
Le pitch : Quand Blanche croise le chemin de Gregoire, elle pense rencontrer celui qu’elle cherche. Les liens qui les unissent se tissent rapidement et leur histoire se construit dans l’emportement. Le couple déménage, Blanche s’éloigne de sa famille, de sa sœur jumelle, s’ouvre à une nouvelle vie. Mais fil après fil, elle se retrouve sous l’emprise d’un homme possessif et dangereux.
Valérie Donzelli et moi, ce n’est pas la grande passion. J’avais apprécié un de ses premiers films, La Guerre Est Déclarée, malgré un excès de pathos dégoulinants, mais La Main Dans La Main fait partie de ces rares films qui m’ont fait quitté la salle de cinéma en plein milieu. Si les histoires de ses films m’intéressent dans les grandes lignes, la mise en scène et l’écriture de Valérie Donzelli m’ont rebutée. Par la suite, l’incestueux Marguerite et Julien, puis la comédie Notre Dame sont passée devant mon radar sans faire de vague. Très franchement, la seule chose qui m’a attirée dans L’Amour et Les Forêts est la présence de Virginie Efira.

Adapté du roman éponyme écrit par Éric Reinhardt en 2014, L’Amour et Les Forêts suit la tendance post-#Metoo en proposant une nouvelle histoire d’emprise psychologique, celle où le conte de fées se transforme en cauchemar et où les amours passionnées se muent en prisons de verre. S’il n’est pas aussi tragique que d’autres films ou séries sur la même thématique (L’Emprise, Slalom, Bad Sisters, Alice, Darling…), le film de Valérie Donzelli reste néanmoins bouleversant tant il illustre bien l’isolement et la détresse d’une victime.

L’Amour et Les Forêts démarre au détour d’une rencontre, à travers les yeux d’une jeune femme discrète qui tombe follement amoureuse d’un homme charismatique. Le piège se referme insidieusement, uniquement perceptible de l’extérieur, tandis que le coupe s’exile à la campagne. Avec le temps qui passe, l’emprise se traduit par une surveillance accrue et des exigences inflexibles, qui peuvent sembler anodines mais qui au fil des scènes deviennent de plus en plus anxiogènes. L’histoire se focalise sur l’héroïne dont le regard fuyant constamment à la recherche d’une échappatoire en dit toujours plus long que les dialogues.

La nervosité ambiante est soulignée par une photographie subtile, signée par Laurent Tangy (Le Tourbillon de la Vie, #JeSuisLà, Le Grand Bain…), qui joue avec les tons chauds, un rouge très présent au début du film, avant de devenir un simple contour au profit d’un bleu profond, mais froid. La passion et la fraîcheur des débuts se délitent dans une ambiance oppressante, agissant comme un huis-clos psychologique. L’histoire est étouffante, l’héroïne navigue en solitaire, à la recherche d’une bouée de sauvetage ou d’une goulée d’air pour se maintenir en surface, dans une lutte épuisante contre un assaillant infatigable. Si certains peuvent encore se demander pourquoi les victimes restent et subissent, L’Amour et Les Forêts peut être un début d’explication comme un autre, tant il montre avec justesse la façon le tourment constant empêche de voir la porte de sortie la plus évidente.

Au casting, Virginie Efira (Les Enfants des Autres, En Attendant Bojangles, Revoir Paris…) incarne le personnage central d’un film qu’elle porte sur ses épaules, grâce à une interprétation comme toujours sublime et juste. Face à elle, Melvil Poupaud (À Mon Seul Désir, Les Jeunes Amants, Grâce à Dieu…) est aussi dérangeant qu’impeccable dans son costume rigide. À l’affiche également, on retrouve Romane Bohringer (L’Histoire de Ma Femme…), Dominique Reymond (Garçon Chiffon…) ou encore Virginie Ledoyen (MILF…).
En conclusion, L’Amour et Les Forêts est un drame poignant et nécessaire, sur les ressorts de l’emprise d’un amour toxique. Viriginie Efira est épatante, évidemment, tandis que la réalisation de Valérie Donzelli est rehaussée par une photographie superbe. À voir.

