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10 réalisatrices pour la Journée Internationale des Droits des Femmes

Agnès Varda (1928 – 2019)

Cette année, pour la journée internationale des droits de la femme – ou la journée de la femme, comme on aime (ou pas) le raccourcir, je vous propose de découvrir quelques réalisatrices qui ont su faire leur place dans une industrie encore très masculine. Depuis l’affaire Weinstein et le scandale #MeToo, l’absence de réalisatrice(s) aux cérémonies prestigieuses telles que les Oscars se fait de plus en plus remarquer. Et pourtant, il y en a quelques-unes qui œuvrent près de la lumière, bien avant que ce soit à la mode.
Certaines ne font que passer, d’autres acceptent tout et n’importe quoi dans l’espoir de se faire remarquer… mais une poignée a une voix et ne se contente pas de faire du politiquement correct pour cachetonner (hello Greta Gerwig). Américaines, françaises, anglaises, japonaises… Les réalisatrices sont partout et prouvent que les femmes peuvent aussi parler d’autres choses que de plate romance ou de mode, voire même faire des films avec une sacrée paires d’ovaires ! Notons de plus que cette année super-héroïques est largement portée par des femmes : Cathy Yan pour Birds of Prey, Patty Jenkins pour Wonder Woman 1984 ou encore Chloe Zhao pour The Eternals.

Qui sont ces femmes qui suivent les traces d’Alice Guy, la première femme réalisatrice (La Fée aux Choux, 1896) ?

Voici quelques noms à retenir et à explorer pour étoffer sa culture ciné :

*** INTERNATIONALES ***

Sofia Coppola, la mélancolique

Si Sofia Coppola est une « fille de » (Francis Ford Coppola), elle a su se faire remarquer dès ses débuts avec ses films à la fois mélancoliques, poétiques et sensibles. Chouchoute du Festival de Cannes, oscarisée et même césarisée, la réalisatrice a déjà six films au compteur et un style reconnaissable à travers ses ambiances poudrées et solaires, ainsi que ses héroïnes blondes – à une exception près (The Bling Ring, en 2013). Sofia Coppola a peut-être démarré trop fort trop vite en commençant aussi bien, mais j’ai tout de même une tendresse pour l’insolence régressive et gourmande de Marie-Antoinette (2006) et son remake capiteux du film Les Proies (2017). J’ai hâte de découvrir son prochain projet, On The Rocks, prévu cet année.
Pour la découvrir : Virgin Suicides (1999) et Lost In Translation (2003)
On évitera tout de même Somewhere (2010) : malgré la présence de la jeune Elle Fanning, ce film reste une sortie de route inefficace.

***

Kathryn Bigelow, la dénonciatrice

Autre réalisatrice restée injustement dans l’ombre d’un homme (James Cameron), Kathryn Bigelow n’a jamais eu besoin de l’aura d’Avatar pour conquérir l’industrie et se faire entendre. Elle dénonce et ose à travers des films musclés, qu’elle parte sur les traces (ensanglantées et inhumaines) de la traque de Ben Laden ou en levant le voile de la discrimination sur les émeutes de Détroit en 1967. Kathryn Bigelow signe des films musclés qui n’ont rien à envier à des projets similaires portés par des réalisateurs masculins et a d’ailleurs signé un des films cultes des années 90 : Point Break. Le saviez-tu ? Maintenant c’est fait.
Pour la découvrir : Point Break (1991), Démineurs (2009) et Zero Dark Thirty (2012 – pour un public averti).

