Aventure, Romance, Sci-fi

[COUP DE CŒUR] Trois Mille Ans À t’Attendre, de George Miller

Le pitch : Alithea Binnie, bien que satisfaite par sa vie, porte un regard sceptique sur le monde. Un jour, elle rencontre un génie qui lui propose d’exaucer trois vœux en échange de sa liberté. Mais Alithea est bien trop érudite pour ignorer que, dans les contes, les histoires de vœux se terminent mal. Il plaide alors sa cause en lui racontant son passé extraordinaire. Séduite par ses récits, elle finit par formuler un vœu des plus surprenants.

Cher George Miller,
Vous vous faites rare, mais vous méritez sacrément notre patience !

Déjà sept ans depuis l’incroyable Mad Max: Fury Road où le réalisateur australien réussissait le tour de force de revisiter une franchise éteinte depuis 30 ans en livrant un nouvel opus justement furieux et spectaculaire.
Cependant, même si le film a suscité l’engouement général, certaines langues pointilleuses ont critiqué la simplicité du scénario, en résumant Mad Max: Fury Road a un road movie accéléré ponctué par un demi-tour en cours de route. Soit. Du coup, George Miller revient avec un film essentiellement porté sur la magie de la narration, entre mythes et légendes, à travers le fabuleux Trois Mille Ans À t’Attendre, bien à l’opposé de la férocité véloce de Mad Max: Fury Road. C’est donc aux cotés d’une narratologue (experte en technique de récits) que le film raconte l’histoire d’un génie, au cours d’une existence tumultueuse auprès du genre humain. Histoires de légendes et créatures fantastiques se bouscule dans cette fable d’une beauté à couper le souffle, à la découverte du mythe ultime qui fera encore et toujours vibrer le cinéma : l’amour.

Forcément, quand j’entends parler de génie et de lampe, je pense immédiatement aux contes des Milles et Une Nuit : condamnée par un mariage malheureux, la princesse Shéhérazade qui repousse l’échéance de son meurtre en racontant des histoires au cruel Sultan : Sinbad le Marin, Ali Baba et les Quarante Voleurs, Les Sept Vizir et bien entendu, Aladin ou la Lampe Merveilleuse (repris plus tard par Disney et ses Aladdin). À l’issue de mille et une nuits, le Sultan, conquis, renonce à l’exécuter.

Entre l’anonymat du recueil initial et les récits qui traversent les cultures arabes, indiennes et persanes, Les Milles et Une Nuits sont pétries de mystères fait de djinns, de vizirs et de parfums orientaux dépaysants et magiques. Je me souviens avoir découvert ses contes enfants, bien avant ceux des frères Grimm ou de Charles Perrault, par exemple, et même avant les versions Disney.

Adapté de la nouvelle The Djinn in the Nightingale’s Eye qui suit les mêmes effluves, George Miller s’en inspire pour raconter une histoire d’amour qui prend forme sous nos yeux. Dans un univers rempli de couleurs, Trois Mille Ans À t’Attendre est forcément porter par les échanges entre ses deux protagonistes alors que les souvenirs prennent vie à l’écran. Si la patte esthétique de George Miller n’était plus à prouver, le film n’en est pas moins d’une beauté fracassante. Voyageant à travers le temps et les comptes, l’ensemble est cocooné dans une photographie chaude aux accents orientaux, tandis que des plans sublimes se succèdent les un après les autres. Le cinéaste parle d’amour et s’émancipe des codes hollywoodiens occidentaux pour célébrer les influences orientales qui émanent de son film. Ses personnages sont célébrés sous toutes les coutures, couleurs et formes (on pensera à un moment – et avec respect – à l’intro de Nocturnal Animals de Tom Ford).
C’est magique à voir dans un film dit mainstream qui parle d’amour en offrant un visage humain et pluriel à ceux qui s’éprennent des uns et des autres, comme pour souligner la belle diversité qui nous entoure. Le cinéaste nous immerge sans effort dans un conte vivant, tandis que le scénario – qu’il a co-écrit avec Augusta Gore – fait oublier les murs des salles obscures. Oui, car l’expérience cinéma est indispensable pour découvrir ce bijou, au moins la première fois (puis chez vous, légalement, évidemment).

C’est sûr qu’après Mad Max: Fury Road, Trois Mille Ans À t’Attendre  correspond bien à l’anti-Mad Max annoncé. Plus posé et plus lent, le film fait honneur à l’exercice de la narration, tandis que l’émotion évolue entre émerveillement et la mélancolie, au fur et à mesure que l’objet du film se révèle. Avec l’amour et le pouvoir en première ligne, Trois Mille Ans À t’Attendre  explore des histoires d’hommes et de femmes qui se possèdent ou se font posséder par des semblants d’amours teintés par un objectif moins honorable. Alors que l’issue semble attendue, c’est finalement le sentiment amoureux, dépouillé de tout agenda ou contrepartie secondaire, qui est au centre du film. Et c’est magnifique. 

Au casting, deux immenses talents : Tilda Swinton (The French Dispatch, The Dead Don’t Die, Suspiria…) en femme actuelle, intelligente et indépendante, loin de la figure habituelle de celle qui cherche l’amour pour finir ses vieux jours ; face à elle, un Idris Elba géant (Beast, Sonic 2, The Suicide Squad…), qui joue de sa voix envoûtante pour incarner ce génie hors du temps. À noter, parce qu’elle m’a subjuguée quand je l’ai vue, la beauté incroyable de la mannequin Aamito Lagum, qui incarne la Reine de Saba le temps d’un récit.

En conclusion, si George Miller a bien montré qu’il en avait encore sous le capot après Mad Max: Fury Road (huhuhu), le réalisateur range les bolides mais continue d’enchanter avec son nouveau film. Trois Mille Ans À t’Attendre est un petit bijou plein de rêves et de couleurs, entre légendes et souvenirs, qui décline toutes les nuances de l’amour jusqu’à sa forme la plus pure.  C’est beau, neuf et merveilleux. À voir absolument. 

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