Épouvante-horreur

[CRITIQUE] Annabelle – La Maison du Mal, de Gary Dauberman

Le pitch : Déterminés à mettre Annabelle hors d’état de nuire, les démonologues Ed et Lorraine Warren enferment la poupée démoniaque dans leur « pièce des souvenirs », en prenant soin de la placer derrière une vitre sacrée et de solliciter la bénédiction d’un prêtre. Mais Annabelle réveille les esprits maléfiques qui l’entourent et qui s’intéressent désormais à de nouvelles victimes potentielles : Judy, la fille des Warren âgée de 10 ans, et ses amis. Une nouvelle nuit d’horreur se prépare…

Après Annabelle premier du nom et Annabelle 2 : La Création du Mal, la saga spin-off de Conjuring revient dans le présent avec un troisième chapitre, Annabelle – La Maison du Mal (ou Annabelle Comes Home, en VO). Après avoir fait ses marques sur de nombreux scénarios de films d’épouvante, dont les deux premiers Annabelle, mais également l’adaptation de Ça (y compris la suite), Destination Finale 5, Black Storm ou encore La Nonne, et produit The Curse of La Llorona, Gary Dauberman se lance dans son premier long-métrage et revient sur le sort de la poupée maléfique, enfermée dans une cage bénie dans la maison des Warren, le couple chasseurs de démons et autres entités maléfiques découvert dans Conjuring.

Annabelle – La Maison du Mal s’installe donc dans ce cadre familier, mettant en première ligne la fille des Warren, entre sa propre sensibilité paranormale et l’intérêt qu’elle suscite auprès de ses camarades suite à la publicité faite autour de ses parents. Rapidement, le film plante des graines de l’angoisse, avec une ouverture alléchante et des visions étranges qui vont titiller la patience du public. Entre teen movie et ADN Conjuring, ce nouvel opus peine pourtant à démarrer à travers une installation un poil trop lente, qui tente de créer du suspens et de la tension alors que le rebondissement est prévisible dès le début du film. Du coup, il faut attendre et attendre encore avant que les choses sérieuses démarrent. Et c’est bien ça le problème, car même si Gary Dauberman redouble d’efforts pour faire frissonner, le récit se déroule comme si la saga Annabelle ou même Conjuring n’avait jamais existé et qu’il s’agissait d’une découverte. Sauf qu’en réalité, on sait déjà ce qu’il y a dans la fameuse pièce et le risque que représente la poupée (et que la jeune fille a été recastée au profit d’une actrice plus bankable). Du coup, le mystère – aussi plaisant soit-il – ne prend pas, malgré une ambiance sombre savamment entretenue.

Là où Annabelle 2 assumait la facilité de son scénario et affichait de nombreuses maladresses, le film de David F. Sandberg explorait habilement son cadre et les terreurs enfantines pour créer un opus ponctué par des moments angoissants et efficaces. Dans cette suite, Annabelle – La Maison du Mal explore à nouveau le concept de la maison hantée, utilisant aussi bien Annabelle que les autres artefacts démoniaques se trouvant en possession des Warren. Le problème, c’est que le film semble parfois être à la recherche de son prochain spin-off (la mariée du mal, le soldat japonais du mal, le petit singe du mal… peut-être ?), quand il ne donne pas dans la redite. Car il n’y a malheureusement plus grand chose à exploiter dans cette franchise, puisque ce chapitre reprend lorsque les Warren récupère la poupée dans le premier Conjuring, qu’on a vu sa création dans Annabelle 2 qui lui-même se situait juste avant Annabelle 1. La boucle était déjà bouclée et ce troisième chapitre sert uniquement de prétexte pour capitaliser sur une franchise qui s’essouffle, dans un univers horrifique qui a beaucoup de mal à rester à la hauteur des films réalisés, à l’origine, par James Wan, comme la série cousine Insidious.

La bonne nouvelle, c’est que le film Gary Dauberman est nettement moins raté que La Nonne et que, objectivement, Annabelle – La Maison du Mal regorge de petits effets à jumpscares qui feront sursauter les plus sensibles grasse à une atmosphère sombre et inquiétante, qui souligne ce home-invasion horrifique. Coté mise en scène, le réalisateur profite bien de l’espace de cette grande maison aux recoins flippants, qui compte bien plus de chambres que d’habitants au passage, et la lenteur délibérée de l’histoire rappelle le caractère inexorable d’un certain Halloween. De plus, en se reposant sur un « Conjuringverse » déjà solide, le film conserve une gravité avertie qui permet d’éviter de sombrer dans les travers des teen horror movies trop légers et souvent portés par des personnages idiots. Ici, la jeune Judy offre une opposition intéressante face aux deux autres adolescentes qui l’accompagne dans ce huis-clos, gagnant ainsi en solidité malgré tout… même si le final semble bien trop aisé quand on voit la difficulté qu’on eu les Warren a contenir la fameuse poupée démoniaque.

Au casting, la jeune McKenna Grace (Mary…) s’essaye à l’horreur et remplace au pied levé Sterling Jerins qui incarnait Judy dans Conjuring 2, inscrivant une corde intéressante à son arc après avoir empilé une série de caméos (Carol Danvers jeune dans Captain Marvel, Sabrina jeune dans Les Nouvelles Aventures de Sabrina, Theo jeune dans The Hauting of Hill House, une gamine dans Ready Player One, Tonya Harding jeune dans Moi, Tonya…). Autour d’elle, Patrick Wilson (Aquaman, Le Fondateur…) et Vera Farmiga (Godzilla 2 : Roi des Monstres, Captive State…) font des apparitions qui servent plus de caution au film que ces intérêts, tandis que Madison Iseman (Jumanji : Bienvenue dans la Jungle…), Katie Sarife (Supernatural…) et Michael Cimino animent une trame à deux vitesses.

En conclusion, malgré son habitude des scénarios d’épouvante, Gary Dauberman vise à coté en livrant un troisième chapitre de la saga Annabelle qui aurait pu être plus flippant s’il n’y avait pas eu les films précédents. Annabelle – La Maison du Mal n’est certes pas aussi pénible que La Nonne et se regarde facilement. Malgré ses qualités de mises en scène, cet opus reste tout de même le moins réussi des trois. Dommage. En attendant, The Conjuring 3 arrive bientôt. À tenter.

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