Drame, Romance

[COUP DE CŒUR] Empire of Light, de Sam Mendes

Le pitch : Hilary est responsable d’un cinéma dans une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe…

Les amours tourmentées et la guerre semblent être les deux sujets de prédilection de Sam Mendes, en dehors de ses escapades Bondiennes. En effet, si le réalisateur britannique a réalisé Skyfall et 007 Spectre, il est aussi à l’origine de pépites comme American Beauty (dont il a reçu, entre autres récompenses, l’Oscar du Meilleur Réalisateur), Jarhead, Les Noces Rebelles ou encore Away We Go.  Cependant, Empire of Light est seulement le deuxième film, avec 1917 (sorti en 2019) dont il signe le scénario. Et on ne le remerciera jamais assez !

Empire of Light est une superbe découverte, qui donne des étoiles dans les yeux et des coups au cœur. L’incroyable performance d’Olivia Colman éblouit une fois de plus, dans le rôle de cette femme ordinaire, à la fragilité palpable, qui se redécouvre de manière inattendue auprès de son nouveau collègue. Avec toute la délicatesse polie et frémissante d’une romance britannique et le poids d’une époque trouble, le film de Sam Mendes propose une parenthèse à la fois sincère et enchanteresse à ses personnages. Mais rapidement, la réalité va les rattraper quand les émotions deviendront trop envahissantes, dévoilant ainsi la carte maitresse du film.
Bien que quelques creux narratifs puissent être ressentis et que les thèmes soient légèrement dispersés, le film brille comme un chef-d’œuvre bouleversant sur l’amour, la fragilité mentale et les aspirations profondes qui animent tant d’âmes en ce monde.

La photographie du film joue le rôle de véritable conteur, utilisant une palette de couleurs simple mais méticuleusement utilisées, allant du bleu mélancolique au jaune vibrant, pour finalement se fondre un vert plein d’espoir. Cette variation chromatique captive et complète le récit en mettant en avant les émotions et les changements intérieurs des personnages.

Pour décors, Sam Mendes choisit principalement un cinéma et y transpose également sa vision de cet art et la façon dont il peut être interprété. Dans Empire of Light, il s’agit d’un échappatoire, une porte vers la réconciliation avec la vie, à l’opposé de l’appartement de l’héroïne et l’atmosphère qui y règne (à découvrir dans le film). Le réalisateur explore des sujets complexes, comme le maladie mentale et le racisme, en mettant en lumière la fragilité des personnages dans un monde impitoyable, où l’exploitation de l’autre, l’indifférence et le rejet sont monnaie courante. Cette toile complexe offre une vision à la fois poignante et troublante de la condition humaine.

Empire of Light est l’histoire d’une rencontre entre ces âmes en suspens, résonnant comme un éclat d’espoir au milieu de l’obscurité. L’étincelle de vie qu’elles s’apportent mutuellement est le moteur qui les pousse à poursuivre, à chercher le sens et la chaleur dans un univers parfois froid et indifférent. Cependant, le film souffre d’une dispersion thématique. Passant d’un sujet à l’autre, il aurait peut-être mieux valu choisir une voie plus précise plutôt que de se laisser entraîner dans une multitude de directions. Cette fragmentation limite par moments la profondeur des thèmes abordés.
Délicat et so british, le film de Sam Mendes explore des émotions profondes sans pour autant se laisser submerger par elles, offrant ainsi une expérience cinéma à la fois subtile et puissante.

Au casting, comme dit plus haut, Olivia Coleman (La Favorite, The Crown, The Father, Heartstopper…) est grandiose et superbe dans toutes les facettes de son personnage poignant. À ses cotés, Michael Ward (The Old Guard, The A List…) est une jolie découverte, apportant son lot de sensibilité et de solidité au récit. À l’affiche également, on retrouve un Colin Firth (Bridget Jones Baby, Le Retour de Mary Poppins, The Staircase…) loin de ses rôles de gentlemen romantiques, tandis que Tony Jones (The Wonder, Jurassic World: Fallen Kingdom…), Tom Brooke (Bodyguard, How To Talk To Girls at Parties…), Rosemary Bates (Black Mirror, Cyrano…)  ou encore Hanna Onslow (This Is Going To Hurt…) complètent, en partie, l’ensemble.

En conclusion, Empire of Light brille comme une étoile lumineuse dans la constellation cinématographique (oui, je suis poète à mes heures perdues). Malgré quelques hésitations narratives, le film de Sam Mendes réchauffe le cœur à travers un film sublime et chargée en émotions. À voir et à revoir.

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