Aventure

[CRITIQUE] Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs, de Jonathan Goldstein et John Francis Daley

Le pitch : Un voleur beau gosse et une bande d’aventuriers improbables entreprennent un casse épique pour récupérer une relique perdue. Les choses tournent mal lorsqu’ils s’attirent les foudres des mauvaises personnes. Donjons & Dragons : L’honneur des voleurs transpose sur grand écran l’univers riche et l’esprit ludique du légendaire jeu de rôle à travers une aventure hilarante et pleine d’action.

Si le film Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs se présente comme un film d’aventures fantasy et accessible, cela ne fait pas de mal de faire un petit retour en arrière. À l’orgine, Donjons & Dragons (DnD ou D&D pour les intimes) est un jeu de rôle sur table, créé dans les années 70 par Gary Gygax et Dave Arneson. Reposant sur l’imagination des joueurs, le jeu consiste à raconter des histoires et autres aventures dans un monde peuplé de guerriers, de sorciers, chevaliers et autres créatures de l’univers fantasy (dragons, orcs, gobelins, trolls…), dans le but de collecter des artefacts ou de surmonter des épreuves clés, afin de gagner en pouvoirs. Un « Maître du Jeu » sert alors de narrateur et guide les joueurs à travers les différents choix auxquels ils devront faire face.

Il est possible de jouer avec des personnages et histoires prédéfinies (via livres ou éditions de boîtes de jeux Donjons & Dragons) ou d’inventer complètement un univers et ses règles avec un papier, un stylo, des dés et… une table ! Considéré comme un jeu vintage, Donjons & Dragons continue cependant de traverser les âges et la pop-culture. En effet, si vous n’y avez jamais joué, vous en avez sûrement déjà entendu parler ou vu des parties dans des séries comme The Big Bang Theory ou, plus récemment, Stranger Things.
Il aura fallu attendre (ou pas) les années 2000 pour découvrir une première adaptation cinéma du jeu, réalisé par Courtney Solomon. Le film est un flop et souffre des clichés du cinéma de genre de l’époque. Pourtant, deux suites, réalisées par Gerry Lively, sortent en 2005 puis en 2012, dans l’indifférence générale. 

C’est donc moins de dix ans plus tard que Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs débarque sur nos écrans. Grâce à son format tout public, le film des réalisateurs Jonathan Goldstein et John Francis Daley (Game Night, Vive Les Vacances…) parvient à nous plonger facilement dans ce monde imaginaire, grâce à une installation rythmée mais surtout narrée avec humour. Suivant les traces d’un gentil voleur qui cherche à retrouver sa famille tout en affrontant le méchant riche du village (*tousse* Robin des Bois *tousse*), le film efface le coté geek/nerd accolé au jeu pour proposer un divertissement sympathique et moderne, qui refuse de se prendre trop au sérieux. L’ensemble se sert de ses clichés pour dérouler un récit linéaire aux détours prévisibles, sans pour autant être déplaisant. Résultat, Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs fleure bon le blockbuster, sans pour autant chercher à nous en mettre plein la vue et c’est plutôt agréable.

Le film s’attache néanmoins à servir une histoire aboutie et des personnages attachants. Entre les codes de la fantasy et de la pop-culture, Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs repose essentiellement sur l’alchimie entre les personnages, ce qui fonctionne tant le public est habitué à voir des simili-familles dysfonctionnelles s’associer pour vaincre un ennemi commun. Entre un bon divertissement familial et la reprise d’un univers fantastique peuplé de dragon(s) et autres magiciens, Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs met les bouchées doubles pour amuser et faire voyager son spectateur, sans jamais donner l’impression qu’il aurait dû faire ses devoirs avant de voir le film !

Cependant, là ou le film de Jonathan Goldstein et John Francis Daley manque de peu d’être le gros succès escompté, c’est dans son approche comique. Le duo de réalisateurs sont également des scénaristes qui ont œuvrés sur des films allant de Comment Tuer Son Boss à Spider-Man : Homecoming, en passant par de l’animation comme L’Île des Miam-nimaux : Tempête de boulettes géantes 2. Résultat, les gags et autres réparties sensés être drôles ont tendance à tomber à plat, tant les réalisateurs ont du mal à ajuster leur curseur. Malgré un univers plutôt mature, Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs sert un humour plutôt juvénile qui ne fonctionne pas toujours. Ce qui renforce un bémol supplémentaire coté casting : si les acteurs principaux sont très bons, attachants et crédibles dans cette épopée fantasy, force est de constater qu’ils ne jouent que des versions d’eux-mêmes déja vues dans d’autres films.

En effet, Chris Pine (Don’t Worry Darling, Wonder Woman 1984, Un Raccourci Dans Le Temps…) est à nouveau le bellâtre valeureux, à la fois fûté et maladroit qui finit par être le héros qui fédère, Michelle Rodriguez (Fast and Furious 9, Alita : Battle Angel, Les Veuves…) continue d’incarner des rôles de femmes fortes mais qui ont une sacrée tendance à faire la tronche, tandis que Justice Smith (Jurassic World : Fallen Kingdom, Pokémon: Détective Pikachu, The Voyeurs…) reste le peureux de la bande dont les talents sont néanmoins indispensables pour la réussite de l’aventure. Même Hugh Grant (The Gentlemen, Paddington 2, The Undoing…), pourtant excellent, cabotine à nouveau à travers ce personnage awkward, qui reste quand même sympathique parce qu’un chouilla mal à l’aise avec son coté méchant. Ceci étant dit, même si ces acteurs jouent la carte de la caricature (d’eux-mêmes), leurs performances apportent la décontraction et la légèreté nécessaires pour rendre le film aussi perfectible que généreux.
Autour d’eux, Regé-Jean Page (La Chronique des Bridgerton, The Gray Man, For The People…) se promène avec une moue permanente et la chemise ouverte, Sophia Lillis (Ça Chapitre 1 et Chapitre 2, I Am Not OK With This…) est sympathique en druide sardonique, tandis que Daisy Head (Sandman, Shadow and Bones…) écope d’un rôle peu évident qu’elle incarne pourtant avec brio. 

En conclusion, si le jeu Donjons & Dragons est souvent associé à un truc mystique de nerds/geeks blafards qui se retrouvent dans des sous-sols pour se prendre pour des sorciers ou des chevaliers en quête d’un trésor obscur, le duo Jonathan Goldstein et John Francis Daley dépoussière et modernise le jeu culte en proposant une aventure débridée, fun et accessible. Pas besoin, donc, de connaître l’univers de DnD pour accrocher à ce combo d’action, d’humour et de fantasy qui saura aussi bien séduire les fanas du jeu et autres assoiffés d’aventures que ceux qui n’ont jamais vraiment compris l’attrait du Seigneur des Anneaux (😛) ! Espérons toutefois que si suite il y a, elle sera meilleure. À voir. 

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