Action

[CRITIQUE] Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1, de Christopher McQuarrie

L’art de maîtriser les codes blockbusteriens n’est plus à prouver pour le duo Tom Cruise et Christopher McQuarrie. Avec Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1, la franchise reste dans ce qu’elle sait faire de mieux mais en profite surtout pour soigner la forme. Résultat : Ce nouvel opus offre un spectacle époustouflant, combinant habilement action intense et tension palpitante. Les personnages sont mieux développés et des clins d’œil aux origines de la saga ajoutent une dimension supplémentaire. Une belle réussite estivale qui donne envie d’attendre la suite, sans pour autant imposer un épisode de remplissage.

Le pitch : Dans Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1, Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière. Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission – pas même la vie de ceux qu’il aime.

Depuis un peu plus de 40 ans, Ethan Hunt se balade de cascades périlleuses en cascades vertigineuses sur nos écrans, depuis le format série jusqu’au cinéma. De Brian de Palma à Christopher McQuarrie, le simili-James Bond américain incarné par Tom Cruise revient, bien décidé à se révéler plus impressionnant que les opus précédents. La star hollywoodienne n’étant pas immortelle et les ressorts scénaristiques n’étant pas extensible, il est donc venu le temps de faire ses adieux. Et comme toute superproductions franchisées et bankables, rien de plus évident que de se conclure… en plusieurs parties. C’est avec Tom Cruise’s Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 démarre son ultime aventure (?), en attendant la suite qui sortira en 2024.

Forcément, quand on pense à la fin, on pense également aux débuts. Le film de Christopher McQuarrie (Jack Reacher, Mission: Impossible – Rogue Nation, Mission: Impossible – Fallout…) flirte avec les origines de la saga, alors que l’histoire s’inspire des dangers de l’intelligence artificielle pour une mission dont la survie du monde tel que nous le connaissons dépend. Bis repetita ? Oui… et non. Contrairement à d’autres franchises qui foncent à toutes allures dans un remâchage capillotracté des mêmes gimmicks pour rendre leurs héros toujours plus invincibles, Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 préfère se reposer sur des enjeux plus crédibles et une mise en scène certes époustouflante mais jamais too much.

Dans ce qui ressemble à un dernier baroud d’honneur, l’histoire s’interroge plutôt sur ce qui pousse les personnages à se dépasser et/ou rejoindre la famille, pardon, l’IMF (MIF en français). À travers un scénario souvent complexe, les retrouvailles avec des visages connus ou l’arrivée de nouveaux personnages, Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 s’intéresse plus à la toile de fond qu’aux enjeux frontaux (à savoir : trouver un méchant et arrêter le méchant). Ce qui semble être l’aventure d’une vie (coté Ethan Hunt, mais également coté Tom Cruise) semble vouloir évoluer, potentiellement en passant le flambeau. En tout cas, plus que des agents redoutables, la notion de mortalité et de sacrifice est bien présente. Même si le film continue de rivaliser avec ses ambitions spectaculaires, j’ai aimé découvrir une facette plus humaines des personnages, renvoyant aux origines de la saga Mission Impossible et de ces hommes et femmes qui ont, un jour, fait le choix de tout risquer pour l’IMF. Cela donne une nouvelle forme à ce septième film, même si la menace se dilue souvent dans un imbroglio conspirationniste souvent imbitable.

Heureusement, Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 reste un blockbuster et tient largement ses promesses. Avec un scénario dense et ses personnages solides, le film est renforcé par une belle dose d’action et d’adrénaline. Là où d’autres superproductions en font trop et finissent par déraper, Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 garde les pieds sur terre… enfin, façon de parler ! Tom Cruise continue de mettre la barre haute à travers des scènes de chute libre ou un affrontement sur le toit d’un train en plein mouvement (de quoi mettre en appétit sachant que le prochain film aura une scène tournée dans l’espace !). Si le résultat ne manque pas de scènes à couper le souffle, la réalisation de Christopher McQuarrie se démarque à travers des séquences plus longues et moins découpées où parfois la tension est la plus forte que lorsqu’il n’y a pas d’affrontement.

L’histoire remet l’espionnage et l’infiltration à l’honneur grâce à des échanges et des moments haletants où le danger est si palpable que j’en décollais presque de mon siège. La minutie millimétrée et l’effet parfois lancinant de certaines scènes sont aussi prenantes que les prouesses physiques de la star du film, tandis que certains échos aux premiers films raviront les plus attentif. Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 un style plus affirmé, soigné et moins mécanique alors que ces deux précédents films semblaient se fondre dans un même moule, permettant à la saga de continuer de creuser l’écart entre une franchise aux suites vomitives et un héritage ciné qui cherche à laisser une empreinte. De toutes façons, il suffit de comparer les scènes de courses poursuites romaines entre ce film et Fast and Furious X pour noter que non seulement Christopher McQuarrie maîtrise nettement mieux le sujet, mais surtout pour souligner le fait qu’il ne s’agit pas de tout détruire sur son passage pour rendre une scène d’actions accrocheuse.

En effet, au-delà du dynamisme du film, Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 retrouve la tonalité malicieuse qui lui manquait depuis Rogue Nation, à travers des interactions intelligentes qui humanisent les personnages, tout en prenant à revers l’image de l’action hero increvable et impeccable. Plus proche d’un James Bond, certes, mais finalement plus accessible. Un choix astucieux alors que l’ère des super-héros infaillibles touche à sa fin, embarquant sur son passage les autres super-productions qui surfaient tardivement sur la vague. Néanmoins, Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 a ce coté rassurant des grosses sorties qui ne déçoivent pas à l’arrivée.

Au casting, Tom Cruise (Top Gun: Maverick, Barry Seal: American Traffic, La Momie…) est si présent et impliqué dans la franchise que je n’attends plus que le ’s à coté de son nom sur l’affiche. Plus intéressant en Ethan Hunt qu’en Maverick, son personnage continue de jouer les patriarches casse-cous aussi impressionnant que charmant – probablement parce qu’il est moins égoïste que son alter-ego aviateur. Autour de lui, on retrouve les mêmes side-kicks au rendez-vous avec Simon Pegg (L’Âge de Glace : Les Aventures de Buck Wild, The Sparks Brothers, Bloodline…) et Ving Rhames (Wendell and Wild, Father Figures…), tandis que Esai Morales (Master Gardener, How To Get Away With Murder…), Henry Czerny (Scream VI, Wedding Nightmare…), Frederick Schmidt (The Hanging Sun, Patient Zero…) ou encore Shea Whigham (Spider-Man: Across the Spider-Verse, Joker…) se partagent l’affiche. Les femmes ont cette fois la part belle : si Vanessa Kirby (The Son, Pieces of a Woman, Fast and Furious: Hobbs and Shaw…) ne fait qu’un rapide passage, Rebecca Ferguson (Dune : Première Partie, Doctor Sleep, Men in Black: International…) est superbe et toujours aussi captivante en Ilsa Faust, tandis que les premiers pas de Hayley Atwell (Agent Carter, Doctor Strange in the Multiverse of Madness…) dans la franchise m’ont réconciliée avec l’actrice. Seule Pom Klementieff (Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, Thor: Love and Thunder…) est un poil desservie par son personnage quasiment muet, pourtant alléchant.

En conclusion, Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 propose un blockbuster haletant et vertigineux à la mesure des portraits qu’il propose et de ses ambitions estivales. Entre menaces virtuelles et rappel à ses origines, le film de Christopher McQuarrie s’émancipe de son modèle coup-de-poings pour ajouter plus d’humanité, aussi ténue soit-elle, à son récit. À voir.

Laisser un commentaire