Biopic

[CRITIQUE] Maria, de Pablo Larraín

Le pitch : Au cours de la dernière semaine de sa vie, en septembre 1977, Maria Callas, la plus célèbre cantatrice du XXe siècle, ayant perdu ses facultés vocales et vivant – depuis plusieurs années – recluse dans son appartement à Paris, se remémore sa carrière.

Toujours sur sa lancée de mettre en lumière des portraits de femmes, après Jackie, Ema et Spencer, Pablo Larraín nous plonge à nouveau dans l’intimité d’une icône féminine avec Maria, un biopic émouvant sur les derniers jours de la cantatrice Maria Callas.

Pour ma part, je ne connaissais rien (ou presque) de la vie de Maria Callas et c’est peut-être pour cela que j’ai mis un peu de temps à m’immerger dans le récit. Pourtant, le réalisateur crée une ambiance captivante, avec une narration qui dévoile progressivement la vie et les tourments intérieurs de la cantatrice. Comme souvent, Pablo Larraín choisit une approche sobre, illuminant un Paris des années 70 avec à travers des plans sublimes et une photographie réconfortante, tandis que l’élégance un poil baroque des intérieurs complètent parfaitement le classicisme feutré et noble de l’ensemble.

Maria raconte les derniers jours de la cantatrice, que l’on découvre diminuée, recluse et à la recherche de sa voix perdue. Entre vraies-fausses interviews et quelques flashbacks, Pablo Larraín observe le quotidien mélancolique de son héroïne qui ne semble plus avoir la force de se relever.
Le film étant bercé par la musique et le chant, Angelina Jolie a suivi une préparation intensive pour interpréter elle-même les passages lyriques, y compris le final – sauf les séquences sur scène qui reprennent des enregistrements de la vraie Callas (ce qui explique la différence de tonalité). Elle parvient donc à incarner avec conviction une Maria Callas à bout de force. Cependant, malgré sa performance remarquable, le film semble parfois hésitant dans sa narration. Maria reste trop superficiel sur les drames qui ont marqué la vie tumultueuse de Callas, de son enfance en Grèce à sa carrière internationale, en passant par sa relation trouble avec sa mère impresario et l’amour de sa vie.

Le principal défaut du film réside dans sa tendance à être un poil long et contemplatif, sans explorer suffisamment les facettes complexes de son personnage. On aurait aimé en savoir plus sur ses succès triomphants, notamment son apogée en Italie, ainsi que sur les moments sombres de sa vie personnelle, comme ses relations tumultueuses et ses luttes avec la dépression et l’auto-médication.
Après avoir vu le film et parcouru un peu internet parce que j’ai eu l’impression de voir une tranche de vie incomplète, je me demande quelles ont été les sources de Steven Knight (scénariste sur Millénium : Ce Qui Ne Me Tue Pas, Alliés, Peaky Blinders, Les Promesses de l’Ombre, et réalisateur de Serenity, Locke, Crazy Joe…), pour étoffer le film. Le récit semble parfois criblé de trous, ce qui rend l’immersion plus difficile, là où la caméra de Pablo Larraín parvient à saisir toute la mélancolie qui entoure Maria Callas. Mais à cause d’un scénario trop fin, je suis un peu restée sur ma faim, n’ayant finalement que peu appris sur la vie et l’héritage de cette figure emblématique de l’opéra.

Enfin, le format du biopic sous forme de vraie/fausse interview commence déjà à s’essouffler. Maria a parfois des airs de déjà-vu sur sa forme, arrivant après Jackie et Spencer du même réalisateur, mais aussi après des films comme Lee Miller, I, Tonya, Vice ou encore Snowden.

Au casting, comme dit plus haut, la performance d’Angelina Jolie (Les Éternels, Ceux Qui Veulent Ma Mort, Maléfique : Le Pouvoir du Mal…) est superbe et convaincante. Le simple fait qu’elle ait chanté elle-même aurait dû lui valoir une nomination aux Oscars 2025. Autour d’elle, Pierfrancesco Favino (Le Comte de Monte-Cristo, Dernière Nuit à Milan…) et Alba – fille d’Alice – Rohrwacher (L’Amie Prodigieuse, Hors Saison…) sont les référents émotionnels du public grâce à leurs regards inquiets sur le mode de vie de la cantatrice. Haluk Bignier (Halloween…) et Valeria Golino (The Morning Show, Portrait de la Jeune Fille en Feu…) viennent compléter l’entourage proche, tandis que Kodi Smit-McPhee (Elvis, X-Men : Dark Phoenix…) a bien grandi et fait quelques apparitions remarquées. Pour la french touch, on notera la présence de Vincent Macaigne (Trois Amies, L’Origine du Monde…) au casting.

En conclusion, Pablo Larraín signe un film élégant et mélancolique comme il sait si bien le faire, mais à l’arrivée, Maria a bien dû mal à donner toute la mesure de la légende la Callas, créant ainsi un fossé entre la femme, l’artiste et le spectateur. Heureusement, la performance mesurée et le charisme renversant d’Angelina Jolie parviennent à donner du souffle et une intensité palpable au récit. À voir.

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