Drame, Thriller

[CRITIQUE] Don’t Worry Darling, d’Olivia Wilde

Le pitch : Dans les années 1950, Alice et Jack Chambers sont un jeune couple heureux, vivant dans la ville fictive de Victory, en Californie, qui semble parfaite et qui a été créée et financée par la mystérieuse société pour laquelle Jack travaille. La curiosité concernant la nature du travail de son mari sur le « Victory Project » secret commence à consumer Alice. Des fissures commencent alors à se former dans leur vie utopique alors que son enquête sur le projet soulève des tensions au sein de la communauté…

Après un joli parcours en festivals, hors compétition, entre celui de Deauville puis la Mostra de Venise, le deuxième long-métrage d’Olivia Wilde (Booksmart…) a du malheureusement faire profil bas à cause de certaines intrigues people qui vivotent en sous-sol (entre Shia La Beouf, potentiel crachat, liaison amoureuse et grosse différence de salaire entre les co-stars).
Dommage, car Don’t Worry Darling tient bel et bien ses promesses en se dévoilant comme un thriller psychologique, niché entre le rêve américain et le patriarcat toxique. Car oui, évidemment, la part belle est faite aux femmes de ce film, amoureusement modelées dans une carte postale des années 1950 où les amours passionnées du couple phare se confrontent à un mystère de plus en plus envahissant. Olivia Wilde dessine une bulle surannée qui fait de l’œil aux Femmes de Stepford (d’Ira Levin ou de Brian Forbes) à travers son imagerie parfaite et une photographie aux tons rassurants.
La première partie pose un décor attendu : lisse, impeccable et soigneusement mis en scène par le regard d’Olivia Wilde pour happer le spectateur dans un monde attractif et harmonieux, bien trop tentant pour être réel. Et pour cause, Don’t Worry Darling va bientôt laisser filtrer une zone d’ombre, faisant ainsi plonger son personnage principal dans le doute.

Globalement, le film captive et entête. La réalisation est superbe et inspirée, j’ai aimé l’ambiance doucereuse des années 50 qui oscillent entre le style pin-up et l’ambiance Mad Men (pour ne pas dire machiste). Olivia Wilde cocoone ses personnages dans un monde trop beau pour être vrai, qui donne parfois l’impression d’être le décor d’une boule à neige. Derrière la sérénité ambiante, la prison de verre se laisse entrevoir une réalité toute autre. Si le film manque parfois de subtilité et que ses ressorts se laissent deviner, Don’t Worry Darling nous entraîne sans effort dans sa tourmente, tant la mise en scène est plaisante et l’envie d’atteindre le dénouement est palpable.

Certes, la réalisation d’Olivia Wilde est un poil empruntée, on y renifle les efforts visibles pour jouer la carte du film d’auteur, à travers des effets de styles parfois pompeux, feutrés et/ou contemplatifs qu’on a retrouvé dans des films remarqués auparavant. L’esprit rétro rencontre le classicisme des années 50, encore plus décalée par le point de vue moderne du spectateur, alors que le romantisme d’antan équivaut à une forme de machisme aujourd’hui. Malgré son bel emballage, j’ai trouvé Don’t Worry Darling en partie trop prévisible et manquant de subtilité quand il s’agissait d’abattre ses cartes en fin de courses. Le dernier tiers semble exécuté à la hâte et détonne avec la langueur de l’ensemble.
Je comprends mieux le marketing du film qui marchait sur les plates-bandes de Get Out ou autre Black Swan. Pour ma part, c’est plus l’impression d’avoir vu une revisite moderne du film Les Femmes de Stepford qui ampoule ce que Don’t Worry Darling aurait pu être, à savoir une dénonciation piquante de l’égo frustré des hommes face à l’indépendance grandissante des femmes.

Au casting, c’est la fabuleuse Florence Pugh (Black Widow, Midsommar, The Young Lady…) qui porte le film, dans un délicieux mélange de sensualité, délicatesse et force. Autour d’elle, Harry Styles (Les Éternels, Dunkerque…) tente d’être à la hauteur face à un Chris Pine (Wonder Woman 1984, Un raccourci Dans le Temps, Comancheria…) magnétique. À l’affiche également, on retrouve Olivia Wilde (SOS Fantômes : L’Héritage, Le Cas Richard Jewell…), Gemma Chan (Les Éternels, Captain Marvel, Marie Stuart, Reine d’Écosse…), Nick Kroll (Big Mouth, La Famille Addams…) et Kiki Layne (Captive State, Un prince à New York 2…).

En conclusion, entre rêve américain et cauchemar moderne, Olivia Wilde signe un second long-métrage abouti, à la réalisation impeccable bien que peu novatrice et parfois scolaire. Sans véritable surprise, Don’t Worry Darling creuse les apparences pour révéler les ressorts, toutefois bien exécutés, d’un drame aux accents féministes qui semblent surtout vouloir surfer sur la tendance sociétale actuelle. Heureusement, il y a l’incroyable, l’excellente Florence Pugh qui, à elle seule, vaut le détour. À voir.

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