Le pitch : Tandis qu’ils passent leurs vacances dans un chalet en pleine nature, une jeune fille et ses parents sont pris en otage par quatre étrangers armés qui leur imposent de faire un choix impossible. S’ils refusent, l’apocalypse est inéluctable. Quasiment coupés du monde, les parents de la jeune fille doivent assumer leur décision avant qu’il ne soit trop tard…
Même avec la pandémie, M. Night Shyamalan reste régulier. Deux and après le film Old, le réalisateur revient avec le film Knock At The Cabin, une nouvelle adaptation, cette fois tiré d’un roman écrit par Paul G. Tremblay.
Après une série de films décevants, depuis La Jeune Fille de l’Eau jusqu’à l’affreux After Earth, le cinéma de M. Night Shyamalan a repris du poil de la bête depuis The Visit (2015) et Split (2017). Mais ses travers de scénaristes n’étaient jamais loin, comme une intrigue prévisible pour l’un, puis une surexposition de son personnage principal pour le second ou une tendance à bâcler ses récits souvent desservi par des ventres mous. Avec Glass (2019), le realisateur déçoit de nouveau avec un thriller mollasson et atone. Heureusement, sa série The Servant (qu’il ne scénarise pas), puis le film Old (2021), lui permette d’affiner son style flirtant toujours quelques parts entre l’étrange, l’angoisse et le surnaturel.
Et voici enfin Knock At The Cabin qui semble être le résultat de ces années difficile : M. Night Shyamalan parvient à nouveau à composer avec une intrigue simple mais captivante et férocement haletante.
Dès son introduction, le film installe un malaise glaçant avec la scène d’un homme massif qui tente de sympathiser avec une enfant, juste avant de se transformer en un home invasion sous tension. Estampillé « film d’horreur » pour des raisons marketing, Knock At The Cabin s’impose en réalité comme un thriller animé par une terreur chirurgicale, où vont s’opposer la folie et la raison. Alors que le week-end familial est interrompu par l’arrivée d’étrangers aux intentions pour le moins étranges, le récit va lentement mais sûrement se tendre dans un face-à-face inquiétant.
Knock At The Cabin est surprenant car durant les 20 premières minutes, le film va prendre soin de couper court à toutes les hypothèses autour du film pour expliquer cette rencontre entre les personnages. Rappelant évidemment It Comes At Night à certains endroits, le film aurait pu tout aussi bien s’essouffler une fois le postulat exposé, mais M. Night Shyamalan prend aux tripes des les premières minutes à travers une réalisation stressante mais ingénieuse : cadres ultra resserrés sur les visages, prises de vues avec un angle précis pour faire passer l’impression de domination de personnages sur les autres, caméra qui fuit hors cadres… Autant d’astuces qui pourraient rebuter ou irriter, mais qui fonctionnent grâce au scénario (signé par Shyamalan), qui parvient parvient à maintenir en haleine et une ambiance angoissante. Le prétexte du film est si ubuesque que j’ai été happée par les échanges entre les personnages et l’empathie qui se crée autour des victimes.
Quelle décision prendrai-je ? Que ferai-je ? Knock At The Cabin accroche car j’ai fini par me demander comment je réagirai face à une telle invasion. Toujours un poil ésotérique, M. Night Shyamalan questionne l’humanité et la justice universel (pourquoi moi et pas un autre) à travers un contexte surréaliste mais qui va pousser les personnages dans leurs retranchements et autres morales. Minorités opprimées, humanités et croyances se bousculent avec une potentielle fin du monde dans la balance. Le film m’a porté jusqu’au final où les issues sont prévisibles, mais donnent envie d’être découvertes, juste pour le simple plaisir d’avoir une réponse à tout ça.
Je pense que certains pourraient voir le film comme un long babillage creux : en effet, toute l’intensité de Knock At The Cabin est implicite et se tapie dans les échanges entre les personnages. Pas de twist, de jumpscare ni de big reveal pour animer l’ensemble, qui ne dure heureusement qu’1h40, et pourtant, M. Night Shyamalan a, enfin, réussi à me captiver de bout en bout sans aucune fausse note. Ça n’était pas arrivé depuis Le Village (2004) !
Au casting : Dave Bautista (Glass Onion, Thor: Love and Thunder, Dune…) porte le film sur ses épaules avec un personnage aussi impression que sa carrure, même si son personnage est à contre-emploi de son physique. Face à lui, Jonathan Groff (Mindhunter, Matrix Resurrections, La Reine des Neiges 2…) et Ben Aldridge (Pennyworth, Fleabag…) sont pris au piège et forment un duo avec lequel on sympathise au point de presque se projeter dans leur situation. Autour d’eux, la jeune Kristen Cui fait partie des rares personnages enfants dans ce genre de film à ne PAS être une tête-à-claques mais un gamin futé et cohérent, tandis que Rupert Grint (Le Cabinet de curiosités de Guillermo del Toro, Harry Potter…) , Abby Quinn (Je Veux Juste En Finir…) et Nikki Amuka-Bird (Old, Jupiter : Le Destin de l’Univers…) complète un ensemble anxiogène.
Évidemment, M. Night Shyamalan fait son habituel caméo.
En conclusion, je suis la première surprise et pourtant c’est arrivé : M. Night Shyamalan qui m’a si souvent déçue est enfin revenu avec un film à la trame aussi simple qu’efficace. Dense et déroutant, Knock At The Cabin propose un thriller nerveux et captivant, duquel on ne décroche qu’une fois libéré par le générique final. À voir.