Le pitch : Après bien des missions et contre toute attente, Dom Toretto et sa famille ont su déjouer, devancer, surpasser et distancer tous les adversaires qui ont croisé leur route. Ils sont aujourd’hui face à leur ennemi le plus terrifiant et le plus intime : émergeant des brumes du passé, ce revenant assoiffé de vengeance est bien déterminé à décimer la famille en réduisant à néant tout ce à quoi, et surtout à qui Dom ait jamais tenu…
La saga Fast and Furious en est déjà à son dixième film et ne compte pas s’arrêter là, puisque deux autres films ont déjà été annoncés ! Pour ce nouvel opus dont le slogan rappelle qu’il s’agit du « début de la dernière course », c’est le réalisateur français Louis Leterrier (Loin du Périph, Grimsby : Agent Trop Spécial, Insaisissables…) qui a la lourde charge de démarrer la trilogie finale de cette future dodécalogie.
*** Spoilers sur la scène bonus et la fin du film en fin d’article***
Dans ce film, le film Fast and Furious X revisite son passé pour replonger les spectateurs dans l’univers et l’ambiance d’un de ses meilleurs films de la franchise (Fast Five), marqué par la première vraie réunion de la Famille. Cependant, depuis Fast and Furious 7, la surenchère ne convainc plus et la mort de Paul Walker a malheureusement laissé un vide qui affecte la dynamique des personnages. Fast and Furious 9, malgré l’ajout de John Cena, a exposé les défauts grandissants d’une franchise qui tourne à vide.
Pour ce nouvel opus, Louis Leterrier, toujours sur un scénario de Justin Lin, fait donc appel à notre bon souvenir. Comme d’habitude, on reprend les mêmes et on recommence. Alors que la Famille de Dominic Torreto vit des jours heureux autour de barbecues estivaux où il y a toujours une chaise vide (mentionnée ou non), une menace bout à l’horizon. Le passé ressurgit sous la forme de Dante Reyes, le fils du méchant de Fast Five, prêt à tout pour venger la mort de son père.
Toujours plus gros, ce nouveau film va mettre les bouchées doubles pour tenter d’innover, malgré un antagoniste qui régurgite les mêmes motivations que ceux des deux précédents films : s’en prendre à Dominic pour une raison obscure ! Après dix films à entendre la même litanie sur la Famille et sur ce personnage invincible que les pires malfrats de la Terre ont envie de détruire, on pourrait croire qu’il s’agit d’un défi impossible. Et pourtant ce Dante Reyes va réussir à déstabiliser et à mettre en danger la Famille, en s’en prenant – comme toujours – à ce que Dominic Toretto à de plus cher… son fils sa Famille.
Tandis que le récit se déploie de Rome au Portugal, en passant par l’incontournable Brésil (case souvenir oblige), Louis Leterrier rythme son scénario alambiqué de rebondissements, séparant la Famille sur différents continents pour mieux hisser le redoutable Dante Reyes au rang d’ennemi insurmontable. Les artifices restent les mêmes : Fast and Furious X tient ses promesses en proposant de l’action dantesque (huhu) à travers des courses poursuites effrenées et des scènes de combats impressionnants. Le spectacle est à son apogée, maintenant une tension ininterrompue, car Fast and Furious X n’a de cesse de nous offrir de nouvelles péripéties à dévorer avidement.
>>> Retour sur la saga Fast and Furious
Là où le film précédent se prenait un poil trop au sérieux, Fast and Furious X retrouve la part de légèreté et d’excès qui lui faisait défaut. Louis Leterrier met la crédibilité est au placard en repoussant les limites, quitte à faire rire ou exaspérer, tant certaines scènes sont aussi démesurées qu’improbables. Mais peu importe : le spectacle est assuré et le résultat s’avère plus digeste que les films précédents, voire même familier. Et en même temps, c’est plutôt facile quand le scénario pompe allègrement les grandes lignes d’Avengers – Infinity War, allant même jusqu’à imposer un costume lilas à Jason Momoa (référence à peine voilée à la couleur violette de Thanos) !
