
Le pitch : Dans un monde en déclin, la jeune Furiosa est arrachée à la Terre Verte et capturée par une horde de motards dirigée par le redoutable Dementus. Alors qu’elle tente de survivre à la Désolation, à Immortan Joe et de retrouver le chemin de chez elle, Furiosa n’a qu’une seule obsession : la vengeance.
Presque dix après la folie qu’était Mad Max : Fury Road, George Miller (Trois Mille Ans à T’Attendre, Happy Feet, Les Sorcières d’Eastwick…) revient avec une suite sous forme de préquelle mais aussi de spin-off, alors que Furiosa : Une Saga Mad Max, s’intéresse à la jeunesse de l’héroïne-titre et en profite pour étendre l’univers de Mad Max qui existe depuis 1979.
Exit Charlize Theron (*tousse*), le réalisateur choisit l’actrice en vogue Anya Taylor-Joy pour incarner les jeunes années de Furiosa et retrace son histoire dans l’aridité du désert australien. Toujours dans son univers post-apocalyptique où l’eau manque et que les sociétés modernes se sont effondrées, Furiosa : Une Saga Mad Max démarre, comme il se doit, sur les chapeaux de roues.
Cependant, notez bien que contrairement à Mad Max : Fury Road, il est indispensable d’avoir vu le film précédent pour voir celui-ci.

Sans surprise mais pour le plaisir des yeux, George Miller livre un spectacle échevelé et fantastique, racontant son histoire sous forme de chapitres pour mieux happer l’univers de Furiosa : Une Saga Mad Max et de ses différents protagonistes. Visuellement, le film suit les traces de la claque mémorable qu’était Mad Max : Fury Road, avec ses plans magnifiques et ses courses-poursuites effrénées, chaotiques et empreintes de violences assumés. Le rouge du désert contraste avec ses nuits bleutées, Furiosa s’émancipe quelques peu de l’univers punk de Mad Max : Fury Road pour en imaginer ses prémisses avec une photographie de plus en plus métallique. La réalisation est évidemment soignée, le rythme est accrocheur et le scénario parvient à maintenir en haleine, faisant de Furiosa : Une Saga Mad Max une suite excitante et réjouissante, bercé par la musique effervescente de Junkie XL (Godzilla x Kong : Un Nouvel Empire, Sonic, 355, Zack Snyder’s Justice League…).

Mais… pourquoi ce “mais” ?
Il y a d’abord l’évidence : Furiosa : Une Saga Mad Max ne profite plus de l’effet de surprise du film précédent. Résultat, si l’ensemble ravit, j’ai été nettement moins émerveillée par le délire esthétique et la cacophonie ambiante. Ensuite, j’ai eu du mal à comprendre pourquoi le film s’intitulait Furiosa : Une Saga Mad Max. Si George Miller revient effectivement sur le passé de son héroïne, jusqu’à raccrocher les wagons avec Mad Max : Fury Road, j’ai trouvé que le personnage-titre faisait trop souvent office de second couteau. Pire, un second couteau dont tout la trajectoire est décidée par des hommes qui la traitent soit comme une possession, soit comme une apprentie – un comble quand on sait que Mad Max : Fury Road portait fièrement ses ambitions féministes !

En effet, de Dementus à Immortan Joe, en passant par d’autres personnages qui vont façonner sa soif de vengeance entre éducation ou esclavage, ladite Furiosa est souvent cantonnée à une observation mutique. Certes, le jeune âge du personnage pendant les deux tiers du film y est pour beaucoup, mais il faut bien admettre que ce sont surtout ses acolytes masculins qui profitent des choix narratifs du le film. À l’instar de Mad Max : Fury Road où Mad Max jouaient les side-kicks, George Miller continue le bluff en reléguant l’héroïne au second plan, révélant peu à peu le véritable sujet de son film, quelque part entre le contrôle du Wasteland, ou plutôt le putsch de Dementus pour détrôner Immortan Joe.
Et c’est là que mon avis n’en finit plus de se diviser. D’un coté, j’ai aimé aimé ces nouveaux personnages et l’aventure au détour des différents décors du film et de la saga. À l’image d’un jeu vidéo, Furiosa : Une Saga Mad Max semble évoluer de terrain de jeu en terrain de jeu jusqu’à l’affrontement versus le boss final, comme pour illustrer la quête de l’héroïne alors que celle-ci accumule patiemment des cordes à son arc. Entre la folie incontrôlable de Dementus et le regard attentif de Furiosa, le film se raconte comme un a-parté complémentaire à Mad Max : Fury Road, voir à toute la saga. D’où l’effet spin-off.

