Comédie, Romance

[CRITIQUE] Bridget Jones : Folle De Lui, de Michael Morris

Le pitch : Bridget Jones a cinquante-deux ans et deux enfants. Après le décès de Mark Darcy, avec qui elle a vécu dix ans de bonheur, elle est à nouveau en quête de l’homme idéal. Mais ce n’est pas si facile de se remettre sur le marché du célibat. Les mésaventures de Bridget n’ont rien perdu de leur piquant !

Plus de vingt ans après le premier film Bridget Jones, l’ex-trentenaire la plus célèbre des UK revient avec quelques années de plus au compteur, deux enfants, sans Mark Darcy (enfin presque) et toujours aussi maladroite. Pour ce nouvel opus, Sharon Maguire, réalisatrice du premier et du troisième film, passe la main à Michael Morris (Locke & Key…) pour adapter, cette fois-ci, le troisième livre : Bridget Jones : Folle de Lui.

Ce film poursuit la saga en restant fidèle à ses codes, mais peine à se renouveler. C’est un peu comme un bon plat de pâtes : ça fait le job, c’est réconfortant, mais on aurait aimé quelque chose de plus audacieux. Le cœur du film est là – l’excentricité de Bridget, ses mésaventures sentimentales – mais il manque quand même de fraîcheur. C’est probablement parce que cette fois, l’aspect romantique prend un peu plus de temps à s’installer, puisqu’il faut aborder des sujets plus lourds. La comédie romantique, un genre avec lequel Bridget semblait si en phase dans ses premières aventures, se retrouve ici entre deux eaux, tiraillée entre le deuil, la maternité et la quête d’un amour qui semble s’échapper à chaque scène.

Heureusement, l’intrigue amoureuse vient se mettre en place et la vie sentimentale de l’héroïne va être animée par l’apparition de deux prétendants aux antipodes l’un de l’autre. C’est toujours la même recette, à savoir un toy boy sexy d’un coté et un homme un peu plus stable (voire rigide) de l’autre. Sauf que contrairement au film précédent, Bridget Jones : Folle de Lui évite que les intrigues ne se chevauchent, si bien que le triangle amoureux n’est visible que du point de vue du spectateur. Néanmoins, la dynamique entre ces intrigues reste prévisible, alors que le toy boy sert à assouvir un fantasme ultra commun (empruntant d’ailleurs une scène bien connue de la série Bridgerton). C’est mignon, un peu sexy, souvent drôle mais côté spectateur, on sait que cela ne va pas durer… et c’est un peu dommage.

En effet, les moments drôles sont là, mais parfois trop artificiels, comme une vieille blague qu’on a déjà entendue. Quelques clins d’œil aux premiers films et des retours de personnages anciens servent le fan-service, mais ça ne cache pas un certain manque d’originalité. C’est un peu dommage, parce que Bridget Jones avait la possibilité d’aborder des thèmes plus osés et/ou de défier les attentes sociales. Mais non, on reste dans le moule, avec un final qui cherche encore à caser Bridget avec un homme de son âge. Ça reste un peu frustrant de voir que même après tout ce temps, son épanouissement semble toujours dépendre d’un prétendant “dans les normes”.

À travers une structure narrative simplette et une absence de prise de risque, Bridget Jones : Folle de Lui ressemble davantage à un produit de confort facilement marketable qu’à un véritable film. Un retour aux sources, certes, mais à une époque où celles-ci paraissent presque obsolètes (voire archaïques). Les attentes étaient là : l’envie de voir une femme mûrir à l’écran, d’affronter ses démons et de se réinventer. Pourtant, le film de Michael Morris ne va pas plus loin et reste limité par son format d’origine, là où le troisième opus, Bridget Jones Baby, respirait la fraîcheur d’un scénario original et moderne.

Au casting : le film est le côté méta, presque malgré lui. Vingt ans ont passé, et ça se voit. Les hommes vieillissent naturellement, tandis que les femmes semblent figées dans une jeunesse artificielle. Renée Zellweger (JudyBridget Jones Baby…) reprend avec brio le rôle de Bridget, et bien que je l’aie acceptée dans ce rôle, j’ai toujours eu du mal à comprendre cette expression d’imbécile heureuse qu’elle affiche constamment. À ses côtés, Hugh Grant (Heretic, Wonka, Donjons et Dragons : L’Honneur des Voleurs…) revient en tonton grivois, Colin Firth (Empire of Light, Le Retour de Mary Poppins…) fait quelques apparitions, et plusieurs visages familiers complètent le tableau, comme Jim Broadbent (Paddington au Pérou, Le Voyage du Docteur Dolittle…) et Gemma Jones (The Crown, Rocketman…) dans le rôle des parents, le trio Sally Phillips (Veep…), Shirley Henderson (Star Wars…) et James Callis (Slow Horses…) pour les amis, ainsi qu’une Sarah Solemani (Bridget Jones Baby…) et Emma Thompson (Cruella, Mes rendez-Vous avec Léo…) qui font le lien avec le troisième film.Ce sont surtout Leo Woodall (The White Lotus, Un Jour…) et Chiwetel Ejiofor (Venom : The Last Dance, Doctor Strange in the Multiverse of Madness…) qui, chacun à leur manière, portent la romcom avec une touche de séduction et de romantisme.

En conclusion, si ce quatrième volet ravira sans doute les inconditionnels de la franchise Bridget Jones, il est peu probable qu’il reste en mémoire comme étant le meilleur. Michael Morris régurgite les mêmes ingrédients qui ont fait le succès des premiers volets, sans véritablement renouveler le concept. J’aurai espérer un peu plus de profondeur et d’audace pour le dernier acte de cette saga qui, bien qu’efficace, semble finalement avoir épuisé son potentiel créatif. À voir.

PS : Petit fun fact : Isla Fisher fait un caméo en incarnant une certaine Rebecca… un clin d’œil à son rôle dans L’Accro du Shopping (autre saga littéraire girly portée sur grand écran – avec moins de succès, par contre).

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