Aventure

[CRITIQUE] Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, de James Mangold

Le pitch : 1969. Après avoir passé plus de dix ans à enseigner au Hunter College de New York, l’estimé docteur Jones, professeur d’archéologie, est sur le point de prendre sa retraite et de couler des jours paisibles.

L’autre homme au chapeau créé par Steven Spielberg, et Georges Lucas, est de retour sur grand écran pour une cinquième aventure. Né en 1984, Indiana Jones et les Aventuriers de l’Arche Perdue fait partie de ces films cultes qui ont bercé toute une génération. Si le débat avec le troisième film Indiana Jones – La Dernière Croisade, sorti en 1989, fait toujours rage quand il s’agit de déterminer quel est le meilleur film de la franchise, il y en a bien un qui met pas mal de monde d’accord : Indiana Jones et Le Royaume du Crâne de Cristal ! Sorti en 2008, soit près de 20 ans après le dernier film, le quatrième volet pourtant réalisé par Steven Spielberg a reçu un accueil plutôt mitigé, en partie à cause de l’histoire qui s’aventurait sur des théories extra-terrestres, mais également parce que le rajeunissement de la saga à travers la présence de Shia La Beouf a froissé pas mal de monde. On en oublierait presque qu’une série sur la jeunesse du fameux Indiana Jones a existé pendant deux saisons, de 1992 à 1993 !

Pour ma part, j’ai découvert les Indiana Jones assez tardivement. Je ne fais donc pas partie des fan inconditionnels du célèbre archéologue au fouet, même je vote pour le troisième film comme étant le meilleur de la franchise… Et oui, même après avoir vu le dernier né : Indiana Jones et Le Cadran de la Destinée. Réalisé par James Mangold (Le Mans 66, Logan, Night And Day, Identity, Une Vie Volée…), mais toujours sous la houlette des papas Lucas et Spielberg, ce cinquième volet propose des retrouvailles honorables avec un héros dont l’âge est assumé, nourrissant positivement le scénario. En effet, même si le film s’offre de la « chair fraîche » avec la présence de la talentueuse Phoebe Waller-Bridge, les personnages opèrent comme un véritable duo complémentaire et évite le passage de flambeau forcé ressenti dans le film précédent.

La guerre froide, des nazis et un peu d’histoire avec un grand H : les ingrédients phares de la saga sont réunis pour relancer papy Jones dans une nouvelle aventure qui fait l’effet d’un bonbon nostalgique et réconfortant. James Mangold livre une balade en terrain familier au rythme calé comme du papier à musique. Entre rebondissements et installations, Indiana Jones et Le Cadran de la Destinée ressemble à une attraction dans laquelle on embarque et se laisse porter à travers les différentes montagnes russes. Le scénario est suffisamment complet pour laisser son cerveau aux vestiaires tandis que les retrouvailles avec Indiana Jones sont à l’image du héros : bien rodées mais toujours satisfaisantes.

Mais alors, est-ce un bon retour ? Globalement, Indiana Jones et Le Cadran de la Destinée fait le job : l’histoire est entraînante et a le mérite d’être accessible à tous. En effet, hormis quelques répliques qui rappelleront les premiers films, l’opus réalisé par James Mangold ne cède pas aux sirènes du fan service pour animer ce nouveau chapitre. L’autre bon point, c’est le duo Harrison Ford et Phoebe Waller-Bridge qui fonctionne à merveille : le caractère bourru de l’un et le tempérament audacieux de l’autre se rejoignent dans une passion commune.
En effet, grâce à l’archéologie et un goût partagé pour l’aventure et les artefacts mystiques, les personnages se tirent vers le haut en bénéficiant soit de l’expérience d’Indiana Jones, soit de l’assurance de cette Helena Shaw, formant ainsi un duo complémentaire qui rappelle les jeunes heures d’Indiana Jones, sans donner l’impression qu’il sera remplacé… bien au contraire. C’est probablement la véritable force du film qui a su écrire des personnages attachants et notamment un Indiana Jones affrontant la retraite et clôturant une certaine étape de sa vie.

Et pourtant, il manque ce petit truc indéfinissable qui faisait le charme des premiers films. Si Indiana Jones et Le Cadran de la Destinée transporte sans effort, le film de James Mangold semble téléguidé, cochant toutes les bonnes cases sans pour autant réussir à créer l’étincelle qui animait La Dernière Croisade ou encore Les Aventuriers de l’Arche Perdue. Peut-être que comme l’autre homme au chapeau (je parle du Pr. Alan Grant de Jurassic Park), Indiana Jones appartient à un passé qui se revisite dans son format original, et non à travers une itération capillotractée commandée par Hollywood, pour capitaliser sur la nostalgie des Millenials.

Au casting, Harrison Ford (Shrinking, Comme des Bêtes 2, Blade Runner 2049…) rempile une cinquième fois et, comme dit plus haut, l’écriture de son personnage contribue à le rendre accessible, crédible et à l’aise avec son âge (bien qu’il soit rajeuni dans le film). À ses cotés, Phoebe Waller-Bridge (Fleabag, Solo : A Star Wars Movie, scénariste de Mourir Peut Attendre, Killing Eve…) apporte l’impulsion nécessaire pour raviver un chapitre souvent mélancolique, et son duo avec Harrison Ford est une bonne surprise. Face à eux, on retrouve un Mads Mikkelsen (Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore, Drunk, Arctic…) qui, avouons-le, a incarné de meilleurs méchants auparavant, ainsi que Boyd Holbrook (Sandman, Logan, The Predator…) en énième homme de main interchangeable. À l’affiche également, Antonio Banderas (Le Chat Potté 2, Uncharted, Le Voyage du Docteur Dolittle…) et Toby Jones (Empire of Light, Jurassic World : Fallen Kingdom…) s’invitent à la fête, tandis que John Rhys-Davies (Indiana Jones, Le Seigneur des Anneaux…) reprend du service.

En conclusion, James Mangold livre un nouveau chapitre d’Indiana Jones qui coche toutes les bonnes cases et propose une aventure solide. Comme des montagnes russes dont on connait déjà les détours, Indiana Jones et Le Cadran de la Destinée amuse et divertit le temps du voyage, avec la bonne dose de surprises, stupeurs et rebondissements aux bons moments. Léger et familier, le film entretient le souvenirs des bons moments d’un saga culte. À voir.

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