***

Angelina Jolie, l’indépendante

Actrice glamour au passé sulfureux, la vie d’Angelina Jolie a pris un tournant radical lors du tournage de Tomb Raider au Cambodge. Depuis assagie, mère et ambassadrice à l’ONU, Angelina Jolie a mis en pause sa carrière pour passer derrière la caméra et réaliser des projets plus personnels et… plutôt discret. Son premier film, Au Pays du Sang et du Miel (2012) raconte une histoire d’amour presque Shakespearienne sur fond de guerre de Bosnie, dénonçant au passage le traitement des prisonnières de guerre. Une sortie intimiste qui n’engendrera qu’à peine un million de dollars, mais ce n’est pas ce qui va l’arrêter. Angelina Jolie tente l’aventure hollywoodienne, plus lucrative, pendant un temps avec un scénario des Frères Coen, Invincible (2014), mais retourne vite à des projets plus intimistes que ce soit avec son futur ex-mari pour Vue Sur Mer (2015) ou en collaboration avec Netflix pour D’abord Ils Ont Tué Mon Père (2017), l’adaptation de l’autobiographie de Loung Ung. Loin de la quête d’une renommée en tant que réalisatrice, Angelina Jolie préfère s’investir dans des projets qui lui tiennent à cœur, quitte à apprendre sur le tas. D’ailleurs, la différence de mise en scène entre son premier et son dernier film est bien visible.
Pour la découvrir : Au Pays du Sang et du Miel (2012)

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Naomi Kawase, la sublimatrice

Réalisatrice japonaise, Naomi Kawase est aussi à l’aise dans la fiction qu’en réalisant des documentaires. Avec une filmographie bien remplie depuis 30 ans, la réalisatrice filme le Japon, son Histoire et son histoire personnelle, entre origines et culture. Sa caméra sublime le quotidien, part à la rencontre de personnages sur fond de drames contemplatifs, parfois féministes ou simplement humains. Ses œuvres sont doucereuses et marquées par un besoin de combler le manque potentiellement laissé par l’abandon qu’elle a vécu enfant.
Pour la découvrir : Shara (2003), ou plus récents Still Water (2014) et Les Délices de Tokyo (2015), également : le documentaire Naissance et Maternité (2006)

***

Andrea Arnold, l’irrévérencieuse

La réalisatrice anglaise Andrea Arnold a ses entrées à Cannes. Et pour cause, les trois films qu’elle y a présenté ont toujours été récompensés par le prix du Jury. Ses personnages sont issus de la classe moyenne, voire même plus bas, souvent en quête d’identité et prêtes à prendre des risques insolents. Andrea Arnold observe les white trash dans des films souvent grinçants, de l’adolescente énervée prête à donner des coups de boules à tout le monde à la jeune femme en fuite sur les routes américaines, en passant la sexualité, la drogue, l’explicite, le manque de solidarité entre femmes et évidemment ces hommes qui se servent et souvent abusent. Ses films ne laissent pas indifférents, surtout quand on y découvre un jeune Michael Fassbender débordant de sex-appeal (woopsie).
Pour la découvrir : Fish Tank (2009) et American Honey (2016). A noter qu’elle a réalisé 7 épisodes de la série Big Little Lies en 2019.

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Ava DuVernay, la minorité dans la minorité

Pour cet article, j’ai cherché des réalisatrices Noires autre qu’Ava DuVernay. Force est de constater qu’Ava DuVernay est probablement la réalisatrice de cinéma Noire la plus connue du moment, malgré le four hallucinant qu’a été Un Raccourci dans le Temps. Mais l’ignorer, ce serait nier l’impact important de ses films, Selma (2014) notamment et surtout sa mini-série Netflix Dans Leurs Regards.
Pour la découvrir : Selma (2014)
Autres représentantes de la communauté noire : Issa Rae et sa série géniale Insecure (HBO) et Lena Waithe, co-scénariste de la série Master of None et scénariste à part entière de l’excellent film Queen & Slim.

*** FRENCHIES ***

Maïwenn, la « thérapiste »

Fille de, Maïwenn Le Besco efface son patronyme et chouchoute ses névroses à travers des drames aussi intimistes que puissants, quand ils ne sont pas tout simplement bouleversants. Des relations familiales aux amours perverses, en passant par le métier d’actrice sans le faste et l’uppercut incroyable qu’était Polisse (2011), Maïwenn livre des tranches de vie saisissantes de réalisme, un réalisme encore plus criant quand elle joue la carte de la fiction. Entre névroses et chaos, la réalisatrice se livre chaque fois un peu plus en tant que femme et semble réussir à se trouver au passage, faisant de son cinéma sa propre thérapie mais aussi un témoignage souvent bouleversant et accessible.
Pour la découvrir : Le Bal des Actrices (2009) et Mon Roi (2015).

