Le pitch : Investis des pouvoirs des dieux, Billy Batson et ses copains apprennent encore à concilier leur vie d’ados avec leurs responsabilités de super-héros dès lors qu’ils se transforment en adultes. Mais quand les Filles de l’Atlas, trio d’anciennes déesses ivres de vengeance, débarquent sur Terre pour retrouver la magie qu’on leur a volée il y a longtemps, Billy, alias Shazam, et sa famille s’engagent dans une bataille destinée à conserver leurs superpouvoirs, à rester en vie et à sauver la planète. Mais une bande d’adolescents peut-elle vraiment empêcher la destruction du monde ? Et, surtout, Billy en a-t-il seulement envie… ?
*** Spoilers et easter-eggs en fin d’article***
En 4 ans, depuis la sortie du film Shazam! en 2019, il s’est passé beaucoup de choses : le Covid, le retour difficile en salles et puis surtout, dans le cas présent, la dissolution du DCEU puis la création du DCU co-leadé par James Gunn. Autant dire que l’avenir parait plus qu’incertain pour Shazam, puisqu’il n’apparait ni dans le DCU ni dans le Elseworlds (incluant The Batman, Joker et prochainement Joker – Folie à Deux) pour l’instant, mettant donc un poids énorme sur le résultat au box-office de cette suite. Shazam – La Rage des Dieux débarque donc en salles dans un climat plutôt incertain, toujours réalisé par David F. Sandberg (Dans Le Noir, Annabelle 2 : La Création du Mal…).
Dans la lignée du premier opus, l’histoire renoue avec sa nouvelle bande d’adolescents super-héros qui… et bien, se comportent comme tels, autour d’un Shazam dépassé. Entre le gamin abandonné depuis l’enfance et le poids des responsabilités de son alter-ego, le jeune Billy atteint l’âge adulte criblé d’inquiétudes et préférant faire l’autruche en restant Shazam, alors qu’une nouvelle menace pointe à l’horizon.
Tandis que les Filles d’Atlas (personnages créés pour le film et non issus des comics, by the way) sèment le chaos et tentent de récupérer les pouvoirs de la Shazam Family, le film va tenter de rassembler ses héros pour les faire passer à l’âge adulte en les responsabilisant. Contrairement à des héros comme Superman, Batman ou encore Wonder Woman, Shazam – La Rage des Dieux creuse la différence avec la jeunesse de ses personnages et leurs apparences plus matures, tandis qu’ils sont tout de même considérés comme des fauteurs de trouble par les médias. Entre humours et avalanches de vannes, David F. Sandberg copie-colle la recette de son premier film, en multipliant les gags et les gimmicks pour conserver un ton léger et adolescent, malgré des enjeux à l’envergure potentiellement dramatiques.
*** Spoilers et easter-eggs en fin d’article***
Résultat, si vous avez aimé le premier Shazam!, cette suite se glisse parfaitement dans le même moule, sans véritablement apporter de quoi faire évoluer ses personnages. L’origin story de Billy Baxter l’orphelin est survolée (tout comme toutes les versions sans pouvoir des personnages) en deux lignes de dialogue, préférant se focaliser sur la situation dichotomique pour en faire un terrain de jeu. Sympathique, mais creux (pour ne pas dire vain), Shazam – La Rage des Dieux s’est bel et bien tiré une balle dans le pied en révélant la Shazam Family dès le premier film. Par conséquent, le scénario tente de faire cohabiter des personnages secondaires sans parvenir à équilibrer les différentes storylines qui se bousculent dans l’intrigue.
Le problème, véritablement, c’est qu’en dehors de l’humour et de la légèreté effervescente et communicative du film, Shazam – La Rage des Dieux est surtout desservi par une réalisation brouillonne et malheureuse. Si les fonds verts ou bleus et les CGI sont de mise pour n’importe quel film se super-héros, David F. Sandberg en use et en abuse, sans maîtriser le résultat. La photographie est sombre, les plans en caméra-épaule sont tremblants, les scènes sont souvent illisibles et les défauts camouflés maladroitement dans une obscurité bien pratique lorsque l’action se déroule de nuit. Le film cherche à assurer le spectacle, mais quand on y prête un poil trop d’attention, les contours sont confus et c’est évident que d’ici deux, peut-être cinq ans, Shazam – La Rage des Dieux aura l’air d’avoir été fait au début des années 2000 tant le résultat est plutôt moche (et il faut y aller pour transformer des licornes en créatures repoussantes). Heureusement, les dégâts visuels sont rehaussés par un dynamisme entrainant : Shazam – La Rage des Dieux met l’action à l’honneur et impose un rythme si soutenu que je n’ai pas vu le temps passer.
