Biopic, Drame

[CRITIQUE] Les Faussaires de Manhattan, de Marielle Heller

Le pitch : Ancienne auteure à succès aujourd’hui sans le sou, Lee Israel se découvre par hasard un don exceptionnel : celui d’imiter à la perfection le style de grands romanciers. Avec l’aide de son ami Jack, elle monte une arnaque imparable: rédiger de fausses correspondances entre auteurs célèbres, que Jack revend à prix d’or aux collectionneurs new-yorkais. Grisés par le succès, les deux faussaires ne voient pas que le FBI commence à s’intéresser à eux…

Curieusement, malgré un parcours marquée par de nombreuses récompenses de circuits indépendants et trois nominations aux Oscars, le film de Marielle Heller n’aura qu’une sortie discrète en plein été et un soutien publicitaire fantomatique. Et c’est dommage car Les Faussaires de Manhattan est basé sur une histoire vraie incroyable, joliment interprétée par Melissa McCarthy et Richard E. Grant, avec une tonalité à la fois espiègle et cynique.

Adapté de l’autobiographie Can You Ever Forgive Me écrite par Lee Israel, le film revient donc sur l’histoire incroyable d’une ancienne auteur has-been et adepte de biographies obscures, dépeignant un personnage austère de vieille fille passablement alcoolique vivant avec son chat dans un appartement insalubre. Loin de s’apitoyer sur son sort, on découvre un personnage fort en gueule et étrangement attachant qui va trouver presque par accident un moyen astucieux (mais malhonnête) de se faire de l’argent. Sur sa route, elle rencontre un partenaire d’infortune, un alter ego aussi déglingué par la vie qu’elle, et l’entraînera dans son sillage fait de contrefaçons et de désillusions.

En effet, si Les Faussaires de Manhattan s’articule autour de l’arnaque mis en place par son héroïne, le film s’attache surtout à ces deux âmes solitaires qui se sont sévèrement endurcis. Boire pour oublier ou sortir de sa coquille pour mieux saboter la moindre chance de retrouver un semblant de vie, les personnages de Marielle Heller navigue dans une New York noctambule, aussi sombre que les humeurs de ses protagonistes – même lorsque leurs magouilles parviennent à rendre leur quotidien plus doux.

Le ton un peu cynique aurait pu rendre l’ensemble aigri, mais Les Faussaires de Manhattan parvient à éveiller la morosité ambiante en ajoutant ça et là une pointe d’espièglerie et de franchise parfois brute, pour nous faire accrocher à ses personnages. J’ai surtout apprécié cette amitié bancale composées par ces deux âmes un peu fêlées (dans tous les sens du terme), qui s’accrochent mais surtout assument leurs choix de vies même quand ceux-ci n’ont rien d’honorables.

À l’affiche, Melissa McCarthy (La Reine de la Fête, SOS Fantômes, Spy…) n’a pas volé sa nomination aux Oscars avec ce rôle presque acariâtre et miteux qu’elle a su rendre touchant. À ses cotés, Richard E. Grant (Casse-Noisette et les Quatre Royaumes, Hitman and Bodyguard, Logan…) ne démérite pas non plus, également nommé aux Oscars, il complète ce duo farfelu avec une exubérance triste. On notera également la présence de Dolly Wells (Bridget Jones Baby…), Stephen Spinella (Lincoln…) et Jane Curtin (L’Espion Qui M’a Larguée…).

En conclusion, loin des rêves de gloires et de succès, Les Faussaires de Manhattan a des faux airs de tragédie du quotidien hantés par deux clowns tristes qui cherchent simplement à survivre, peu importe comment. Entre humour et grisaille, Marielle Heller livre un second film abouti, un conte désenchanté des temps modernes qui aurait mérité qu’on en parle bien plus. À voir.

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