Action, Aventure, Sci-fi

[CRITIQUE] La Momie, de Alex Kurtzman

Le pitch : Bien qu’elle ait été consciencieusement enterrée dans un tombeau au fin fond d’un insondable désert, une princesse de l’ancienne Égypte, dont le destin lui a été injustement ravi, revient à la vie et va déverser sur notre monde des siècles de rancœurs accumulées et de terreur dépassant l’entendement humain. Des sables du Moyen Orient aux pavés de Londres en passant par les ténébreux labyrinthes d’antiques tombeaux dérobés, La Momie nous transporte dans un monde à la fois terrifiant et merveilleux, peuplé de monstres et de divinités, dépoussiérant au passage un mythe vieux comme le monde.

Les histoires de momies qui reviennent d’outre-tombe pour se venger, c’est un classique. Si le film d’Alex Kurtzman reboote une saga, il faut remonter bien avant les films de Stephen Sommers (avec Ben Fraser). Et oui, Marvel Studios n’a rien inventé avec son MCU : figurez-vous que dès les années 20 Universal Pictures avait déjà initié le concept avec sa série de films fantastiques avec le « Universal Monsters », où se côtoyait les monstres et autres créatures fantastiques de la culture populaire de l’époque, entre Quasimodo et Le Fantôme de l’Opéra, avant de passer aux « vrais » monstres intemporels tel que Frankenstein, le mythe du Loup-Garou, L’Étrange Créature du Lagon Noir et, bien évidemment La Momie (1932) de Karl Freund avec Boris Karloff dans le rôle-titre, incarnant alors Imhotep et son histoire maudite avec la belle Ank-Souh-Namun.

Ces films de monstres ont voyagé dans l’histoire du cinéma, connaissant multiples suites et spin-offs : les films La Momie n’y ont pas échappé. Après une première série dans les années 30 intégrées dans l’Universal Monsters, puis un revival éparpillé en 1959, vint enfin l’ère du remake avec les films de Stephen Sommers en 1999 et 2001. Au cours de deux opus plutôt sympathiques, le duo Brendan Fraser et Rachel Weisz vont incarner un couple d’aventuriers qui affronteront à deux reprises Imhotep, Ank-Souh-Namun, ainsi que le Roi Scorpion, dans des comédies d’action et d’aventures un poil nanar-esques mais follement conquérantes. Ce qui n’est pas le cas du troisième opus de cette série, La Momie : La Tombe de l’Empereur Dragon (2008) réalisé par Rob Cohen (sic), qui survient beaucoup trop tard et ne fait que reprendre la recette du premier film pour la transposer dans un décor asiatique.
La fin de La Momie au cinéma ?

Bien sûr que non. Cette année, avec la sortie du blockbuster réalisé par Alex Kurtzman (scénariste et/ou producteur sur The Island, Transformers 1 et 2, Star Trek Into Darkness, Edge Of Tomorrow, Insaisissables et sa suite ou encore The Amazing Spider-Man 2…), Universal Pictures en profite pour donner un coup de jeune à son ancienne franchise Universal Monsters et lancer officiellement le Dark Universe (après une tentative ratée suite à l’échec du pourtant sympathique Dracula Untold (2014). La Momie version 2017 démarre en trombe en s’offrant Tom Cruise en figure de proue et relance un univers partagé plutôt alléchant, tout en rebootant de façon originale un film au concept déjà revu plusieurs fois.
En effet, La Momie propose un blockbuster estival qui se découvre en tant que tel : pur film à pop-corn, Alex Kurtzman propose un combo d’action et d’aventures un peu mystiques, efficaces et divertissantes. Non vraiment, que faut-il attendre de plus ? La Momie ne ment pas sur sa marchandise et surtout avec Tom Cruise en tête d’affiche. Devenu action man grâce au succès des films Mission: Impossible, l’acteur est à présent connu pour son goût pour les scènes d’actions ahurissantes (qui incluent souvent un avion et pas mal de course-poursuites) et cannibalisantes, qui transforment souvent ses films en Tom Cruise show. N’en déplaise à quiconque : Tom Cruise est la valeur sûre du film, donc difficile d’en vouloir à La Momie quand on voit que toute l’histoire tourne autour de son personnage et ses capacités souvent surhumaines, malgré les performances souvent moyennes de l’acteur. Alex Kurtzman coche les cases d’une trame bien rodée : une momie super-énervée et maléfique, check ; un duo d’aventuriers animés par une complicité romantique, check ; de l’action, check ; de l’humour, re-check ; est-ce que tout fonctionne… hm, c’est là que ça devient compliqué.
Si le film assume son approche décomplexée, le résultat n’est pas toujours réussi. Le coté prévisible de l’ensemble annule l’effet de surprise voulu, mais ce sont finalement l’écriture et la réalisation un brin chaotique qui ont fait que j’ai souvent décroché. La Momie en fait souvent trop et devient grossier sur les bords : l’humour est lourd et pataud, bien trop convenu pour toujours faire son effet, tandis que la mise en scène et le montage du film frôlent le bâclage en règle. Qui dit blockbuster ne veut pas forcément dire qu’on peut nous faire avaler n’importe quoi, malheureusement c’est souvent le cas et en se cachant derrière son caractère ultra divertissant et punchy, La Momie propose finalement une histoire tirée par les cheveux et si on regarde de trop près, on en découvre les creux. Le film se réfugie dans une facilité certaine, cherchant à nous en mettre plein la vue pour pas cher, en tissant une intrigue linéaire habitée par des personnages caricaturaux à l’épaisseur psychologique d’un papyrus.

