Le pitch : Le dernier Pistolero, Roland Deschain, est condamné à livrer une éternelle bataille contre Walter O’Dim, alias l’Homme en noir, qu’il doit à tout prix empêcher de détruire la Tour sombre, clé de voûte de la cohésion de l’univers. Le destin de tous les mondes est en jeu, le bien et le mal vont s’affronter dans l’ultime combat, car Roland est le seul à pouvoir défendre la Tour contre l’Homme en noir…
Auteur depuis 1974, Stephen King a une carrière bien remplie et un nombre incroyable de romans au compteur, dont beaucoup ont été adapté sur grands et petits écrans, du culte Carrie de Brian de Palma au récent Stranger Things largement inspiré par ses œuvres.
Pour ma part, j’en ai lu beaucoup, des Stephen King, notamment ses premiers livres plus orientés frissons et thrillers (Carrie, Charlie, Christine, Simetierre, Ca, Misery, Les Tommyknockers, La Peau sur les Os (alias) et j’en passe… jusqu’à Dolores Clairbones, Désolation…), avant de me tourner vers un autre style car le sien devenait trop orienté science-fiction à mon goût (Dreamcater, Dôme…) – et je préfère lire de l’horreur ou des polars un peu flippants si vous voulez tout savoir.
Tout ça pour vous dire que non, je n’ai pas lu la saga La Tour Sombre.
Pourquoi allez-voir ce film sans avoir lu les livres, me dirait-on ? D’une part, parce que. Plus précisément, parce qu’au-delà du casting, l’intrigue m’intéressait ; d’autres part, parce que j’estime qu’un livre et un film doivent pouvoir vivre séparément et que je n’ai pas à pâtir de mes préférences de lectures (thrillers et horreur bien plus dark) uniquement pour pouvoir apprécier un film. Si une adaptation est bien faite, elle doit être a minima compréhensible, voire, pourquoi pas, donner envie de lire la source originale. Faut-il avoir lu tous les Harry Potter pour s’intéresser aux films ? Non, car les (premiers) films étaient ultra accessibles (bon après, ça s’est compliqué…).
Vous comprendrez que si je fais tout ce déballage, c’est parce que je n’ai pas trouvé La Tour Sombre satisfaisant, en tant que tel, et que je n’accepte pas l’excuse « ha bah il faut lire les livres pour savoir » (sauf s’il y a, éventuellement, une suite, ce qui ne semble pas être le cas pour l’instant).
Revenons à nos pistoleros.
Alors que le projet traîne dans les tiroirs depuis 2007, c’est finalement Nikolaj Arcel (et Sony) qui récupère l’adaptation du cycle La Tour Sombre de Stephen King (après beaucoup de rebondissements chez JJ Abrams, Universal, Ron Howard, HBO, etc.). C’est donc le réalisateur de Royal Affair (2012) et scénariste de deux volets des Enquêtes du Département V : Profanation et Délivrance qui relève le défi conséquent d’adapter un univers extrêmement dense. La difficulté, dans ce genre de film, c’est de trouver un point de départ. D’un coté, le film parvient à accrocher avec une introduction digeste et accessible à travers la rencontre entre un enfant perturbé par ses rêves étranges et un monde méconnu où ses cauchemars deviennent réalité. Grâce à une narration somme toute classique, La Tour Sombre se révèle alléchant avec ses atours de western noir mêlé à de la science-fiction et du fantasy. Un mélange des genres qui accrochent, tandis que la magie d’un des mondes prend le pas sur une réalité trop urbaine. Le film nous attache au sort de Jake, enfant trop sensible ballotté entre une mère qui n’en finit plus de pleurer et un beau-père qui ne l’apprécie pas des masses. Nikolaj Arcel a la bonne idée de s’appuyer sur des ficelles assez simples pour amorcer un univers complexe. Et pourtant, alors que son jeune héros était une bonne entrée en matière, c’est justement quand il s’agit d’aller plus loin que le film pèche.
Qu’est-ce que l’entre-deux monde ? Que sont les pistoleros ? D’où viennent les pouvoirs de Walter ? Qui sont ces gens avec des têtes de rat ? Si le film maintient en haleine, il faut aussi dire qu’il laisse pas mal de questions en suspens à travers tous les mystères qu’il soulève. Certes l’idée de base était de démarrer une saga, mais pour un premier volet, La Tour Sombre laisse une impression de pas fini : la découverte n’est pas désagréable mais le sentiment de se sentir exclu, quand on a pas lu les livres, est très présent. Là où d’autres sagas récents s’attachaient à poser de bonnes bases – quitte à rectifier le tir en cours de route, rares sont celles à avoir tiré leur épingle du jeu avec un premier opus aussi survolé (Le Labyrinthe et sa suite, par exemple). C’est dommage, car La Tour Sombre propose un terrain immense à explorer, au-delà de l’aventure du jeune Jake, le film offre un univers original, sombre et mystérieux qui donne réellement envie d’en savoir plus, car en l’état, nous n’avons que l’histoire d’un jeune garçon aux pouvoirs particuliers, pourchassé par un homme en noir qui veut utiliser ses pouvoirs pour détruire le (ou les) monde… Donc rien de bien croustillant à se mettre sous la dent, au final. Espérons donc qu’il y aura une suite.
Au casting, si le film est un peu faible en terme de scénario, La Tour Sombre est porté par un ensemble solide : Idris Elba (Le Livre de la Jungle, Zootopie, Thor : Le Monde des Ténèbres…) et Matthew McConaughey (Gold, Tous en Scène, The Free State Of Jones…) s’affrontent à distance, chacun assurant le job malgré le peu d’exploration de leurs personnages. Tom Taylor bénéficie d’un scénario centré sur son rôle et s’en sort plutôt bien. Autour d’eux, quelques visages reconnaissables : Dennis Haysbert (Ted 2…), Claudia Kim (Avengers – L’Ère d’Ultron…) ou Abbey Lee (The Neon Demon…).
En conclusion, Nikolaj Arcel croise les genres dans un film accessible, mêlant l’univers fantastique westernisant à une trame « young adult ». Si La Tour Sombre semble reposer sur un univers dense et intéressant, le film ne prend malheureusement pas le temps de s’y immerger, proposant finalement un premier jet sympathique et attrayant, mais peu convaincant en l’état. Cependant, j’aimerais bien voir une suite afin d’en découvrir plus. Affaire à suivre…