
Le pitch : En 1956, à Tarascon dans le sud de la France, un prêtre est assassiné. Un mal se répand. Sœur Irène se retrouve une fois de plus face à la force démoniaque Valak, la Nonne.
Introduite dans le film Conjuring 2 – Le Cas Enfield (2016), la nonne maléfique Valak a déjà eu droit à un premier film en 2018 réalisé par Corin Hardy. Malheureusement, après la mise en bouche signée James Wan, le film La Nonne a été une sacrée douche froide, reposant essentiellement sur les apparitions fantomatiques du démon, des personnages à l’épaisseur d’un filtre à café et une histoire palôtte. Pourtant, grâce à la curiosité du public (moi la première), le film La Nonne fait un score honorable au box-office, avant d’être rattrapé par la critique globalement négative des spectateurs. Cela a donc suffit à mettre en branle une suite, soit le neuvième film du Conjuringverse : La Nonne 2 : La Malédiction de Sainte-Lucie, cette fois réalisé par Michael Chaves (La Malédiction de la Dame Blanche, Conjuring 3 : Sous L’Emprise du Diable…).

L’histoire reprend cinq ans après les faits du premier film, proposant plusieurs tableaux pour monter un puzzle intrigant. Entre la mort graphique d’un prête et les retrouvailles à l’écran avec Sœur Irène et Maurice, aka Frenchy, La Nonne 2 : La Malédiction de Sainte-Lucie distille habilement une ambiance sombre et mesurée par des jumpscares souvent inventifs et efficaces. L’ombre de la nonne parvient toujours à hérisser les poils, au fur et à mesure que la menace prend forme, liant plusieurs groupes de personnages dans son sillage.
Michael Chavez a choisit des lieux et des décors communs et souvent visités dans les films d’horreur : le pensionnat catholique, les églises sombres et les rues désertes de villages français et roumains prennent une tonalité inquiétante alors que le film évolue dans une atmosphère lugubre et souvent nocturne. Il en faut donc peu pour rendre chaque tableau gentiment inconfortable. Là où le premier film avait traîné la patte avant de nous plonger dans le vif du sujet, La Nonne 2 : La Malédiction de Sainte-Lucie met rapidement en abîme la figure sinistre de cette nonne maléfique, dont les multiples jumpscares rythment un ensemble bien plus dynamique que le premier opus.

Le film de Michael Chaves, à l’instar des premiers films Conjuring signé par James Wan, ne brille pas vraiment par son originalité. Si les plus sensibles sursauteront en rythme à chaque apparition de la nonne, la plupart des effets sont si téléphonés que les habitués ne parviendront même pas à sourciller. Cependant, j’ai apprécié les efforts sur La Nonne 2 : La Malédiction de Sainte-Lucie, par rapport à un premier opus terriblement soporifique. Là où le film patauge, c’est finalement dans l’absence de crédibilité de ses personnages et un montage trop hâtif qui ne permet ni de savourer une quelconque tension ni d’en digérer les effets. Tout va très vite, certaines mises à mort sont balayées d’une scène à l’autre et malgré ses efforts, La Nonne 2 : La Malédiction de Sainte-Lucie peine à masquer les creux scénaristiques et de mises en scène. Et surtout, le film ne laisse finalement aucune place au mystère de manière générale, tant le déroulé est prévisible à chaque minute.

Récemment, des films comme Le Dernier Voyage du Demeter, La Main, Le Croque-Mitaine et même Insidious : The Red Door semblaient retrouver le goût de la mise en place lancinante avant d’asséner le coup de flippe. Avec Michael Chavez, l’impression de rétro-pédaler vers du teen horror movie préfabriqué se fait sentir, alors que le réalisateur tricote un storytelling parfois expédié et criblé de trous qui fragilisent les efforts visibles de proposer un meilleur film que le premier opus. L’histoire oublie souvent son postulat de base et tombe dans le piège de la facilité pour raccrocher ses wagons. Du coup, les ratés sont bien plus visibles : la fin des années 60, par exemple, qui ne permet pas de voyager d’un pays à l’autre aussi facilement, le pensionnat immense hanté par seulement une demi-douzaine d’élèves et une unique professeure ou encore la nuit éternelle qui ne s’accorde pas avec la chronologie des événements.

C’est dans ces petits détails que le film de Michael Chavez ne parvient pas à être la terreur annoncée : tout va trop vite, l’ensemble parait incomplet et les personnages principaux manquent de conviction.
En effet, si La Nonne 2 : La Malédiction de Sainte-Lucie parvient bien à faire le lien avec le premier film et le retour de Valak ; difficile néanmoins de s’attacher au sort des personnages, soit parce qu’ils ne sont pas suffisamment attachant, soit parce que nous savons déjà que le couple Warren aura affaire à ce même démon quelques années plus tard. Un coup d’épée dans l’eau, donc…

Au casting justement, Taissa Farmiga (American Horror Story, Le Monde de John, La Mule…) et Jonas Bloquet (Tirailleurs, Filles de Joie, La Nonne…) se retrouvent et leurs personnages sont un poil plus étoffés. La première a abandonné son air constamment effaré, le second a quitté ses airs de playboys de seconde zone, malheureusement leurs personnages sont emballés dans une forme de tiédeur inachevée qui les rend accessoires. Autour d’eux, Storm Reid (The Last of Us, The Suicide Squad, Invisible Man…) a toujours le charisme d’une carpe et ne parvient pas à donner le change, Anna Popplewell (Le Monde Narnia, Reign…) se fait voler la vedette par jeune Katelyn Rose Downey (aucun rapport avec Robert). Bonnie Aarons reprend les traits de la nonne.
En conclusion, le premier film étant une bouse sans nom, je n’attendais rien de cette suite. J’ai finalement été agréablement surprise par La Nonne 2 : La Malédiction de Sainte-Lucie, qui propose un objet plus solide et plus rythmé. Le frisson est au rendez-vous pour les plus sensibles, grâce à une avalanche de jumpscares bien sentis, tandis que les plus endurcis pourront se divertir devant le film de Michael Chavez. C’est déjà ça ! À voir.

PS : une scène bonus se cache dans le début du générique final.
