Aventure

[CRITIQUE] Les Trois Mousquetaires : Milady, de Martin Bourboulon

Le pitch : Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.

En avril dernier, Martin Bourboulon (Papa ou Mamansa suite, Eiffel…) faisait découvrir un premier opus réussi de son adaptation du célèbre roman d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, centré sur le personnage de D’Artagnan. Quelques mois plus tard, c’est au tour de sa suite, sous-titrée Milady, de se dévoiler afin de poursuivre (et conclure ?) les aventures de ses trois (quatre) mousquetaires. Film qui s’est d’ailleurs terminé par un sacré cliffhanger.

Pas de panique cependant, Les Trois Mousquetaires : Milady démarre avec une session de rattrapage de quelques minutes pour rafraichir la mémoire des quelques spectateurs qui n’auraient pas revu fait leurs devoirs. Rapidement le film de Martin Bourboulon enchaîne sur les chapeaux de roues pour rattraper son fils conducteur. Entre la recherche de Constance, la troublante Milady et le fameux siège de la Rochelle, le film propose un récit dense et animé, qui maintient en haleine. Cependant, j’ai tout de même ressenti l’impression d’être perdue dans ce tourbillon de capes et d’épée, car la mise en branle s’avère quelque peu brouillonne dans ses intentions. Est-ce un film de guerre ou une épopée dramatique ? Les Trois Mousquetaires : Milady crée une certaine confusion qui flotte autour de la narration éparpillée.

Et pour cause, alors que le titre du film met en avant la mystérieuse émissaire du Cardinal Richelieu, le manque d’informations autour du personnage imaginé par Alexandre Dumas limite finalement son introspection. Du coup, même si on la voit plus souvent, il reste toujours difficile de comprendre qui est véritablement l’énigmatique Milady et les motivations réelles derrière ses choix. En parallèle, les autres personnages, les Mousquetaires donc, sont un poil laissé à l’abandon tandis que les lumières sont braquées sur D’Artagnan, laissant le trio Athos, Porthos et Aramis s’embourber dans des storylines déjà bien amorties dans le premier film ou en créant d’autres sous-intrigues un poil insipides pour combler les creux.
Cependant, le récit parvient à captiver malgré ces moments de remplissages hésitants. Les nombreux rebondissements et la capiteuse Milady ajoutent une touche palpitante à l’ensemble. L’ambiance rappelle par moments la série Game of Thrones, mais avec une touche française qui lui est propre. Et ce ne sont pas les fabuleux plans sur les décors naturels, certes enrobés d’une couleur sépia, qui démontreront le contraire !

La réalisation, axée sur la caméra à l’épaule et les plans séquences, apporte une intensité particulière aux duels, bien que cela puisse rendre la lisibilité difficile lors des affrontements impliquant plusieurs adversaires. Quelques accents théâtraux restent présents, mais ils ne nuisent pas significativement à l’expérience. Au contraire Les Trois Mousquetaires : Milady conserve l’esbroufe enthousiasmante du premier opus et, par conséquent, je me suis sentie familière avec le style de Martin Bourboulon.
C’est plus au niveau du scénario que j’ai eu l’impression que le film tombait dans des facilités un poil trop notables. Alors que Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan donnait l’impression de pouvoir se passer d’avoir lu le livre d’Alexandre Dumas, ce film-ci fait souvent l’effet d’avoir été rapiécé pour contenir son récit et aller plus (trop) vite. Souvent expédié, Les Trois Mousquetaires : Milady se dotent de chevaux surpuissants capables de traverser la France en un éclair, de questions sans réponse et d’un détour autour d’une grossesse mystère qui ne méritait pas autant de place dans l’intrigue.

Martin Bourboulon a du mal à faire de la place aux personnages féminins attendus dans cette suite, à savoir Milady et Constance, tant ses Mousquetaires tirent la couverture, avec d’Artagnan en tête d’affiche. Cela va surtout se traduire par une conclusion bien différente du livre (que je connaissais en amont, pour le coup). Même si elle ne manque pas d’intensité dramatique, Les Trois Mousquetaires : Milady précipite ses événements dans le dernier tiers, laissant peu de place aux émotion qui en découlent, ce qui gâche un peu les effets du dénouement final.
Il faudra, pour ceux qui comme moi n’ont pas lu le livre, à la fois faire le travail de lecture (sur wiki, ça va plus vite) pour comprendre l’issue ET, en même temps, s’en émanciper puisque la toute fin tease, à la surprise générale – au moins la mienne, une suite possible !

Au casting :  François Civil (Buzz L’ÉclairEn CorpsBac Nord…), Pio Marmaï (Une Année Difficile, Yannick, Tempête…), Romain Duris (Salade GrecqueCoupez !Le Règne Animal…) et Vincent Cassel (Astérix et Obélix : l’Empire du MilieuLe Bonheur des UnsUnderwater…) reprennent du service, le premier étant toujours mis en avant tandis que les trois autres font souvent office de second couteaux malgré les bribes de storylines qui leur sont réservées. Heureusement, Eva Green (Proxima, DumboMiss Peregrine et les Enfants Particuliers…) règne sur le film et ravit l’ensemble à chacune de ses apparition.
Autour d’eux, on retrouve toujours Louis Garrel (L’InnocentLes Amandiers…), Vicky Krieps (OldPhantom Thread…) ou encore Jacob Fortune Lloyd (Le Pouvoir, Bodies, Le Jeu de la Dame…) en toile de fond, tandis que Lyna Khoudri (NovembreLa Place d’une Autre, Une Zone à Défendre…) livre une performance très moyenne au vu de l’importance de son personnage.

En conclusion, Les Trois Mousquetaires : Milady propose une aventure captivante malgré un déroulé éparpillé. Cependant, Martin Bourboulon parvient à livrer une suite solide. Certes, les scènes d’action en caméra-épaule semblent toujours maladroites, mais l’ensemble est rattrapé par un récit enthousiasmant et, surtout, la performance d’une Eva Green captivante. Ceci étant dit, malgré ses quelques défauts, Les Trois Mousquetaires : Milady reste un film ambitieux et français. C’est donc à célébrer et à voir !

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