Épouvante-horreur

[CRITIQUE] L’Exorcisme de Hannah Grace, de Diederik van Rooijen

Le pitch : Une ex-policière déchue en désintoxication accepte un travail dans la morgue de l’hôpital où elle se soigne. Un jour, un corps sévèrement mutilé lui est confié. La jeune femme assiste alors à une série de meurtres qui la conduira à affronter une entité démoniaque.

Ah l’exorcisme ! Un mot qui rappelle bien des cauchemars pour beaucoup, faisant un bel appel du pied au film culte L’Exorciste de William Friedkin, et qui est souvent utilisé par erreur. En effet, le titre original « The Possession of Hannah Grace » est plus adapté puisque le film de Diederik van Rooijen doit contenir en tout et pour tout 5 minutes d’exorcisme… en guise d’introduction. Mais passons ces détails de langage qui ne sont que des tactiques marketing pour appâter le chaland (L’Exorciste, donc, mais aussi L’Exorcisme d’Emily Rose de Scott Derrickson – titre similaire, mais film très différent) malgré l’absence de ressemblance fondamentale – en dehors de l’appartenance au même genre.

En fait, ce qui est le plus étonnant, c’est la sortie très discrète de ce film d’horreur qui n’a pourtant pas à rougir de son exercice. Plus proche de The Jane Doe Identity, L’Exorcisme de Hannah Grace choisit un cadre déjà bien glauque pour entamer un presque huis-clos oppressant entre un cadavre pas si mort que ça et une ex-flic déjà tourmentée par ses propres démons. Le réalisateur danois, Diederik van Rooijen, fait ses premiers pas à Hollywood après avoir été repéré grâce à Daylight (2013), avec ce film d’horreur plutôt bien fichu qui ne manque pas d’ambition et de bonnes idées.
En effet, L’Exorcisme de Hannah Grace balaie rapidement les détours obligatoires et prévisibles dans les premières minutes pour mieux se focaliser sur son intrigue. Porté par un décor sombre, silencieux et isolé, le film tisse une histoire accrocheuse en proposant un personnage central ayant un véritable background tourmenté, avant de mettre en scène son Hannah Grace. Diederik van Rooijen évite avec brio le traitement linéaire et intègre quelques twists qui permettent au film de ne pas uniquement se reposer sur son aspect paranormal, jouant ainsi avec les nerfs de son spectateur. L’Exorcisme de Hannah Grace devient rapidement prenant, voire angoissant, dès qu’il s’agit d’exploiter le potentiel horrifique de cette mystérieuse Hannah Grace, au fur et à mesure qu’elle s’éveille.

Certes, le film ne casse pas trois pattes à un canard (#expressiondemémé), mais il a le mérite de proposer des efforts sans se réfugier dans la facilité pénible du jumpscare ni la flemmardise lénifiante d’un concept usé (hello La Nonne), le tout dans une forme plutôt alléchante et bien calculée. Les plus sensibles frémiront au moindre plan sur le cadavre peu ragoûtant d’Hannah Grace et les phobiques risquent que de remuer devant les mouvements rampants et/ou arachnéens de la menace démoniaque. Si vous avez une tolérance plutôt élevée, rassurez-vous : le film de Diederik van Rooijen mériterait parfois plus de maîtrise et un meilleur dosage de tension angoissante, oui, mais l’ensemble reste une bonne surprise. Le huis-clos est efficace, la mise en scène joue intelligemment avec les ombres et les arrières-plans pour amplifier le caractère stressant du film, tandis que le personnage central est porté par une histoire propre qui vient astucieusement compléter l’intrigue. Quant à la fameuse Hannah Grace, j’ai autant apprécié « l’utilisation », si j’ose dire, de l’actrice que la façon donc la menace évolue progressivement, passant de l’imagination du spectateur à l’explicite pur.
Si pour ma part, j’ai plutôt bien dormi après coup (pour ne pas dire oublier le film…), j’ai tout de même passé un bon moment devant L’Exorcisme de Hannah Grace, suffisamment en tout cas pour me demander pourquoi Sony Pictures n’a pas cru en son film.

Au casting, comme souvent dans ce genre de film on retrouve des acteurs plus connus sur le petit écran, comme Shay Mitchell, révélée par Pretty Little Liars et qui déjà était la plus convaincante du lot. Ici, grâce à un personnage suffisamment solide, elle échappe aux pièges faciles des héroïnes de films d’épouvante. Autour d’elle, Stana Katic (Castle…), Grey Damon (The Magicians…), Nick Thune ou encore Max McNamara viennent étoffer l’ensemble, mais c’est finalement Kirby Johnson qui s’avère plutôt intéressante. Mettant à profit ses talents de danseuse (révélée dans les real-TV américaine Dance Moms et The Drama Queen…), la nouvelle actrice donne à Hannah Grace une forme malsaine et joliment inquiétante à son alter-ego démoniaque, sans laquelle tout le film serait tomber à plat.

En conclusion, L’Exorcisme de Hannah Grace arrive sur la pointe des pieds juste avant Noël et parvient à jouer la carte de la surprise en proposant un film d’épouvante suffisamment efficace et inventif pour accrocher et plaire aux amateurs du genre. Loin d’être la flippe de l’année, le film de Diederik van Rooijen mérite tout de même le détour. À voir.

 

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