*** Spoilers et easter-eggs en fin d’article***
Mais c’est dommage, car dans le fond j’aime bien Shazam et son ADN « marvelisé » qui livre du divertissement tout public. J’ai passé un bon moment, malgré l’humour trop poussif et le fait que les gamins devenus grands sont relativement moins choupis qu’avant. Le film a perdu de sa fraîcheur presque enfantine lié à la découverte naïve mais émerveillée des pouvoirs et cette suite a du mal à faire cohabiter l’adolescence des personnages et les enjeux du film. Du coup, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages, dont le sort est ultra prévisible et, tout comme Black Adam il y a quelques mois, le film manque cruellement de tension et de mystère quant à sa conclusion. En étant trop lisse, la seule arme qui reste en stock, c’est de miser sur le spectacle de grande échelle, en séquençant l’action à grand coup d’éclairs dans tous les sens. D’ordinaire, les seconds films de super-héros servent à entériner la responsabilité de leurs pouvoirs ou rôles, souvent en faisant ressurgir une affaire du passé ou qui touche au passé du super-héros, ici la jeunesse des personnages fait défaut à l’évolution narrative de Shazam – La Rage des Dieux, qui finit par s’essouffler trop rapidement. Heureusement que le film pense à nous rappeler à quoi correspond l’acronyme SHAZAM en cours de route, d’ailleurs !
Enfin, le fait que le DCEU n’existe plus, difficile de vraiment s’y intéresser, car il est fortement possible qu’on ne revoit plus Shazam sur grand écran avant un bon moment (notez la précision « grand » écran *wink wink*).
Au casting, on retrouve Zachary Levi (The Marvelous Mrs Maisel, Désigné Coupable…) dans le rôle principal qui s’agite beaucoup, beaucoup, beaucoup pour porter un film à la construction finalement très faible sur les épaules de son costume rembourré. Autour de lui, Asher Angel (Darby and the Dead…), Jack Dylan Grazer (Ron Débloque, Ça – Chapitre 1 et Chapitre 2…) et les jeunes Faithe Herman, Ian Chen et Jovan Armand sont éclipsés par leurs versions super-héroïques incarnées par Adam Brody (Promising Young Woman, Mrs America…), Meagan Good (Day Shift, Monster Hunter…), Ross Butler (13 Reasons Why, Raya et le Dernier Dragon…) et D.J. Cotrona (Une Nuit en Enfer…), à l’exception de Grace Fulton (Annabelle 2 : La Création du Mal…). Djimon Hounsou (The King’s Man : Première Mission, Sans Un Bruit 2…), Marta Milans et Cooper Andrews (Criminal Squad…) sont également de retour.
Face à eux, on retrouve Dame Helen Mirren (White Bird, Fast and Furious 9, Anna…) qui s’amuse en costume, ainsi que Lucy Liu (Why Women Kill, Kung Fu Panda 3…) et Rachel Zegler (West Side Story…) en Filles d’Atlas.
Quelques surprises sont également au rendez-vous.
*** Spoilers et easter-eggs en fin d’article***
En conclusion, malgré la catastrophe annoncée (et qui semble se confirmer) au box-office, Shazam – La Rage des Dieux fait tout de même passer un moment relativement honorable. Dans la lignée du film précédent, cette suite renoue avec sa tonalité juvénile et met beaucoup d’énergie à l’œuvre pour éviter tout ventre mou. Le point positif, c’est que je n’ai pas vu le temps passer, cependant l’ensemble reste anecdotique. À tenter.
***SPOILERS ET EASTER EGGS***
Une fois n’est pas coutume, petit débrief d’un film DC, car il y a des petits trucs sympas à débunker et, surtout, deux scènes bonus cachées dans le générique de fin.
