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[CRITIQUE] Nobody 2, de Timo Tjahjanto

Le pitch : Quatre ans après son affrontement avec la mafia russe, Hutch doit encore 30 millions de dollars et enchaîne les contrats d’assassinats pour rembourser sa dette. Épuisé et éloigné de sa femme Becca, il décide de partir en vacances en famille au Wild Bill’s Majestic, un parc d’attractions de l’Arkansas. Mais un accrochage avec des voyous locaux les met bientôt dans le viseur du directeur corrompu du parc et de son shérif véreux, jusqu’à attirer l’attention d’un criminel aussi dérangé que sanguinaire.

Quatre ans après le premier film, Hutch revient, plus cabossé que jamais. Nobody, réalisé par Ilia Naïchouller s’était imposé comme une petite bombe surprise, en transformant Bob Odenkirk, éternel Saul Goodman de Breaking Bad et Better Call Saul, en machine de guerre au quotidien grisâtre. Personne ne l’avait vu venir, et c’est justement ce décalage, celui du monsieur-tout-le-monde qui se révélait être une bête de combat, qui donnait au film son sel. Pour cette suite, c’est Timo Tjahjanto, cinéaste indonésien spécialiste de la castagne brutale (The Night Comes for Us…) et des segments V/H/S, qui prend la relève. Et autant le dire tout de suite : je n’ai pas été déçue.

Nobody 2 ne cherche pas à révolutionner la formule. Le film assume, au contraire, son statut de série B survitaminée, et double la mise : plus de bastons, plus de sang, plus d’humour noir. Quand certains blockbusters se perdent dans la surenchère, Timo Tjahjanto filme la violence avec une frontalité old-school, toujours claire, souvent jouissive, et parfois carrément cartoonesque. Le premier film de Ilia Naïchouller mélangeait action et ironie dans un esprit proche d’un John Wick, cette suite choisit une approche plus frontale, presque sauvage, sans jamais renoncer à l’humour noir qui permet de respirer entre deux éclaboussures de sang.

Le récit, plus resserré, offre aussi une tonalité étonnamment familiale et Nobody 2 surprend en s’attardant sur la cellule familiale. Hutch n’est plus seulement le justicier excessif qui sort de sa torpeur ; il est aussi un mari et un père qui tente désespérément de préserver un semblant de normalité. Les vacances dans un parc d’attraction pour retrouver son âme d’enfant et tenter de ressouder sa famille — idée d’un cliché absolu — deviennent le théâtre d’une apocalypse miniature où la violence contamine tout, jusqu’à transformer une bourgade estivale en champ de bataille. Cette ironie, chercher la tranquillité et ne trouver que la guerre, constitue le vrai moteur dramatique du film, ce qui lui permet d’échapper aux écueils habituels du film d’action classique et écervelé.

Bien sûr, Nobody 2 ne prétend pas à une quelconque profondeur thématique. C’est un film qui tape, qui tranche et qui rigole, sans chercher à faire semblant d’être autre chose. Mais c’est aussi ce qui fait son charme : en assumant son ADN de série B, le film ne triche jamais. Ici, pas de sur-explication ni de philosophie bancale sur ‘‘la violence nécessaire’’ : juste un spectacle brutal, sincère dans son jusqu’au-boutisme.

La réussite tient aussi au casting, aussi décomplexé qu’assumé : Bob Odenkirk (The Bear, Better Call Saul, Séduis-Moi Si Tu Peux…) confirme qu’il n’a rien perdu de son intensité physique, oscillant entre la lassitude et une rage froide. Connie Nielsen (Gladiator 2, Origin, Wonder Woman 1984…) bénéficie d’un rôle plus actif, loin du simple faire-valoir, tandis que Gage Munroe (American Girl, Tales of the Walking Dead…) tente de suivre les traces de son père de cinéma. On retrouve également Christopher Lloyd (Nobody, Mercredi…) en papy déjanté, ainsi que Robert “RZA” Diggs (Poker Face, The Dead Don’t Die…) en acolyte loyal.

Parmi les petits nouveaux, Colin Hanks (The Offer, Jumanji: Next Level…) et John Ortiz (Better Things, Ad Astra…) s’invitent à la faite, mais la meilleure des surprises reste l’apparition de Sharon Stone (The Disaster Artist, Happy Birthday…), en grande méchante, s’éclate dans un contre-emploi savoureux ! Complètement habitée en cheffe mafieuse grotesque et cruelle, elle apporte un contrepoint inattendu, méchante et réjouissante à la fois.

Au final, Nobody 2 réussit le pari de transformer une idée qui aurait pu s’essouffler en un pur rollercoaster d’action, nerveux et généreux. À voir, pour les amateurs du genre.

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