D’un autre coté, si je n’étais pas emballée à l’annonce de ce film (ni au vu des bandes-anonces, d’ailleurs), le résultat m’a un peu confortée dans cet état d’esprit mitigé. Pourquoi raconter l’histoire de Furiosa, alors qu’elle est survolée et bouclée dans Mad Max : Fury Road ? Après avoir vu ce film, je trouve qu’il n’apporte pas grand chose au storytelling de la Furiosa que l’on connaissait déjà. Je pense même que le film diminue l’impact de l’opus précédent. Furiosa : Une Saga Mad Max est si focalisé sur sa bataille du Wasteland (qu’il ne montrera pas d’ailleurs), qu’il oublie justement de creuser la relation entre son héroïne et le fameux Immortan Joe. Résultat, je suis sortie de là en me demandant pourquoi Furiosa version Charlize Theron lui en voulait à ce point dans Mad Max : Fury Road ! Ai-je raté un épisode ?

Globalement, si je n’ai pas passé un mauvais moment devant Furiosa, mais je n’ai pas été soufflée non plus. Le film de George Miller tient la plupart de ses promesses et propose une nouvelle aventure ensablée qui roule des mécaniques à l’extrême. Cependant, Furiosa : Une Saga Mad Max ne parvient pas à éviter les creux ni l’impression de déjà-vu. Entre des clins d’œil à Mad Max : Fury Road, à la saga Mad Max et des scènes à rallonge où les personnages construisent des monsters trucks, Furiosa : Une Saga Mad Max se rattrape de peu en construisant son univers étendu au cœur de ce désert australien post-apocalyptique. George Miller continue de démontrer son esprit visionnaire avec une réalisation impeccable et un univers post-apocalyptique richement détaillé, même si ce spin-off ne parvient pas à atteindre les sommets de son prédécesseur.
Après, perso, j’en ai un peu assez des films dans le désert et j’ai largement préféré la magie novatrice et enchanteresse du dernier film de George Miller, Trois Mille Ans à T’Attendre !

Au casting, c’est donc Anya Taylor-Joy (Super Mario Bros. Le Film, Le Menu, The Northman…) qui incarne cette Furiosa 2.0, une version un poil plus mutique et moins charismatique que celle de Charlize Theron. Cependant, en dehors de la comparaison, Anya Taylor-Joy parvient à nous captiver, rien qu’avec son regard entêtant. Et si vous vous demandez comment ils ont réussi à caster une jeune actrice qui lui ressemble autant, la réponse est dans le numérique. En effet, le visage de l’actrice a été apposé sur la jeune Alyla Browne (Trois Mille Ans à T’Attendre, Nine Perfect Strangers…) qui incarne Furiosa enfant pour que la transition enfant-adulte soit plus fluide. Ceci étant dit, entre ses 30 lignes de dialogue et son caméo survendu dans Dune : Deuxième Partie, j’ai l’impression qu’Anya Taylor-Joy gagne plutôt bien sa vie en ce moment 😀

À ses cotés, Chris Hemsworth (Tyler Rake, Thor : Love and Thunder, Men In Black : International…) abandonne sa plastique de rêve mais récupère son accent australien pour incarner Dementus, profitant du caractère déjanté de son personnage bien-nommé pour s’amuser à l’écran dans un personnage solide qui, cette fois, ne repose ni sur ses abdos, son humour (et encore moins sur ses tétons *wink wink pour ceux qui auront déjà vu le film). Et bien sûr, qui dit Chris Hemsworth, dit aussi Elsa Pataky (Interceptor…) en petit caméo.
À l’affiche également, on retrouve entre autres Tom Burke (The Lazarus Project…), Angus Sampson (Insidious : La Dernière Clé…), Nathan Jones (Ricky Stanicky…), Josh Helman (X-Men : Apocalypse…), Lachy Hulme en Immortan Joe ou encore la silhouette de Jacob Tomuri en Mad Max, pour ne citer que quelques noms dans ce casting très masculin (l’effet Oppenheimer probablement).
En conclusion, Furiosa : Une Saga Mad Max est une aventure toujours marquante qui, malgré quelques réserves, enrichit l’univers de Mad Max, dans une déferlante d’action aussi testostéronnée, qu’endiablée et maîtrisée. Mais que les détracteurs de Mad Max : Fury Road ne s’étonne pas : il y a toujours autant d’allers-retours ensablés ! À voir.

PS : il y a une micro scène post-générique… Peut-être un prochain spin-off sur [SPOILER]les War Boys[/SPOILER] ?
