Sci-fi

[CRITIQUE] Godzilla 2 : Roi des Monstres, de Michael Dougherty

Le pitch : L’agence crypto-zoologique Monarch doit faire face à une vague de monstres titanesques, comme Godzilla, Mothra, Rodan et surtout le redoutable roi Ghidorah à trois têtes. Un combat sans précédent entre ces créatures considérées jusque-là comme chimériques menace d’éclater. Alors qu’elles cherchent toutes à dominer la planète, l’avenir même de l’humanité est en jeu…

5 ans après le reboot spectaculaire signé par Gareth Edwards, le « monstroverse » de Legendary Pictures / Warner Bros continue de prendre forme : succédant à Kong: Skull Island en 2017, c’est au tour de Godzilla de reprendre du service afin d’honorer son titre de Roi des Monstres. Ecrit et réalisé par Michael Dougherty, Godzilla 2 : Roi Des Monstres reprend cinq ans après les événements du premier film, suivant un nouveau groupe de civils, chercheurs et militaires qui tentent de trouver une solution à la menace « Titan », incluant ou non Godzilla dans la cible. Dépeignant un monde encore en état de choc à travers une cellule familiale brisée, le film part à la rencontre de nouvelles espèces secrètes alors que les intentions des uns et des autres se confrontent. Rappelant que les origines de Godzilla sont la conséquence de désastres causés par l’homme (essais nucléaires…), le film continue de contextualiser son récit dans notre société actuelle, menacée d’extinction à cause de la surpopulation et d’un avenir écologique de plus en plus inquiétant. Michael Dougherty prend soin de tisser un récit solide afin de ne pas proposer un ensemble creux, grâce à différents personnages qui vont peser le pour et le contre sur l’existence des Titans créant ainsi un dialogue plausible qui permet de s’intéresser à la trame entre deux affrontements.

Cependant, si j’avais beaucoup aimé le Godzilla de Gareth Edwards, le film a été confronté à des critiques cuisantes concernant le temps d’apparition du monstre titre – à savoir moins de 10 minutes sur un film de plus de deux heures. Pour ma part, j’avais apprécié le point de vue humain de Godzilla qui assiste au réveil de la bête vue d’en bas et des personnages qui cherchent à survivre, protéger les leurs et se battre, le tout dans une atmosphère chaotique qui seyait impeccablement à l’ambition du film. Pour ce nouvel opus, Michael Dougherty répond à la demande en intégrant plusieurs monstres, certes, mais également en proposant de nombreux affrontements et des scènes dantesques pour satisfaire les aficionados du genre.
Visuellement, j’en ai pris plein la vue : Ghidorah est menaçant à souhait, Godzilla est toujours aussi classe, tandis que d’autres bestioles mutantes viennent s’ajouter au spectacle, tel que Rodan et ses ailes de feu ou encore Mothra et sa lumière fantastique. Godzilla 2 : Roi des Monstres est criblé de tableaux incroyables qui coupent le souffle, des money shots à l’esthétisme hyper soignés et conçus pour décrocher les mâchoires. Le film met à l’honneur ces créatures massives, aussi majestueuses qui dangereuses, offrant des scènes si massives – surtout en IMAX – que j’avais envie de faire pause pour pouvoir en apprécier l’imagerie et la photographie impressionnantes (vivement la sortie DVD/BR).

Oui mais voilà, le piège c’est que pour éviter de finir dans la catégorie « nanar », il faut construire un semblant d’histoire et de personnages. Ce que le film fait bien, mais il arrive un moment où les affrontements sont encombrés par ces humains qui courent partout et interrompent le spectacle pour leurs considérations vaines. Rapidement, les humains agacent alors qu’on aimerait rester au niveau des monstres., De plus, il faut bien admettre que si Godzilla 2 : Roi des Monstres propose un scénario plus réfléchi qu’un Transformers ou autre film du même gabarit, l’intrigue finit rapidement par laisser filtrer des incohérences et des comportements illogiques. Le revers de la médaille quand on fignole trop un récit dans un film de ce type, c’est que le spectateur ne laisse pas vraiment son cerveau au vestiaire puisque l’histoire sollicite jusqu’au bout son attention. Du coup, entre des scènes visiblement coupées au montage, une crédibilité vacillante quand il s’agit de confronter les personnages à la radioactivité des créatures et la volonté peu compréhensible de vouloir proposer une sous-intrigue familiale (hello Spielberg !), ce nouveau chapitre de Godzilla peine à convaincre malgré ses atouts de taille.

Au casting : Kyle Chandler (First Man, Game Night et il était également dans le film King Kong de Peter Jackson (2005)), Vera Farmiga (Captive State, Conjuring 2…) et Millie Bobby Brown (Stranger Things…) sont au centre du film, incarnant une famille déchirée après les événements du premier Godzilla, dont les ambitions vont se confronter autour du sort de l’humanité. Ken Watanabe (Pokémon: Détective Pikachu, Transformers – The Last Knight…) reprend du service, plus bavard mais ses lignes de dialogue n’atteindront jamais le même impact que son mythique « Let them fight! », à ses cotés Sally Hawkins (La Forme de L’Eau…) est également de retour. Parmi les nouveaux venus, Zhang Ziyi (Mémoires d’une Geisha…), Charles Dance (SOS Fantômes…) et Bradley Whitford (Darkest Minds : Rébellion…) étoffent l’ensemble, tandis que O’Shea Jackson Jr. (Séduis-Moi Si Tu Peux…), Aisha Hinds (Si Je Reste…) ou encore Thomas Middleditch (Silicon Valley…) complètent un casting bien trop consistant pour un film de monstres.

En conclusion, pour un film de monstres, Godzilla 2 : Roi des Monstres tient sa promesse en misant sur ses créatures pour assurer le show, n’hésitant pas à utiliser des plans larges et jouissifs pour laisser le spectacle massif se répandre dans toute sa splendeur. L’action est au rendez-vous, atteignant rapidement son potentiel maximum pour ne jamais ralentir. Je me demande même comment le prochain chapitre Kong V(s) Godzilla pourrait être à la hauteur car Ghidorah est aux monstres ce que Thanos était est aux Avengers : la menace ultime. Quoiqu’il y a peut-être un élément de réponse dans la scène post-générique 😉 À voir.

Laisser un commentaire