Action, Drame

[CRITIQUE] The Woman King, de Gina Prince-Bythewood

Le pitch : The Woman King retrace l’histoire extraordinaire des Agojié, une unité de guerrières qui protégèrent le royaume de Dahomey au XIXème siècle en Afrique de l’Ouest. Leurs aptitudes et leur fureur n’ont jamais trouvé d’égal. Inspiré de faits réels, The Woman King suit le destin épique de la Générale Nanisca, qui entraîne une nouvelle génération de recrues et les prépare à la bataille contre un ennemi déterminé à détruire leur mode de vie. Il y a des causes qui méritent d’être défendues…

Forcément, quand j’ai découvert la bande-annonce du film, j’ai immédiatement pensé aux Dora Milaje, l’escouade militaire faites de femmes qui protège le Wakanda, pays fictif découvert dans les films Marvel, notamment le premier film Black Panther. Heureusement, le film de Gina Prince-Bythewood (Le Secret de Lily Owens, The Old Guard…) est bien plus qu’une simple itération de personnages fictifs qui ont plu dans un blockbuster populaire – même si j’imagine que le succès du film de Ryan Coogler a dû contribuer à l’aboutissement de ce film. 

En effet, The Woman King repose sur de vraies guerrières, les Agojié, qui aurait existé en Afrique de l’Ouest, au Bénin, jusqu’au XIXe siècles, une armée redoutable, protectrice du royaume de Dahomey. Si le film capitalise sur des scènes de combats redoutables et brutales qui vont jalonner le récit, Gina Prince-Bythewood s’intéresse surtout aux femmes et à leurs histoires, baigné dans un cadre africain et traditionnel. Entre abandons et sacrifices, The Woman King dresse un portrait conquérant de personnages qui, par choix ou circonstances, ont rejoint les rends des Agojiés pour échapper à une vie en captivité. Même si l’ensemble de l’histoire reste plutôt classique, le film est porté par un tempérament rebelle et féministe.

À travers le parcours initiatique d’une jeune recrue, The Woman King va explorer des situations encore bien trop réelles qui vont animer les personnages. Mariage forcé, viols, prisonnières de guerre… La fiction se nourrit d’une réalité sordide pour donner du corps à un récit porté par une volonté de vivre féroce. Au-delà du spectacle, le film de Gina Prince-Bythewood humanise ces guerrières en disséminant ça et là des sous-intrigues dramatiques pour éviter un storytelling linéaire. Si le choix de ces détours auraient pu être moins téléphonés et telenovela-esques, cela n’empêche pas l’ensemble d’être aussi péchu et divertissant que n’importe quel blockbuster testostéroné. Forcément, l’empreinte blaxpoitation donne un cachet au film : un casting quasiment composé d’acteurs Noirs pour une histoire qui se situe en Afrique… sans être une énième récit autour de l’esclavage et de la colonisation. Du coup, en s’éloignant de ce type de sujet, The Woman King nous invite à découvrir une épopée plus engageante et dépaysante où le sexe généralement désigné comme faible s’avère être un emblème lié à la force. Gina Prince-Bythewood utilise habilement les violences faites aux femmes pour transformer les traumatismes vécus par les personnages en rage de vivre et de vaincre. 

Badass, c’est le mot qui conviendrait pour décrire les héroïnes de The Woman King. Mais Gina Prince-Bythewood crée surtout des portraits de femmes fortes et poignantes à la fois, une fois l’écran de violence et de hargne dispersé. Même si le film ne met en avant qu’une poignée de personnages, c’est bien l’union de cette armée qui permet à ces femmes de survivre – quand elles y parviennent. Si le drama permet au film de s’émanciper du genre actioner, la réalisatrice soigne néanmoins la réalisation des scènes de combats, grâce à des affrontements à la chorégraphie spectaculaire. J’ai aimé que la brutalité efficace prenne le pas sur les figures esthétiques que l’on voit souvent dans les films d’action de nos jours. Sang, poussière et hargne sont au rendez-vous, cadré dans une photographie sublime. Ici, pas de pirouette à la Black Widow pour faire joli, The Woman King est porté par une tonalité déterminée, qui va droit au but tout en étant prêt à y laisser sa peau, le tout niché dans des décors naturels d’une beauté sauvage à couper le souffle. 

The Woman King doit beaucoup à son casting impeccable, avec notamment Viola Davis (The Suicide Squad, Les Veuves, Black Adam…) est, évidemment, renversante dans le rôle principal, totalement crédible en tant que générale de cette armée de guerrières impitoyables. Autour d’elle, Lashana Lynch (Mourir Peut Attendre, Captain Marvel…) est excellente et mérite d’être plus qu’un second couteau, tandis que Sheila Atim (Pinocchio, Doctor Strange In The Multiverse of Madness…), plus en retrait, fait le liant entre les différentes facettes des Agojié explorées dans le film. En tête d’affiche également, Thuso Mbedu incarne une nouvelle recrue, dans une performance peut-être un peu écrasé face aux grandes actrices qui l’entourent.
Chez les hommes, malheureusement, c’est moins la fête : John Boyega (Pacific Rim Uprising, The Circle, Star Wars IX…) manque cruellement de charisme, Hero Fiennes Tiffin (After…) fait presque de la figuration, mais Jimmy Odukoya s’en sort un peu mieux en tant qu’antagoniste. 

En conclusion, même si l’impression de découvrir une histoire parallèle des Dora Milajé reste présente, The Woman King s’en émancipe en humanisant ses guerrières et surtout en livrant des scènes d’actions époustouflantes. À voir. 

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