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[SÉRIE TV] Mercredi (Wednesday) Addams à l’école des weirdos

Le pitch : Mercredi Addams est envoyée par ses parents, Gomez et Morticia, au sein de la Nevermore Academy, à Jericho dans le Vermont, après avoir été une nouvelle fois expulsée d’un lycée. Nevermore est un établissement pour enfants particuliers, dirigé d’une main de fer par Larissa Weems, l’ancienne colocataire de Morticia lorsque toutes deux y étaient étudiantes. Mercredi doit alors appréhender cette nouvelle vie, tout en enquêtant sur une série de meurtres qui terrorisent Jericho et en essayant de maîtriser les visions qu’elle a depuis quelques mois.

Créée par Alfred Gough et Miles Milar
Avec Jenna Ortega, Gwendoline Christie, Jamie McShane, Riki Lindhome, Christina Ricci…
Disponible sur Netflix

Si vous n’avez vu ni les premières séries ni les films, en prises de vues réelles ou en animations, vous connaissez sûrement le thème musical marqué par ses fameux claquements de doigts. Créée en 1964 en tant que série télé, La Famille Addams est le portrait décalé d’une famille macabre et gothique, qui vit dans immense manoir flippant. À travers ce portrait, les créateurs de la série détournait avec humour (noir) le portrait de la famille idéale américaine de l’époque, grâce au contraste saisissant entre l’atmosphère lugubre et pince-sans-rire qu’ils entretiennent depuis les années 60.
65 épisodes de série, 2 saisons animées, un téléfilm et quatre films plus tard – notamment marqués par Anjelica Huston et Christina Ricci, La Famille Addams a retrouvé le grand écran après 25 ans d’absence avec le film d’animation éponyme réalisé par Conrad Vernon et Greg Tiernan sorti en 2019. Dans la foulée, une série en prise de vues réelles est annoncée, centrée sur Mercredi, l’aînée délicieusement sadique de la famille Addams, avec Tim Burton (Miss Peregrine et les Enfants Particuliers, Big Eyes, Dumbo…) en tant que réalisateur principal.

C’est donc avec une grosse attente que la série Mercredi (Wednesday, pour les anglophiles) a débarqué sur Netflix, réalisant le meilleur démarrage de la plateforme dès sa sortie (coiffant ainsi au poteau la quatrième saison de Stranger Things). C’est même devenu la deuxième série anglophone la plus vue de l’histoire de Netflix.
Et pour cause, la série se focalise autour d’un des personnages les plus emblématiques de la famille Addams, Mercredi dans une version en fin d’adolescence. L’héroïne, connue pour son sadisme légendaire contrasté par une loyauté sans faille pour sa famille, revient en détective en herbe alors qu’elle débarque dans une nouvelle école privé et reservée à d’autres étudiants un peu spéciaux.

Prenez l’univers de Tim Burton + celui de Harry Potter, mélangez puis claquez deux fois des doigts et vous obtiendrez Wednesday Addams à l’école des chelous. Ici pas de Serpentard, Gryffondor, Serdaigle ou autre Poufsouffle, les différentes castes de la série évolue à travers les mythes et légendes d’épouvantes avec des vampires, des gargouilles, loups-garous et autres sirènes qui ne feraient qu’une bouchée d’une certaine Ariel. En effet, le cinéma de Tim Burton est identifiable par son univers gothico-romantique, de personnages blafards et habillés tout en noir, ainsi que de créatures étranges et fantastiques. Autant dire que quand ces deux univers se rencontrent, la logique est tellement frappante que je me demande presque pourquoi cette association n’a pas eu lieu plus tôt !

La série surfe sur la personnalité un tantinet sociopathe de l’héroïne tout en cochant au vol les codes des teen dramas fantastiques  et autres projets « Young Adult ». Au cours d’une enquête peuplée de créatures en tout genre et enveloppée d’un mystère opaque, Mercredi se repait dans un univers sombre où la noirceur cohabite avec une fantaisie attrayante. La série aime associer des personnages aux antipodes, ainsi Mercredi rencontrera une camarade de chambre haute en couleurs, tandis que les émois de post-adolescents / jeunes adultes viendront animer le récit. 