Si on peut reprocher ses nombreux défauts au film d’Alex Kurtzman, il faut tout de même avouer que La Momie ne cherche pas à se prendre au sérieux et livre exactement ce qui était promis. De plus, avec un personnage comme Tom Cruise à l’affiche, il y a forcément une part de showman qu’on ne peut retirer de l’équation, tandis que l’idée de reboot de la saga parle d’elle-même. Et pourtant, La Momie m’a plu, justement parce que le film s’assume, mais aussi parce qu’il intègre la notion de l’univers partagé, le Dark Universe, dès le début, ce qui change considérablement la donne et notamment l’issue du film. Vous attendez de l’action ? La Momie vous offre des scènes étonnantes, dont une à couper le souffle et d’autres relativement sympathiques qui boostent la trame. Vous voulez du spectacle ? La Momie propose une super vilaine charismatique et mauvaise jusqu’à la corne pour manipuler les héros et offrir du rebondissement. Vous espériez un blockbuster fun, explosif et divertissant pour bien démarrer l’été en laissant votre cerveau aux vestiaires ? La Momie est exactement ça. Tout simplement. Alex Kurtzman renoue avec les origines classique de la saga en livrant un show effrené qui démarre sur des chapeaux de roues, épicé par des rebondissements certes attendus mais finalement sympathiques, entre nouveautés (le Dark Universe) et clins d’œil référencés (le visage dans la tempête de sable).

Ce que l’avenir ne nous dit pas à ce stade, c’est ce que nous réserve le Dark Universe : un simple rassemblement de films fantastiques liées par une entreprise mystérieuse ou est-ce la mise en place d’une équipe de créatures mystiques pour défendre le monde contre un Mal bien pire ? Si la première option fait écho au premier Universal Monsters et rassure, la seconde alerte, rappelant un certain autre film qu’on préférerait oublier (La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, proposé par la Fox en 2003). De plus, l’identité du Dark Universe reste encore à définir : malgré un nom laissant entendre un univers très sombre, La Momie d’Alex Kurtzman s’avère finalement solaire et presque familial. La saga sera-t-elle vraiment « dark » ? Il n’y a plus qu’à attendre 2019 et le prochain film de Bill Condon, La Fiancée de Frankenstein, pour être fixé.

Au casting, l’infatigable Tom Cruise (Jack Reacher: Never Go Back, Mission Impossible : Rogue Nation, Edge Of Tomorrow…) vient passer le temps en attendant le prochain opus Mission Impossible 6, tout en jouant un succédané de son rôle fétiche entre cascades et course à pied. À ses cotés, Annabelle Wallis (Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur, Annabelle…) parvient à suivre le rythme – après s’être pas mal entraînée, comme elle l’a avoué dans différentes interviews pour pouvoir être dans les scènes d’action que Tom Cruise voulait jouer tout seule !, tandis que Jake Johnson (New Girl, Jurassic World…) joue les side-kicks et Russell Crowe (The Nice Guys, La Promesse d’une Vie, Noé…) est à la fois alléchant dans une des facettes de son personnage… mais un peu décevante dans l’autre.
Enfin, Sofia Boutella (Star Trek Sans Limite, Kingsman : Services Secrets…) surfe de blockbuster en blockbuster et se forge un sacré palmarès, tout en parvenant à hanter le film face à un Tom Cruise omniprésent, tant son personnage de Momie est fascinant et charismatique. Je ne me lasse pas de cette actrice.

En conclusion, ayant vu ce film sur le tard, je trouve les critiques assez sévères concernant La Momie. Oui, le traitement est moyen, les personnages sont clichés (et dévorés par l’omniprésence de Tom Cruise) et souvent, les effets spéciaux piquent royalement les yeux, mais l’ambition d’Alex Kurtzman parvient à créer un ensemble suffisamment dynamique et punchy pour divertir. Sortez le pop-corn !

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