rage incandescente. Pour la première fois, la saga explore l’idée d’une alliance interne aux Na’vis, susceptible de précipiter leur chute. Une piste passionnante, qui apporte enfin une nuance bienvenue à un conflit jusque-là très manichéen.
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Visuellement, James Cameron continue de dérouler. Son amour pour les mondes aquatiques reste omniprésent, parfois au détriment des décors forestiers du premier film, mais l’émerveillement est toujours là. Qu’il explore les airs ou des territoires ravagés par les flammes, le cinéaste déploie un imaginaire spectaculaire. Les décors somptueux, la photographie éclatante et le soin apporté au design des personnages sont clairement ce qui me ramène, film après film, dans l’univers d’Avatar. Chaque plan regorge de détails, nouveaux ou familiers, et rappelle pourquoi la saga demeure une référence visuelle absolue. Les séquences aériennes, le trip aux accents chamaniques, les baleines… Avatar : De Feu et de Cendres aligne les moments de pure sidération et confirme le talent de James Cameron pour orchestrer une véritable machine à rêves, aussi lisible que fascinante. Si vous le pouvez, privilégiez une séance en IMAX pour une immersion XXL dans les décors somptueux de Pandora.
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Oui, mais.
Car malgré ses quelques qualités, il y a un « mais » : ce troisième Avatar reste une épreuve d’endurance. Sa durée, plus de trois heures, se fait lourdement sentir, d’autant plus que le montage paraît étonnamment haché. Les transitions abruptes et les ellipses donnent parfois l’impression d’un film parfois tronqué, comme si cette version n’était qu’un condensé d’un montage initial plus long. Résultat : certaines scènes d’exposition peinent à respirer, et les émotions n’ont pas toujours le temps de s’installer. Un constat surprenant venant d’un technicien aussi aguerri que James Cameron.
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Le problème le plus frustrant reste cette impression persistante de tourner en rond. Malgré un rythme plus soutenu, Avatar : De Feu et de Cendres donne souvent le sentiment de rejouer la même partition. Les personnages s’enferment dans un jeu répétitif de captures et d’évasions, au point que les nombreux face-à-face entre camps ennemis perdent en intensité. Pire encore, l’introduction du Peuple des Cendres promettait un vrai renouvellement thématique, mais le film n’ose jamais s’y consacrer pleinement. Après la terre du premier Avatar et l’eau de Avatar : La Voie de l’Eau, on aurait pu espérer une exploration frontale des territoires volcaniques et du feu comme élément central. Mais James Cameron, fidèle à ses obsessions depuis Abyss et Titanic, replonge encore dans l’eau, recyclant même certains enjeux du deuxième opus, au grand dam de celles et ceux qui attendaient un vrai virage.
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Répétitions narratives, affrontements redondants, sous-intrigues recyclées (les baleines, encore), conflits laissés volontairement sans réelle conclusion pour préparer Avatar 4… Avatar : De Feu et de Cendres donne parfois l’impression de rebattre les cartes sans avancer, sans jamais réussir à se départir de son image “disney-like”. Après les ressemblances avec Pocahontas, beaucoup de moments m’ont fait l’effet de déjà-vu (le territoire du Peuple des Cendres m’a fait penser au territoire des hyènes dans Le Roi Lion, par exemple). C’est dommage, car le film aurait gagné à être plus resserré, ou à assumer pleinement sa redite. D’autant que certains parallèles deviennent très appuyés : l’évolution de Spider et Tuk rappelle celle de Jake et Neytiri dans le premier film, Varang évoque une version plus sombre et radicale de Neytiri, et la figure religieuse d’Eywa continue d’intervenir, ou pas, de façon cryptique, sans que cela n’ait réellement d’impact sur le film.
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Le risque de bouder ce nouvel Avatar est bien présent, car comme des enfants gâtés et trop habitués aux belles choses, le beauté esthétique du film ne suffit plus à nous transporter. À ce stade, j’aurais aimé que la saga referme le chapitre Jake Sully, et tout ce qu’il charrie autour du racisme, de l’acceptation et de la famille de cœur (sans parler du parallèle avec toutes les références amérindiennes, n’est-ce pas), pour passer le relais à la nouvelle génération et cette cohabitation finalement inéluctable. Surtout, la saga Avatar gagnerait à affronter plus frontalement la question centrale de la colonisation humaine de Pandora, au lieu de tourner autour. Peut-être dans Avatar 4… ou Avatar 5 ?
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Côté casting, les figures emblématiques reprennent leurs rôles, avec Zoe Saldaña (Emilia Pérez, Elio, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3…), Sam Worthington (The Killer, Horizon : Une Saga Américaine, Sur Ordre de Dieu…) en tête de peloton, tandis que la jeune génération, portée par Britain Dalton (Ready Player One, Avatar : La Voie de l’Eau…), Jack Champion (Scream 6, Retribution…), le personnage de Sigourney Weaver (The Gorge, Master Gardener…) ou encore Bailey Bass (Entretien avec un Vampire…) prend davantage de place, insufflant un souffle nouveau à l’ensemble.
Autour d’eux gravitent de nombreux visages familiers dont Kate Winslet (Lee Miller, The Regime…), Giovanni Ribisi (The Offer, A Million Little Pieces…) et bien entendu Stephen Lang (Sisu : Le Chemin de la Vengeance, Le Secret de la Cité Perdue…), mais c’est clairement Oona – petite-fille de Charlie – Chaplin (Game of Thrones, En Traître…) qui marque les esprits. Dans le rôle de Varang, elle impose une antagoniste charismatique, inquiétante et fascinante, volant la vedette à chacune de ses apparitions.
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En conclusion, James Cameron confirme son génie visuel avec un blockbuster aussi spectaculaire que frustrant. Plus dense que Avatar : La Voie de l’Eau, Avatar : De Feu et de Cendres émerveille autant qu’il donne la sensation de tourner en rond. Rassasiant, oui, mais le renouveau narratif se fait attendre… Et il serait peut-être temps de passer la vitesse supérieure avant de me convaincre de répondre présente jusqu’à Avatar 5 (s’il arrive un jour). À voir, parce que malgré ses défauts, cela reste une expérience visuelle puissante, rappelant que depuis 2009, James Cameron a su laisser une marque indélébile dans l’imagerie au cinéma.
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