Fun, sanglant et assumé, Wedding Nightmare est la bonne surprise horrifique de cette fin d’été qui mêlent survival et comédie noire dans un cocktail haletant et original. Le duo Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin signe un film abouti et mordant, partant d’un principe assez simple mais finalement très efficace et savoureusement méchant. Amateurs d’hémoglobine et d’humour noir, Wedding Nightmare propose une version cauchemardesque de la nuit de noces.
Le pitch : La nuit de noces d’une jeune mariée tourne au cauchemar quand sa riche et excentrique belle-famille lui demande d’honorer une tradition qui va se révéler meurtrière et où chacun luttera pour sa survie.
Après Action ou Vérité, c’est au jour d’un autre jeu anodin d’être transformé en terrain de jeu sanglant au service de l’angoisse. Je n’en dirai pas plus sur la nature du jeu, car j’ai découvert le film Wedding Nightmare sans avoir même regardé la bonne annonce et je vous conseille la même expérience. Si vous avez déjà fauté, ce n’est pas grave, car même si internet en révèle un peu trop à mon goût le film de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin réserve pas mal de surprises et de rebondissements rafraîchissants pour permettre au public de s’amuser tout en étant rongé par le suspens.
Après des premiers pas maladroits dans le genre, avec les méconnus V/H/S et 666 Road ou encore The Baby (2014), les réalisateurs Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin reviennent avec un film plus maîtrisé et ambitieux. À travers une introduction mystérieuse, Wedding Nightmare présente le couple central du film, prêt à se marier et anxieux – évidemment pas pour les mêmes raisons. Sous couverts de tradition au sein d’une famille qui a construit sa richesse sur les jeux de société, la nouvelle mariée va devoir subir une épreuve des plus étranges qui va rapidement virer au massacre alors que sa vie sera littéralement mise en jeu.
L’installation parvient à créer une ambiance incertaine où l’allégresse du mariage est entachée par l’attitude étrange de certains, entre un cynisme et une noirceur bien présents. Le film nous emmène sans effort jusqu’au twist avant de lancer la partie, portée par une héroïne goguenarde qui ne réalise pas encore le danger.
Alors que je m’attendais à un survival classique sur les traces du film You’re Next d’Adam Wingard (2012), j’ai été surprise par la façon dont Wedding Nightmare évite les pièges attendus. Généralement, il y a deux options dans un survival : soit le ou les héros font des choix crétins et ne font qu’empirer les choses entre panique et stupidité, soit le ou les héros qui n’ont jamais tué auparavant se transforme en machine de guerre en une seconde.
Ici, le film de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin s’attache à garder un semblant de normalité dans la folie dégénérée qui s’intensifie de minute en minute. Oscillant entre une proie à fleur de peau et une famille prête à tout, Wedding Nightmare tisse une narration marquée un second degré aussi drôle que féroce, permettant aux personnages de nous embarquer dans leurs missions – aussi dingues soient-elles. De plus, le film soulève plusieurs questions : au-delà de l’issue du film, d’autres sous-intrigues et autres personnages secondaires viennent étoffer le danger, rendant la conclusion toujours plus incertaine – notamment sur l’aspect paranormal ou non du film – et donc plus accrocheur.
Malgré un léger ventre mou en milieu de film, Wedding Nightmare est sacrément efficace : les personnages sont certes des clichés sur patte, mais le film assume son caractère exagéré et impitoyable, dressant une critique acide sur le pouvoir, la cupidité et la déshumanisation des plus riches. Je pourrais même aller jusqu’à y voir une critique à l’encontre d’un certain président qui a obtenu la notoriété aussi bien en tant qu’homme d’affaire que producteur d’une télé-réalité où les candidats finissaient par s’écharper pour obtenir ses faveurs… Mais BON, ce n’est potentiellement pas le sujet 🙂
Dans tous les cas, l’originalité de l’intrigue ainsi que le suspens avide qui prend aux tripes incognito rendent l’ensemble suffisamment captivant et surprenant pour être efficace. Le duo Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin réussit, enfin, à livrer un film abouti, mixant aussi bien les codes du survival sanglant à la comédie noire, alliant cynisme et méchanceté assumée à une crise de nerfs inévitable et libératrice.
Au casting, c’est la jeune Margot Robbie Samara Weaving (Picnic at Hanging Rock, La Baby-Sitter, Three Billboards : Les Panneaux de la Vengeance…) qui porte le film, rayonnante dans sa belle robe blanche (au début) et surtout convaincante tout au long du film. Autour d’elle, on retrouve quelques visages connus – et oubliés du grand écran, parfois : Adam Brody (Shazam!, Jamais Entre Amis…) en beau-frère désabusé ou encore Andie MacDowell (Retour à Cedar Cove, Magic Mike XXL…) en belle-mère énigmatique et désolée. À l’affiche aussi, on remarquera Mark O’Brien (Darkest Minds : Rébellion, Sale Temps à l’Hôtel El Royale…), le mari déchiré entre amour et tradition, tandis que le reste du casting compte Henry Czerny (Sharp Objects…), Melanie Scrofano (Wynonna Earp…) ou encore Elyse Levesque (The Originals…) pour compléter un ensemble électrique – la plus perchée restant Nicky Guadagni qui incarne un personnage excessif mais tout de même délirant.
En conclusion : jubilatoire et palpitant, Wedding Nightmare est savoureusement cruel et décalé, cela faisait longtemps que je n’avais pas autant eu envie de voir un personnage s’en sortir ! À voir.