La première scène bonus montre Jennifer Holland (*tousse* la femme de James Gunn *tousse*) et Steve Agee, aka Agent Emilia Harcourt et John Economos, en route pour rencontrer Shazam afin de le recruter sur ordre d’Amanda Whaller (Viola Davis). Shazam accepte dès qu’il entend le mot « Justice », pensant rejoindre la Justice League, mais en réalité il est recruté pour la Justice Society. Alors qu’ils s’en vont, Shazam fait des blagues sur la proximité du nom des deux équipes et propose (dans le vide) de renommer Justice Society en Authority Society, Code Society ou Avengers Society.
Si le dernier nom est évidemment un clin d’oeil aux Avengers, l’autre easter egg, plus discret, est celui d’Authority Society. En effet, comme annoncé dans le DCU un film dédié à The Authority est au programme.
Pour ceux qui n’ont pas suivi, l’agent Harcourt et John Economos sont des personnages vu dans le film The Suicide Squad et, surtout, l’excellente série Peacemaker. Vu que Zachary Levi a soigné ses relations avec James Gunn, il ne serait pas étonnant de le voir cotoyer John Cena dans la prochaine saison.
Et si vous n’avez vraiment pas suivi, la Justice Society (of America, aka JSA) a été introduite dans le film Black Adam.
La seconde scène bonus est située tout à la fin du générique et va vous faire regretter d’avoir attendu tout ce temps. On y retrouve Mark Strong, aka Dr Thaddeus Bodog Sivana, le méchant du premier film, toujours emprisonné et… Mr Mind, la chenille qui parle, est de retour. Enfin une réponse sur l’origine de cette bestiole et ses intentions ? Que nenni ! La scène botte en touche avec un dialogue cryptique et au moment où Sivana insiste pour comprendre son rôle, la chenille lui dit qu’elle doit accomplir une dernière tâche… et se barre. Fin.
Concrètement, cette scène a autant de chance de voir une suite que la scène post-générique du film Justice League qui teasait Deathstroke…
Coté easter eggs, il y a de quoi se mettre sous la dent, pour passer le temps :
- Grace Fulton, aka Mary, joue également sa forme super-héros, remplaçant donc Michelle Borth vue dans le premier film ;
- La première personne que sauve Shazam lors de la scène du pont, avec la fameuse musique « I need a hero » est la femme du réalisateur, Lotta Losten. D’ailleurs, David F. Sandberg apparait dans le film lors d’une des attaques de Lucy Liu aka Kalypso ;
- La poupée Annabelle fait partie des jouets pour enfants dans les jouets du pédiatre : référence au film Annabelle 2 que David F. Sandberg a réalisé en 2017 ;
- Lors de son face-à-face avec Dame Helen Mirren, Shazam mentionne la saga Fast and Furious. Et c’est drôle parce que l’actrice y a fait de nombreux caméos ;
- Le film nous nargue avec une fausse Wonder Woman au milieu du film, comme un pied de nez à la scène bonus du premier Shazam où un faut Superman à la tête tronquée apparaissait à la fin ;
- mais finalement la vraie Wonder Woman incarnée par Gal Gadot apparait à la fin du film. Ouf ;
- D’ailleurs, un caméo de Dwayne Johnson en Black Adam était prévu sur le papier, mais a été annulé parce qu’apparemment ce dernier aurait refusé et « tout fait » pour annuler sa participation au film. Ce qui a donné un clash assez marrant entre les deux acteurs sur la toile ;
- Alors que le jeune Billy et Shazam se cherchent un nom pendant tout le film (pour une raison obscure vu qu’il crie Shazam à longueur de temps), un passant l’appelle « Captain Marvel » en référence au nom initial du super-héros dans les comics ;
- Et si ce passant à un look aussi détonnant, un haut rouge et jaune très, heumm, seyant, c’est parce qu’il s’agit de Michael Gray, l’acteur qui a incarné le premier Shazam dans le film de 1974 ;
- Clin d’œil à mon avis non intentionnel : quand Lucy Liu chevauche son dragon dans les airs, Shazam l’appelle Daenerys… En réalité, elle fait surtout penser à Loki dans le premier Avengers, pendant la bataille de New York ;
- À un moment, Shazam lance un éclair en formant un « Kamé Hamé Ha » à la Dragon Ball avec ses mains ;
- Impossible d’ignorer le placement de produits pour Skittles, jusqu’à la mention de la tagline « Taste the rainbow » dans le film ;
- Darla adopte un chat qu’elle appelle Tawny, référence au tigre apparaissant dans les comics aux cotés de Shazam.
Et voilou.