Épouvante-horreur

[CRITIQUE] Thanksgiving : La Semaine de l’Horreur, d’Eli Roth

Le pitch : Un an après qu’un Black Friday a viré au chaos, un mystérieux tueur s’inspire de la fête traditionnelle de Thanksgiving et terrorise la ville de Plymouth (Massachussetts), berceau de la célèbre fête. Alors que les habitants sont éliminés les uns après les autres, ces meurtres qui semblaient aléatoires, révèlent un plan plus vaste et sinistre. Les habitants découvriront-ils le tueur et survivront-ils à la fête… ou deviendront-ils les invités de son dîner de Thanksgiving complètement tordu ?

5 ans après La Prophétie de l’Horloge, Eli Roth revient avec un film d’horreur moins fantastique – dans tous les sens du terme.
Comme beaucoup de choses, le cinéma et ses différents genres ont des modes : coté horreur, au début des années 2000, la tendance aux slashers / teen horror movies cédait sa place aux films plus crados, avec la saga Saw lancée par James Wan et Leigh Whannell en 2004. C’est à ce moment-là que le réalisateur s’est fait remarquer grâce à Cabin Fever (2002) et a marqué le cinéma gore avec le premier Hostel (2005), soutenu par Quentin Tarantino.

Après une période de films d’horreur friands de torture en tout genre, le genre horrifique a évolué vers des histoires de fantômes classiques (Paranormal Activity, Insidious, Conjuring). Eli Roth, fidèle à ses préférences, a proposé un Green Inferno moyen en guise d’hommage à Cannibal Holocaust, puis a tenté divers genres avec des résultats mitigés (Knock Knock, Death Wish…). Maintenant, il s’adapte à la tendance actuelle des films d’horreur teintés de comédie noire, mettant en scène des jeunes adultes accessoires, toujours prompts à prendre de mauvaises décisions. Entre en scène Thanksgiving : La Semaine de l’Horreur.

Bien que la tradition controversée de Thanksgiving n’ait pas voyagé comme Halloween, le Black Friday, qui suit le troisième jeudi de novembre, est devenu un événement commercial mondialement exploité par les commerçants. Censé offrir des remises exceptionnelles, le Black Friday est souvent associé à des scènes de violence aux États-Unis. C’est de cette atmosphère qu’Eli Roth exploite dans son nouveau film, histoire de surligner au gros marqueur bien gras, les dérives du capitalisme.

Entre un Scream et n’importe quel slasher peu inventif, le film propose un storytelling qui tient sur un post-il : un an après un Black Friday qui a fait quelques morts et blessés graves, quelqu’un cherche à se venger en s’en prenant, au pif, à un groupe de personnages reliés de près ou de loin à cet événement tragique. Et bien sûr, les motivations du ou des tueurs sont aussi bancales qu’un débutant sur un skateboard, mais visiblement Thanksgiving : La Semaine de l’Horreur cherche bien moins à livrer un film solide qu’à choquer un public potentiellement facilement impressionnable.

Entre des jumpscares très sonores et des mises à mort bien cracra, le film vise la surenchère et le gore gratuit pour épater la galerie. Le scénario ? Pas un problèmes tant qu’il y a des boyaux et qu’une véritable dinde cuit au four. La bêtise de Thanksgiving : La Semaine de l’Horreur rivalise avec la flemmardise aberrante de la mise en scène. Les scènes se suivent sans aucun tempo, Eli Roth précipite un récit à peine réfléchi pour s’empresser de passer au carnage suivant. Malgré des meurtres quelque peu inventifs, mon esprit s’épuise à chercher la moindre parcelle de crédibilité dans ce tumulte, alors que les personnages se font chasser un par un par un tueur sanguinaire et que le suspens est tué dans l’œuf rien qu’en observant un minima la filmographie du casting.

Si les précédents films d’Eli Roth n’ont pas reçu un accueil positif, ils avaient au moins le mérite de proposer soit de l’originalité, soit une réalisation et une narration solide, même s’il s’agissait d’un remake ou d’un « hommage ». Thanksgiving : La Semaine de l’Horreur ne fait que servir du réchauffé, surtout après le revival de la saga Scream et l’avalanche de comédies noires et généreusement sanglantes qui pullulent dans les salles obscures, de films comme Happy Birthdead à Crazy Bear. Le résultat donne l’impression que ce film a été concocté non par un cinéaste chevronné, mais par un débutant dans l’industrie, produisant un film fade, dégoulinant et pénible qui ravira probablement les plus jeunes et/ou les plus impressionnables.

Au casting : Patrick Dempsey (Devils, Il Était Une Fois 2, Bridget Jones Baby…), Rick Hoffman (Suits…) et une brève Gina Gershon (New Amsterdam, Emily, Criminelle Malgré Elle…) s’agitent dans une cour de récréation assommante, composée de Nell Verlaque (Big Shot…), Addison Rae (Il Est Trop Bien…), Milo Manheim (Zombies…), Jalen Thomas Brooks (Supergirl…), Tomaso Sanelli ou encore Gabriel Davenport. Au-delà des visages connus, les personnages forment un ensemble accessoire, tel de la vulgaire chair à paté quine parvient jamais à attirer une quelconque sympathie.

En conclusion, Thanksgiving : La Semaine de l’Horreur, bien que tentant de capitaliser sur l’atmosphère controversée du Black Friday, s’égare dans une surenchère de gore gratuit et de jumpscares, sacrifiant la crédibilité du récit au profit de scènes de violence sensationnelles. Eli Roth, habitué à des propositions plus marquantes, livre un film fade et dépourvu d’originalité, perdant de vue les éléments qui ont autrefois défini son style, et offrant ainsi une expérience décevante pour les amateurs d’horreur plus exigeants. À éviter.

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