Le pitch : Que s’est-il passé à bord du vol Dubaï-Paris avant son crash dans le massif alpin ? Technicien au BEA, autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile, Mathieu Vasseur est propulsé enquêteur en chef sur une catastrophe aérienne sans précédent. Erreur de pilotage ? Défaillance technique ? Acte terroriste ? L’analyse minutieuse des boîtes noires va pousser Mathieu à mener en secret sa propre investigation. Il ignore encore jusqu’où va le mener sa quête de vérité.
4 ans, pandémie incluse, après Burn Out, Yann Gozlan (Captifs, Un Homme Idéal…) revient avec son quatrième long-métrage, Boîte Noire. Si le pitch semble faire écho à l’excellent Chant du Loup d’Antonin Baudry (2019), Boîte Noire s’inscrit plus comme un polar psychologique où notre héros est à la fois confronté à ses failles mais aussi à une enquête qui va changer la perception de son entourage proche et professionnelle.
Le sujet est inédit et donc fascinant, puisque le film s’articule autour de la sécurité aérienne en romançant le BEA (Bureau d’Enquête et d’Analyse pour la sécurité de l’aviation civile) à travers un crash mortel et le métier d’acousticien. Yann Gozlan parvient à suffisamment simplifier le sujet pour permettre au spectateur d’être mis dans le bain sans effort avant de prendre part à l’intrigue, notamment grâce au point de vue constant du héros. En effet, Boîte Noire nous guide via la conscience d’un employé, partagé entre sa quête de vérité et son besoin, plus enfoui, de reconnaissance. Au fur et à mesure que le film avance, Yann Gozlan soulève des énigmes toujours un peu plus denses et multiplie les pistes pour mieux attiser la curiosité…
Et ça marche. Malgré ses longueurs notables, j’ai été captivé par Boîte Noire, d’une part parce que le sujet est intéressant, puisque le film lève en partie le voile sur le système de validation des nouveaux avions à mettre sur le marché ainsi que le lien étroit (et dangereux) avec les marchands aéronautiques – tout en gardant une approche romancée qui se fond parfaitement dans le récit. D’autre part, parce que Yann Gozlan nous happe dans le parcours d’un héros imparfait, doublant de ce fait l’intrigue puisqu’on finit aussi bien par s’interroger sur les raisons du crash que sur la santé mentale du personnage principal. Autant dire que Boîte Noire n’est pas fait pour rassurer les aviophobes
Entre thriller et polar, Boîte Noire explore la paranoïa et le complot dans un sujet hyper accessible, ce qui rend l’ensemble à la fois captivant et, avouons-le, un peu inquiétant. Cependant, malgré ses qualités, on retrouve encore certains défauts d’écriture de Yann Gozlan qui, une fois les enjeux du film posés, a tendance à faire trainer l’intrigue dans un scénario souvent contemplatif et plat, ce qui crée souvent des creux en cours de route : on sent passer les deux heures du film, tant on ressent le fait d’y assister et non de le vivre. Ceci étant dit, c’est le premier film de Yann Gozlan où je n’ai pas été déçue par la fin.
Au casting, Yann Gozlan fait de nouveau appel à Pierre Niney (Amants, Deux Moi, Sauver ou Périr…), excellent comme souvent, qui interprète le héros du film à mi-chemin entre une paranoïa dévorante et une quête de vérité presque maladive. A ses coté, on retrouve une Lou de Laâge (Blanche Comme Neige, Respire…) convaincante dans un rôle glacé, tandis que Sébastien Pouderoux (Le Discours, Maryline…) et André Dussollier (Mauvaises Herbes, Chez Nous…) complètent l’ensemble principal, avec un Olivier Rabourdin (Benedetta, Burn Out…) brusquement rare.
En conclusion, Boîte Noire s’inscrit comme le polar français de la rentrée : captivant et porté par un Pierre Niney excellent, le film de Yann Gozlan parvient à faire oublier ses longueurs grâce à un récit à la fois intéressant et palpitant. À voir.