Résultat, en quelques épisodes, la série détricote une intrigue sympathique où la différence est au centre, alors que les élèves d’une école pour gamins particuliers doit faire face à l’hostilité des Moldus, oups, pardon, des Normies. Une thématique sous-jacente toujours intéressante qui s’invite dans de nombreux films, séries ou livres estampillés « Young Adults » pour mieux fédérer leurs cibles et audience, pour mieux passer un message de tolérance, d’acceptation de soi et de passage à l’âge adulte. De plus, il règne une forte empreinte féministe dans la série, puisque la majorité des rôles importants sont portés par des personnages féminins, tandis que les quelques personnages masculins sont, au choix, des side-kicks, love interest, dangereux ou accessoires. Autant dire que pour une famille vieille de 84 ans, la série Mercredi embrasse une belle modernité

Romance, castes, pouvoirs et créatures fantastiques sont donc au rendez-vous, mené à la baguette par une héroïne à la personnalité étrange mais follement conquérante. Si l’ensemble n’est pas extraordinaire, la série est piquée par des moments fédérateurs qui donne envie d’en voir plus – comme le prouve la trend autour de la scène de danse originale et brillamment chorégraphiée, qui fait hommage à la jeune Mercredi incarnée par Lisa Loring dans la série des années 60. 

Forcément, dans un cadre aussi familier, Mercredi s’inscrit comme un bonbec acidulé qui se savoure sans effort. La patte de Tim Burton dans les premiers épisodes est un régal, et même si le reste de la famille Addams est quasiment absente, Mercredi répond aux attentes avec une première saison ni trop glauque ni trop légère. En fait, la série s’avère même plutôt prudente là où elle aurait pu aller plus loin dans la noirceur. En effet, La Famille Addams, comme son nom l’indique, reste un objet familial. Cependant, avec une héroïne comme Mercredi, connue pour son esprit à la fois malin et sadique, on aurait pu imaginer une série plus osée, surtout avec une introduction aussi mordante (la scène des piranhas). Peut-être que la prochaine saison osera aller plus loin dans le fantastique et les codes de l’horreur ?

Au casting, si le choix de Jenna Ortega (You, Scream, The Babysitter: Killer Queen…) a été controversé par quelques crétins, l’actrice parvient à interpréter une Mercredi fascinante, aussi caustique qu’attachante, tout en réussissant à extraire des émotions derrière son masque composé d’indifférence. Une performance saluée par une nomination aux Golden Globes, par ailleurs. Autour d’elle, une cohorte de jeunes acteurs dont on remarquera surtout la pétillante Emma Myers (The Glades…), la camarade de chambre loup-garou multicolore, Joy Sunday (Good Trouble…), intéressante en sirène partagée entre sa popularité, son héritage et une certaine fragilité qui déstabilise son rôle d’anti-mean girl, tandis que Percy Hynes White (The Gifted…) et Hunter Doohan (Your Honor…) se disputent l’intérêt de Mercredi. 

Cotés adultes, si Catherine Zeta-Jones (Prodigal Son, Feud…) et Luis Guzmán (Shameless, Narcos…) – qui remplace Johnny Depp au pied levé, au passage – font quelques apparitions, Gwendoline Christie (Sandman, Game of Thrones…) tombe l’armure et Riki Lindhome (Lego Batman, Another Period…) sème le trouble. C’est surtout la présence de Christina Ricci (Yellowjackets, Matrix Resurrections…), la Mercredi des films des années 90, qui vient compléter l’ensemble. 

En conclusion, l’univers de la famille Addams et la vision principale de Tim Burton crée une série sympathique, avec une juste dose de noirceur et de comédie pour maintenir en appétit. Vivement la suite.

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