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Mélanie Laurent, la drama queen

Il y a quelques années, on aurait pu assimiler Mélanie Laurent à la lignée des Léa Seydoux, à cause de sa blondeur, l’absence de signe de vie sur sa « resting bitch face » permanente et, avouons-le, un talent parfois discutable. Et puis Mélanie Laurent est passée derrière la caméra. Après un premier film clairement déprimant mais solide, Les Adoptés en 2011, l’actrice se confirme en réalisatrice avec son second long-métrage puissant sur les amitiés toxiques, Respire (2014). Entre documentaire engagé (Demain en 2015) et collaboration outre-atlantique (Galveston), Mélanie Laurent s’est faite une place discrète, certes, mais certainement remarquée parmi les réalisatrices françaises à suivre.
Pour la découvrir : Les Adoptés (2011) et Respire (2014)

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Céline Sciamma, l’engagée

Fraîchement oscarisée, Céline Sciamma est une cinéaste incontournable qui a su représenter la communauté LGBT+ sans la stigmatiser. Ses films sensibles et conquérants observent les premiers émois, les prises de consciences et les sujets tabous avec une finesse rare. De Naissance des Pieuvres (2007) au récent Portrait d’une Jeune Fille en Feu, Céline Sciamma livre des pépites discrètes, sans chercher la revendication, simplement en donnant une voix à une communauté trop souvent caricaturée. Egalement scénariste, elle a œuvré aux cotés d’André Téchiné et Claude Barras pour, respectivement, Quand on a 17 ans et le sublime mais douloureux Ma Vie de Courgette.
Pour la découvrir : Tomboy (2011) mais on évitera Bande de Filles, la sortie de route de sa filmographie.

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Lisa Azuelos, la romantique (mais pas que)

Parmi toutes les réalisatrices sus-citées, il y a beaucoup de femmes qui utilisent leurs plateformes pour livrer des messages fédérateurs, difficiles et/ou importants. Mais ne nous mentons pas, les sujets plus légers font du bien aussi, surtout quand la réalisatrice parvient à écumer des sujets faussement légers avec une telle authenticité attachante. Son premier film solo, Comme T’y Es Belle ! (2006) fait partie de mes feel-good movies. Lisa Azuelos met en avant des femmes indépendantes, certes, mais aussi des femmes amoureuses ou en quête d’amour, aussi des mères et des relations mère-fille accessibles. Et son biopic Dalida est d’une justesse admirable. Alors oui à la légèreté, oui aux rires, aux romances clichées et aux larmes.
Pour la découvrir : Comme T’y Es Belle ! (2006), LOL (2008 pour la version française, on évitera la version US) et Dalida

***

D’autres réalisatrices à découvrir et à suivre :

Jane Campion avec La Leçon de Piano ; Patty Jenkins avec Monster ; Jodie Foster avec Money Monster ; Agnès Jaoui avec Le Goût des Autres ; Catherine Corsini avec Partir ; Julie Delpy avec 2 Days In Paris ; Anne Fontaine pour La Fille de Monaco ; Emmanuelle Bercot avec La Tête Haute

De nouvelles réalisatrices au premier succès prometteur :

Maren Ade avec Toni Erdmann ; Houda Benyamina avec Divines ; Julia Ducournau avec Grave ; Deniz Gamze Ergüven avec Mustang ; Coralie Fargeat avec Revenge ; Jeanne Herry avec Elle l’Adore ; Mati Diop pour Atlantique

Et vous, quelle réalisatrice suivez-vous ?

>>> 5 films pour la Journée Internationale de la Femme
>>> 5 Films pour la journée internationale de la Femme – vol. 2

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