Épouvante-horreur

[CRITIQUE] Imaginary, de Jeff Wadlow

Le pitch : Lorsque Jessica retourne dans sa maison d’enfance avec sa famille, sa plus jeune belle-fille Alice développe un attachement étrange pour un ours en peluche qu’elle a trouvé dans le sous-sol et nommé Chauncey. Tout commence par des jeux innocents, mais le comportement d’Alice devient de plus en plus inquiétant. Jessica comprend alors que Chauncey est bien plus qu’un simple jouet…

Après les poupées maudites au twist prévisible (oops, un démon ! Encore…), le film Imaginary choisit un autre jouet associé à l’enfance pour proposer un peu de frisson. Du dessin animé Winnie l’Ourson à l’irrévérencieux Ted,  le cinéma a souvent réimaginé le jouet symbolique de l’ours en peluche, mais rarement avec succès dans le genre de l’horreur, comme en témoignent les récents échecs tels que Five Nights At Freddy’s ou Winnie The Pooh: Blood and Honey.

Malgré une filmo horrifique peu réussie, le nouveau film de Jeff Wadlow (Nightmare Island, Action ou Vérité, Kick-Ass 2…), Imaginary se distingue en abordant le sujet avec originalité, flirtant avec la comédie noire et évitant habilement la facilité des possessions démoniaques. Bien que le film ne soit pas sans défauts, son exploration du pouvoir de l’imagination et des terrains sombres qu’elle peut engendrer offre une histoire intrigante.

Malheureusement, Jeff Wadlow reste trop attaché à un schéma narratif classique, émoussant ainsi ses tentatives de provoquer des frissons. L’histoire d’une famille emménageant dans une maison de famille, associée à un passé nébuleux de l’héroïne et à une enfant en quête d’affection, semble déjà vue et prédéterminée. Les rares tentatives de jumpscares ou de tension s’avèrent décevantes, tant le film reste prévisible. Imaginary semble payer le tribut d’un genre horrifique saturé, où les poupées maléfiques ont épuisé tous leurs ressorts.

Et pourtant, si le film de Jeff Wadlow ne convainc pas dans son pendant horrifique, l’histoire par contre devient intéressante en cours de route, lors d’un twist qui pourrait éveiller la curiosité du spectateur. Imaginary évite de s’engouffrer dans le format attendu de la possession démoniaque pour proposer une fable déviante sur l’imaginaire et le pouvoir de persuasion. En référençant peu subtilement le personnage Bing-Bong dans Vice-Versa, Imaginary explore l’envers du décor et ce qu’il en demeure après le passage à l’âge adulte, entre fascination sinistre et vague tempérament survivaliste.

C’est grâce à cette pointe d’originalité que le film de Jeff Wadlow sort du lot. Bien que la mise en abîme ne soit pas parfaite et que le montage utilise parfois des artifices un peu trop commodes, le film reste digeste, offrant un deuxième acte relativement dynamique et divertissant qui parvient à faire oublier l’attente de frissons initiale. Évidemment, il ne faudra pas être trop exigeant : dans la lignée de son Action ou Vérité, Jeff Wadlow taille dans le gras pour livrer un film accessible, mais perd de son attrait notamment à travers l’utilisation de ses personnages accessoires, quand ils ne sont pas totalement évincés en cours de route.

Au casting : DeWanda Wise (Jurassic World : Le Monde d’Après, Un Papa Hors Pair, Invasion…) et la jeune Pyper Braun forment un duo attachant, d’autant plus que la seconde rappelle les débuts de Lulu Wilson (Ouija : Les Origines, Annabelle 2…). Autour d’elles, des seconds couteaux plus ou moins accessoires, dont Taegen Burns (Les Petits Champions, The Gateway…), Betty Buckley (Preacher, Split…) ou encore Tom Payne (The Walking Dead, Fear of The Walking Dead…).

En conclusion, alors que j’en attendais pas grand chose (surtout après la stupidité effarante de Nightmare Island), le nouveau film de Jeff Wadlow a réussi à me surprendre en évitant les sentiers battus qui lui tendaient les bras. Imaginary explore le pouvoir de l’imagination dans un récit accrocheur, malgré une mise en abîme un poil trop classique pour réellement être marquant. À voir.

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