Cependant, les défauts persistants de Fast and Furious X résident dans les aspirations démesurées de la franchise. Bien que le film soit dense, il échoue à prendre le temps de se poser, de respirer et de réfléchir à son propre récit. Fast and Furious X se précipite tête baissée, en proposant des séquences d’action gratuites (telles que des combats superflus) pour combler la durée déjà excessive du long métrage. Tout semble artificiel, et les scènes s’enchaînent de manière mécanique, répondant à un cahier des charges rigide, de sorte que plus rien ne parvient à étonner ou à impressionner réellement. Entre super-héros et super-agents, les personnages de Fast and Furious X évoluent de façon de plus en plus illogique, se révélant étonnamment inutiles, voire cruellement inutiles – en particulier dans ce volet-ci ! Alors que la trame centrale opposant le héros, Dominic Toretto à son ennemi demeure claire, je vous mets au défi de trouver une signification quant à l’utilité des autres membres de la Famille dans cette œuvre – sans parler des caméos ou des retours qui n’apportent rien à la choucroute, vu qu’on nous les tease brièvement pour mieux nous les remettre sous le nez dans les prochains films !
Coté réalisation, ce n’est pas fameux non plus. Louis Leterrier abuse du CGI et des cascades sans queue ni tête. Si les Parisiens ont grincé des dents en découvrant la trajectoire de la course poursuite parisienne dans Mission: Impossible – Fallout, je doute que les Romains s’en sortent mieux avec une scène similaire aux coeurs d’une Rome (devenue très pentue). Mais le véritable problème vient surtout des erreurs de mise en scène et les faux raccords, ce qui est décevant compte tenu du budget et de l’envergure du film. Certes, les couleurs sont plus vives que dans les opus précédents, mais le montage est chaotique et haché, tandis que la chronologie du récit reste totalement floue. Combien de temps dure cette traque ? Un jour ? 48 heures ou plus ? À cause de scènes qui démarrent la nuit et la reprise du même dialogue en full journée, comprendre la timeline est encore plus compliqué que l’idée d’avoir des « criminels ultra recherchés » qui traversent les frontières sans problème.
La curiosité me pousse toujours à aller voir ces films, pour le show et l’envie de voir jusqu’où ils vont aller. Clairement, Fast and Furious X tente de garder un peu plus les pieds sur terre (le film ose à peine mentionner l’escapade dans l’espace de Fast and Furious 9) et de renouer avec les ingrédients qui ont booster la saga de puis Fast Five. Oui mais voilà, à force de repousser les limites, les personnages se retrouvent prisonniers de leurs propres clichés, ce qui rend leur sort prévisible et limite l’intérêt qu’on leur porte. La preuve : alors que la fin se rêve comme un cliffhanger sur le modèle Avengers – Infinity War *wink wink*, le film se précipite dans du teasing sans laisser le temps au spectateur de digérer ce qu’il vient de voir. Et en même temps… la suite est tellement prévisible, qu’on s’en fiche un peu, avouons-le. Fast and Furious X maîtrise le suspens comme une peau de banane dans un cartoon.
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Justement, coté casting, on retrouve les habitués de la franchise : Vin Diesel (Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, Bloodshot…) en tête d’affiche et son entourage composé de Michelle Rodriguez (Donjons et Dragons : L’Honneur des Voleurs, Alita, Les Veuves…), Tyrese Gibson (Morbius…), Ludacris, Nathalie Emmanuel (Le Bal de L’Enfer, Army of Thieves…) et Sung Kang. Le personnage de Paul Walker, Brian, est toujours mentionné mais demeure en retrait, reléguant ainsi Jordana Brewster (L’Arme Fatale, Magnum P.I...) au second plan, avec son rôle et l’enfant qu’elle a eu avec Brian qui disparaissent complètement.
