Drame, Thriller

[CRITIQUE] Là Où Chantent Les Écrevisses, d’Olivia Newman

Le pitch : Kya, une petite fille abandonnée, a grandi seule dans les dangereux marécages de Caroline du Nord. Pendant des années, les rumeurs les plus folles ont couru sur la « Fille des Marais » de Barkley Cove, isolant encore davantage la sensible et résiliente Kya de la communauté. Sa rencontre avec deux jeunes hommes de la ville lui ouvre un monde nouveau et effrayant ; mais lorsque l’un d’eux est retrouvé mort, toute la communauté la considère immédiatement comme la principale suspecte. A mesure que la vérité sur les événements se dessine, les réponses menacent de révéler les nombreux secrets enfouis dans les marécages.

Après son premier film sorti sur Netflix, Mon Premier Combat, en 2018, la réalisatrice Olivia Newman adapte le roman de Delia Owens, Là Où Chantent Les Écrevisses. Dans ce thriller trouble, qui mêle les paysages naturels de l’Amérique profonde à une romance poétique sur fond de meurtre, Là Où Chantent Les Écrevisses s’empêtre dans un récit bien trop romanesque et propret pour être crédible.

Le film déborde de mélo pour nous attacher à son personnage principal, du départ de ses parents jusqu’au portrait d’une gamine débrouillarde. La carte de la victime innocente est brandie si haut et fort que j’ai eu du mal à croire à son histoire, surtout qu’une fois à l’âge adulte, la gentille mais crasseuse Cosette est devenue une jeune femme, illettrée, certes, mais propre, épilée comme la société le demande, joliment habillée et au cheveu sauvage savamment travaillé. Vraiment, elle vit dans les marais seule depuis ses dix ans ? J’ai de gros doutes. Ajoutons à cela un prince charmant qui passe par là par hasard et une histoire d’amour champêtre et Là Où Chantent Les Écrevisses n’en finit plus de me faire rouler des yeux.

L’ensemble est lent et contemplatif, rempli de creux et de personnages qui s’observent, tous commentant ou prenant partie pour une sombre affaire de meurtre énoncer au début, dont on se fiche durant les 3/4 du film. Cela devait fonctionner dans le livre de Delia Owens, dont les mots devaient mieux dépeindre les émotions et l’environnement dans lequel évoluent les personnages, mais à l’écran, Olivia Newman étire la narration comme s’il fallait aligner l’épaisseur du livre (480 pages) à la longueur du film. Il ne reste qu’une intrigue pâlichonne, égrenant tous les clichés possibles pour nous faire pencher en faveur de la jeune héroïne, abandonnée par ceux qu’elle aiment. Le film s’éparpille, se rallonge et n’en finit plus de repousser l’ultime révélation, qui arrive, lasse, dans la toute dernière minute [SPOILER : c’est bien elle qui a tué Chase].

Seul élément qui sauve un peu le film, sans pour autant captiver jusqu’au bout : les paysages et décors naturels sont superbes. Tourné en Louisiane, Là Où Chantent Les Écrevisses baigne dans une lumière douce et ensoleillée, venant souligner l’authenticité de personnages imaginés sans faste ni artifice. Même si on ressemble l’ambiance campagnarde, la caméra d’Olivia Newman évite de mettre l’accent sur le coté péjoratif et potentiellement white trash de ses personnages, pour n’en garder que la simplicité et la chaleur accueillante – et pourtant chauvine *tousse* – du Sud des États-Unis.

Au casting : plébiscitée depuis la série Normal People, Daisy Edgar-Jones (Sur Ordre de Dieu, Fresh…) reprend un rôle similaire où la discrétion flirte avec la fadeur. Interchangeables, Taylor John Smith (Sharp Objects, You Get Me…) et Harris Dickinson (The King’s Man: Première Mission, Maléfique : Le Pouvoir du Mal…) se confondent à l’image, tandis que Michael Hyatt (Une Affaire de Détails, Night Call…) et David Strathairn (Nightmare Alley, Nomadland…) tentent d’apporter du coeur à l’histoire.

En conclusion : beaucoup de déception dans ce thriller au dénouement prévisible et éteint. Malgré son ambiance estivale et calfeutrée, Là Où Chantent Les Écrevisses ennuie plus qu’il n’enchante. À éviter.

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