L’antagoniste joué par Jason Momoa (La Petite Nemo et le Monde des Rêves, Zack Snyder’s Justice League, Aquaman…) est une performance intéressante : le personnage cristallise à merveille l’esbroufe, le caractère bordélique, décomplexé et assumé du film, ce qui sied bien à l’acteur qui s’amuse visiblement dans ce rôle un peu farfelue. On l’apprécie autant qu’il agace, un peu comme cette saga que je continue à suivre tout en sachant qu’elle se délite de plus en plus vers une forme de série B multimillionnaire.
De retour pour encaisser leurs chèques : Helen Mirren (Shazam! La Rage des Dieux, Catherine The Great…) fait son caméo devenu habituel, Jason Statham (Operation Fortune : Ruse de Guerre, Un Homme en Colère, Hobbs and Shaw…) prolonge la scène bonus du dernier film, Charlize Theron (L’École du Bien et du Mal, Scandale, Séduis-Moi Si Tu Peux…) est passée de super-geek à championne de free-fight sans explication valable et John Cena (Peacemaker, The Suicide Squad…) voit son personnage totalement réécrit pour le rendre plus sympathique. J’oublie presque la présence de Scott Eastwood (Dangerous, Pacific Rim Uprising…), tiens…
Et puisque chaque film tient à élargir la Famille, nouveaux venus font leurs apparitions, tels que Brie Larson (La Voie de la Justice, Avengers – Endgame, Captain Marvel…), Daniela Melchior (Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, The Suicide Squad…), Alan Ritchson (Reacher, Ghosts of War…) et même Rita Moreno (Anita dans le premier West Side Story, Valentina dans le dernier) pour la touche « old school ».
En conclusion, La Famille est de retour dans un joyeux bordel qui amuse de moins en moins et dont le spectacle de parvient presque plus à étonner. Louis Leterrier propose une réalisation à peine potable, avec une utilisation excessive des effets visuels et des problèmes de mise en scène. Malgré cela, Fast and Furious X reste divertissant et assure son rôle de films popcorn, grâce à des scènes d’action à la satisfaction immédiate (tant qu’on ne réfléchit pas à l’ensemble du scénario). Cependant, le film souffre d’un manque d’innovation et la répétition des schémas déjà connus limite son impact en tant qu’opus majeur de la saga. À voir, pour les complétistes.
PS : Il y a une scène bonus cachée dans le générique. Guess who’s back?
>>> Retour sur la saga Fast and Furious
Et pour ceux qui ont vu le film ou qui ont envie de gagner du temps (et de l’argent) :
***SPOILERS***
Dans la scène bonus, on découvre que Dante Reyes a retrouvé la trace de celui qui a vraiment tué son père au Brésil, à savoir Hobbs, aka Dwayne Johnson. Une surprise intéressante, étant donné les relations tendues entre Vin Diesel et Dwayne Johnson, mais qui s’explique par deux hypothèses (potentiellement complémentaires) : soit cette trilogie finale avait déjà prévue le retour de Hobbs malgré tout, soit après l’échec cuisant de Black Adam et le changement de hiérarchie à la tête de DC Comics a calmé la gouaille Dwayne Johnson *tousse*. Et en même temps, on pourrait se demander pourquoi Dante ne s’en est pas pris à Hobbs en priorité, vu que c’est lui qui a abattu son père de sang froid, mais bon…
Autre retrouvaille (in)attendue (et encore plus après les changements coté DC Comics), Gisele, aka Gal Gadot, est de retour et toujours en vie à la toute fin du film (avant le générique). Et oui, comme Han (son love interest), cette ex-espionne du Mossad aurait simulé sa mort (chute depuis un avion, n’est-ce pas) dans Fast and Furious 6. Moui moui moui, on y croit. J’ai hâte de connaître l’explication (ou pas). Et faudra m’expliquer cette manie d’imposer un deuil à quelqu’un qu’on aime, alors qu’on est toujours en vie planqué quelque part ! Même Ethan Hunt trouve un moyen de rester en contact avec sa femme, quand même U_U